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TABORHATE
01 Février 2009 :
Au camping de Taborhate, le « Tissa », nous avons une vue superbe sur le Haut Atlas et particulièrement sur le Toubkal toujours engoncé dans sa couette blanche. Sur notre gauche nous voyons la route qui serpente dans la montagne et qui mène à Ouarzazate. A droite, une petite palmeraie verdoyante, des paysans y travaillent à l’irrigation de leur potager, quelques ânes, les pattes de devant entravées profitent d’un peu d’inaction pour paître. L’oued « El Mellah » coule un peu en amont de la palmeraie et un petit canal qu’il alimente sert en eau les rigoles creusées qui iront se déverser dans les potagers. Sur l’autre rive de l’oued, le petit village de Taborhate en pisé rouge, dominé par le minaret blanc de sa mosquée s’étend jusque sur la route d’Ouarzazate. Toute l’activité économique est regroupée sur les bas côtés de celle-ci abritée sous un marché couvert tout en longueur.<o:p></o:p>
Derrière la mosquée nous apercevons le début de la piste qui mène aux villages que nous devinons au loin adossés à la montagne ; nous irons, à vélo demain les visiter.<o:p></o:p>
Pour aujourd’hui, nous prenons la direction de la kasbah « d’Aït ben Addou » célèbre pour avoir servie de décors à plusieurs films tels que « Sodome et Gomorrhe », « Laurence d’Arabie », « Gladiateurs »…Ce ksar, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, est un des sites touristiques incontournables du Maroc. Nous effectuerons à bicyclette les douze kilomètres de route au milieu d’un désert de pierres où nous ne croiserons que quelques bergers et leurs troupeaux de moutons. Au milieu de nulle part, une petite construction taguée d’un improbable « FORZA LAZIO » nous rappelle qu’il existe un autre monde. Plus nous approchons d’Aït ben Addou, plus la route s’élève et plus Jo pousse son vélo, courage ma Jo ! Ce sera mieux au retour. Enfin nous atteignons le village et déposons nos vélos sur un parking gardé par un vénérable vieillard sec et noueux comme le bâton qu’il tient en main. A travers les ruelles poussiéreuses, bordées de petits commerces, nous descendons vers l’oued « El Mellah », interpellés à chaque pas pour « visiter à l’intérieur » le magasin.
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Nous voici au bord de l’oued et sur l’autre rive, accrochée à la montagne, la majestueuse kasbah de terre et de paille vieille de plus de quatre cents ans maintes et maintes fois modifiée, réparée, transformée mais toujours debout et imposante face au village d’Aït ben Abbou. Pour visiter la kasbah il faut traverser l’oued à gué. L’eau court entre les galets et les sacs de sable positionnés ici et là pour faciliter le passage. Pour ceux qui ne veulent pas se mouiller les pieds ils peuvent emprunter, moyennant quelques dirhams, les moyens de transport traditionnels du Maroc : l’âne ou le mulet, pour le folklore, le dromadaire. Pour ma part je fais le choix du bourricot ayant pour cet animal une affection particulière, Jo préfère se mouiller les pieds, nous nous donnons rendez vous sur l’autre rive. <o:p></o:p>
De terrasses en greniers à grains et de cages à poules en bergeries, nous gravissons les divers niveaux de cette construction où le soleil ne pénètre jamais, pour arriver au point le plus élevé, dont nous avons une vue imprenable sur la vallée et le village. Des parties de décors de films sont restées sur place à l’abandon, d’autres créés de toute pièce, font maintenant partie intégrante de la kasbah. Certaines pièces ont été aménagées pour devenir des magasins de souvenirs et d’artisanat local, d’autres sont habitées par quelques familles qui doivent tenir leur porte ouverte pour les visites. Par les ruelles caillouteuses et les venelles en pentes abruptes nous rejoignons l’oued que, cette fois, Jo, traversera à dos de mulet. Don Quichotte de Comté et Sancho Pansa de Lorraine à la conquête des moulins à vents marocains dans un film à deux ronds ayant pour décor le ksar d’Aït Ben Addou, ça doit pouvoir s’imaginer ?<o:p></o:p>
Ayant changés de destriers, le retour vers notre camping se fera en douceur, la route penchant, cette fois dans le bon sens pour le plus grand plaisir de Jo.<o:p></o:p>
02 Février 2009 :<o:p></o:p>
Au réveil, ce matin, le vent d’ouest donne de la gueule, les rafales qui descendent de l’Atlas secouent notre camion comme un prunier et la température baisse rapidement. Notre balade en vélo prévue aujourd’hui est d’ors et déjà reportée à une date ultérieure. Le linge que Jo a mis à sécher dehors ira au sol et sera roulé dans le sable rouge du camping. Nous restons à bord et attendons des jours meilleurs. Plus les heures passent et plus le vent forcit, levant avec fureur le sable en un nuage rouge qui vient cingler la tôle de Totor et obscurcit l’horizon. Le sable s’infiltre partout, nous en avons sur les lèvres et chaque objet que nous touchons en est recouvert, bonjour le ménage. En début d’après midi, le vent se calme et la pluie prend le relais lavant l’atmosphère de sa poussière et plaquant celle-ci au sol.<o:p></o:p>
Vers les seize heures, le vent est complètement tombé, la pluie a cessée et le soleil éclatant réapparait dans l’ouest et dans un ciel d’azur, les sommets du haut Atlas paraissent encore plus blancs. Abdellah, le sympathique gérant du camping nous confirme que souvent le vent d’ouest apporte la neige en montagne. Abdellah, depuis que nous sommes arrivés, vient nous visiter régulièrement pour voir si tout va bien, il nous apporte du pain, nous offre le thé à la menthe, ce soir il nous montre les photos de trekkings qu’il organise pour ses clients dans la vallée de l’oued El Mellah, nous conseille pour des visites dans la région. Ce garçon est d’une gentillesse remarquable et avec son équipe, d’un professionnalisme peu commun. Son camping mérite bien la bonne note du guide « Gandini ». <o:p></o:p>
03 Février 2009 :
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Le soleil, en passant la montagne éclaire la vallée du Mellah, quel spectacle magnifique ! J’avais oublié depuis longtemps ces levers de soleil qui vous enchantent le cœur pour la journée. Les couleurs de la nature qui m’entoure sont exacerbées et ce ciel qui n’en peut plus de beauté bleue embrasse les montagnes du « jbel Bani » et les pousse vers le devant de cette scène des millions de fois rejouée de la naissance du monde. Les amandiers en fleurs en ce printemps marocain complètent ce tableau de rêve digne d’un Claude Monet.<o:p></o:p>
Nous prenons notre temps pour petit déjeuner et en début d’après midi enfourchons nos vélos, direction la piste vers la mosquée. Après avoir passé les dernières bicoques du village de Taborhate, nous longeons les champs parcellés en carrés pour retenir l’eau où le blé, déjà bien avancé, donne une couleur d’un vert profond contrastant avec le rouge et l’ocre des collines qui nous entourent. Des chiens errants font mine de ne pas nous voir mais je remarque bien qu’ils surveillent chacun de nos mouvements. Je ramasse une pierre au cas où !!! Ici, les chiens vivent en totale liberté et courent la nature en véritable meute. Jusqu’à présent nous n’avons pas eu de problème car en général, ils se méfient des gens, qui les caillassent, dès qu’ils sont à portée et prennent la fuite. Par contre, la nuit, nous les entendons aboyer, ils approchent des villages en quête de nourriture, c’est une des plaies du Maroc.
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Nous arrivons à « Tikkirt » et par le chemin défoncé qui le traverse, nous atteignons le centre tout en hauteur qui nous fait dominer le douar. Une vieille kasbah en pisé, quasiment en ruine, surplombe les maisons construites en parpaings grossiers, fabriqués à la main et posés les uns sur les autres dans un alignement approximatif. Les ferrailles rouillées et tordues dépassent dans tous les sens et du linge sèche à tout ce qui dépasse. Des détritus partout et des gosses qui jouent en riant sous l’œil des fatmas, assises à terre, contre les murs. Certains enfants nous abordent et réclament des bonbons, des stylos, et des dirhams, les fatmas s’éclipsent discrètement derrière la porte en fer peinte à l’antirouille rouge de leurs maisons mitoyennes toutes identiques. Nous évitons d’entrer dans ce jeu national que pratiquent même des « bouts de choux » de trois ou quatre ans connaissant déjà la leçon par cœur. Un jeune homme nous propose la visite de la kasbah, il s’appelle Hassan, il a vingt quatre ans et est vêtu d’une belle djellaba blanche. Nous posons nos vélos et le suivons volontiers. La kasbah est aujourd’hui inhabitée, abandonnée, mais ses belles fenêtres en ogive laissent imaginer la vie grouillante d’une petite cité marocaine du temps passé. J’interroge Hassan sur son métier, évasif il me dit travailler à sa maison, le travail, il n’y en a pas par ici, il nous invite à manger chez lui, nous déclinons gentiment, une pièce glissée discrètement dans la main, je le remercie et nous prenons congé.
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<o:p> </o:p>Nous passons devant la mosquée qui, par ses murs blancs et sa terrasse rose et jaune tranche dans le décor gris du village. Nous reprenons la piste et dans un paysage lunaire de pierres et de roches avançons vers le douar de « Zaouït ».Le chemin slalome à travers les collines où quelques chèvres retournent les cailloux, à la recherche de brins d’herbe, sous l’œil d’un berger accroupi au sol, appuyé sur son bâton. Nous nous retrouvons au bord de l’oued « El Mellah » que nous devons franchir à gué. Chaussures autour du cou et chaussettes dans les poches nous poussons nos bicyclettes dans l’eau boueuse et atteignons l’autre rive sans encombre. Nous traversons des champs où les amandiers en fleurs embaument, les branches des palmiers se balancent doucement dans le souffle léger du vent, tout est calme sous le soleil chaud de ce début d’après midi. De temps en temps nous croisons un paysan sur son bourricot, ou une fatma courbée sous son chargement d’herbe ou de roseaux, nous nous saluons et continuons notre chemin. <o:p>
Un marabout, des tombes et des cailloux dressés vers le ciel, c’est un ancien cimetière juif entouré d’un muret de pierres. Plus loin, des amandiers en fleurs dans une enceinte en pisé rouge annoncent le douar que nous atteignons au détour de la piste. Une vieille kasbah en ruine termine sa vie sur le côté du chemin, de l’autre, le village de Zaouït avec ses maisons en parpaings où nous ne rencontrons âme qui vive. Les gens sont dans les champs et les enfants à l’école, nous en avons rencontré quelques uns, qui, à vélo ou à pieds, font la dizaine de kilomètres qui séparent Zaouït de Taborhat pour s’y rendre. Nous traversons le douar où un château d’eau est en construction, un chien nous accompagne à distance et reprenons le chemin du retour. Nous passons devant une belle maison neuve avec un break Nissan neuf dans le garage ouvert, probablement le propriétaire de la grande oliveraie que nous voyons sur la colline.
Une pensée pour notre nouveau blogueur : GASPAR et ses parents AURELIE et VIANNEY.
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Commentaires
1bimuLundi 14 Juin 2010 à 21:26j ai moi aussi ete au maroc que j ai adoree ce pay ma transformee je l ai aimee et surtout le sud agdezma enchantee le camping de la kazba avec ses deux cousins mohamed hassan fantastiqueRépondre2bimuLundi 14 Juin 2010 à 21:29merci pour tout ce que vous ecrivez sur le maroc
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