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VOYAGE EN JORDANIE
23 décembre 2009
Nous avons repris la route de Bosra en sens inverse afin de rejoindre la quatre voies qui mène au sud et notamment à la frontière syro-jordanienne. Après les contrôles règlementaires en territoire syrien, nous arrivons dans la zone tampon où une activité particulière règne autour du commerce détaxé de « Duty free ». On y voit beaucoup de taxis syriens reconditionnant les cartouches de cigarettes en petits blocs de cinq paquets qu’ils enroulent de collant adhésif avant de les cacher dans tous les endroits creux de leur véhicule. Le trafic va bon train au vu et au su de tous sauf des douaniers qui font semblant de ne rien voir.
Nous essayons de retirer de l’argent jordanien à un distributeur automatique qui fonctionne normalement jusqu’à la dernière opération, mais on attend toujours les billets. Le passage à la frontière jordanienne se fait sans problème ; deux douaniers visitent notre camping-car avec le sourire avant de nous autoriser l’entrée de leur pays. La voiture jordanienne qui est devant nous a plus de problèmes, son contenu est répandu sur le trottoir et passé au peigne fin par les gabelous.
Nous sommes maintenant en Jordanie, il fait très beau et par Irbid, nous nous rendons à Ajlun pour visiter un château fort arabe Qualaat er Rabadh perché sur un piton rocheux. Par une route très raide, nous rejoignons le parking de l’hôtel restaurant Al Jabal où nous sommes fort bien accueillis par Elies, Hissan, Nasser qui feront tout pour nous faciliter le séjour.
Ajlun Jordanie
24 décembre 2009
Elies, de nationalité tunisienne, parle très bien français ce qui nous facilite la tâche. Il s’occupe de nos dix kilos de linge que Jo n’aura plus qu’à ranger dans les placards. Il fait remplir nos deux bouteilles de propane à Je rash car nous étions en panne. Il nous fournit l’eau nécessaire au remplissage de notre réservoir, donne les consignes à notre chauffeur de taxi pour nous guider dans la ville. Il nous a offert des gâteaux et le café. Il est l’homme à tout faire de l’hôtel et même le « décorateur » puisqu’il rénove les peintures et décorations des lieux.
Hissan est en charge du restaurant, il est venu chaque jour nous offrir gâteaux ou café et s’enquérir de notre bien être ; il adore notre camping car à bord duquel il a souhaité se faire prendre en photo. Il est syrien. Nasser est le réceptionniste, plus en retrait car il ne parle ni anglais ni français mais il a vérifié à chaque instant que nous ne manquions de rien ; il est syrien.
Hissan de l'hôtel Al Jabal
Nous avons vraiment apprécié le personnel de l’hôtel Al Jabal pour son efficacité, sa disponibilité et sa gentillesse. Nous les remercions du fond du cœur, ils seront un bon souvenir de notre voyage.
25 décembre 2009
La forteresse d'Ajlun
Il faut grimper deux kilomètres à pied pour atteindre la forteresse de Qualaat et Rabadh qui fut construite vers 1184 sur les ordres d’un cousin de Saladin. Obstacle sur la route des croisés francs, elle perdra de son importance après la défaite de ceux-ci vers 1189. A son sommet, nous avons une vue superbe sur la vallée du Jourdain ainsi que sur les monts de l’antique Judée et à l’est, sur les montagnes boisées de pins d’Alep et de chênes.
La forteresse d'Ajlun
Un petit musée expose les poteries, bijoux, outils, pièces de monnaies trouvés sur le site. Nous trouvons sur le livre d’or de celui-ci la trace du passage de la famille Mayet en date du 17 décembre 2009.
French, Mayet family
Nous prenons un thé à la menthe dans la cour du château servi par un commerçant qui utilise une grosse théière chauffée par du charbon de bois qui se consume dans le fourneau au sommet de celle-ci.
Ajlun le marchand de thé
Nous sommes retournés à notre camping-car et Elies est venu nous rejoindre avec une assiette de petits gâteaux. Tout en buvant un café, il nous a raconté sa vie de Tunisie où il est né en passa nt par Toulon où il a résidé durant 14 ans ; il était guide sur le site de Petra où il a eu quelques ennuis avec des collègues. Il était marié et avait un fils qui est décédé à 4 ans faute d’avoir pu être soigné dans de bonnes conditions. Il l’a enterré et a abandonné son épouse qu’il accuse de n’avoir pas été assez réactive lors de cet évènement dramatique. Alors, il a un emploi dans l’hôtel restaurant Al Jabal, il y a une chambre, gagne 130 JD par mois et croit en l’avenir.
26 décembre 2009
Ajlun, l'hôtel Al Jabal
Après un dernier café offert par la maison, nous faisons nos adieux à l’hôtel Al Jabal et à son personnel. Elies est venu nous saluer tôt ce matin car aujourd’hui est son jour de repos et il a rendez-vous en ville.
Jerash le nimpheum
Nous ne faisons qu’un saut de puce de 50 km pour rejoindre Jerash, célèbre dans le monde entier pour son magnifique site antique. La cité historique est enfermée dans une clôture grillagée tandis que la ville neuve s’étend très loin aux alentours. Il faut entrer par le « Tourists Center », payer l’entrée et, par la grande cour face à la police touristique, pénétrer sur le site antique par l’arc d’ Hadrien ; sur la gauche, il y a l’hippodrome très bien conservé avec ses gradins, il sert aux animations comme cette course de chars romains programmée pour l’après midi à 14 heures. Il a été construit au 2èmesiècle et contenait 14 000 spectateurs, 10 chars au maximum pouvaient y courir.
Jerash les belles colonnes
Ensuite, une petite église dite de l’Evêque Marianos découverte il y a peu ; on y voit de belles mosaïques au sol.Nous entrons dans la ville proprement dite par la porte sud et on découvre sur notre gauche un pressoir à huile. Une belle voie dallée mène jusqu’à la place ovale ; de part et d’autre de cette voie étaient des commerces dont on voit encore les boutiques. La place ovale, elliptique en fait, se trouve au pied du temple de Zeus ; elle a longtemps été prise pour le forum mais était une esplanade sacrée car un autel sacrificiel était placé en son centre. Son pavage concentrique donne une belle allure à cette place entourée de colonnes aux beaux chapiteaux.
Jerash la place ovale
On accède au cardo maximus, boulevard central qui traverse la ville du nord au sud sur 800 mètres environ ; le cardo est également bordé de colonnades et de niches dans lesquelles étaient probablement des statues. Le cardo donnait accès aux monuments les plus importants : Nymphée, temple de Dionysos, d’Artémis et le marché (marcellum). Il coupe une artère transversale, ce carrefour est symbolisé en son centre par un monument à 4 portes, le tetrapyle dont quatre niches face aux quatre allées devaient contenir des statues aujourd’hui disparues.
Jerash le tétrapyle
Nous remontons ainsi l’immense cardo jusqu’au théâtre nord qui aurait été construit sous Marc Aurèle ; il semble que son utilisation à l’époque était destinée aux réunions du conseil municipal ; il pouvait contenir 1600 personnes et sur les sièges était gravé le nom des tribus qui composaient le conseil.
Jerash le théatre et ses musiciens
Je n’en dirai pas plus sur cette grande cité sinon qu’elle est à nos yeux peut être la plus belle et la mieux conservé de toutes celles que nous avons visitées, Turquie, Syrie et Jordanie confondues. Nous avons passé quatre heures à Jérash, nous aurions pu y passer plusieurs jours sans jamais espérer en avoir fait le tour.
Dans le grand théâtre nord, nous avons assisté à un concert de cornemuse donné par des musiciens en tenue de l’armée du désert de Jordanie. Nous avons passé la nuit sur le parking du « Center Tourists » et avons partagé notre soirée avec un des gardiens du site Mahmoud avec qui nous avons travaillé notre anglais à partir du « Gépalémo » de Jo. Ce papy sympathique a bloqué sur le condom et la protection féminine périodique ; il n’en connaissait ni l’existence ni l’utilisation. Il a 6 garçons et 4 filles et une maison avec 2 petites chambres pour y loger tout le monde.
27 décembre 2009
Amman rue commerçante
Départ en fin de matinée pour Amman la capitale jordanienne. Notre guide annonce la couleur ; cette ville ne mérite que peu d’intérêt historiquement pauvre, extrêmement dispersée sur les collines qui étirent la ville sur 15 km et architecturalement sans intérêt ; elle ne vaut que par son théâtre romain et sa citadelle haut perchée.
Amman le théatre et la police féminine
Nous n’avons qu’une vague adresse pour un hébergement en périphérie ; nous nous faisons aider par un taxi local qui nous abandonne sur la route de l’aéroport après nous avoir escroqué 70 euros. Nous devons faire le plein de gasoil du camion et en profitons pour demander conseil pour un parc ou parking pour deux nuits maximum.
Suzan, notre interlocutrice, tous sourires, nous invite à nous installer derrière la station. Très gentille, elle nous trouve une prise électrique ; nous sommes stationnés sous une caméra de vidéosurveillance, sécurité maximale ; Suzan nous offre le café, tout est bien dans le meilleur des mondes ; elle nous présente à son personnel car elle gère un centre routier doublé d’une agence de tourisme.
Nous visitons Amman le lendemain ; la ville est immense, impossible à visiter à pied ; nous nous contentons du quartier ancien, de son théâtre fort bien restauré, du musée des traditions populaires et du grand souk le long de Quraish Street.
Le Roi Abdallah et feu son père Hussein sont partout, sur les immeubles publics, sur les murs et les places, en tous matériaux, en toutes tailles et toutes tenues. Le roi et le petit prince héritier donnent un air très paternaliste à cette vague publicitaire et rassurent le bon peuple jordanien sur l’avenir de la dynastie hachémite et de son pouvoir.
Nous reprenons un petit taxi jaune après en avoir fixé le prix de la course (on ne sait jamais) et nous retournons à notre station JAMAL PLAZA STATION, route de l’aéroport. Nous dinons d’un sandwich et d’une bière au restaurant de la station et sommes l’objet de toute l’attention de Suzan et de son personnel. Heureux que nous sommes, nous rejoignons Totor pour une nuit calme et sereine.
28 décembre 2009
Au matin, après la douche et le plein d’eau de notre réservoir, nous avons droit à la bise de Suzan et à son sourire ; c’est bon pour le cœur et le moral, un petit café en prime et nous sommes prêts pour passer en caisse. L’addition est salée : 150 JD pour deux nuits de parking à bord de notre camion. C’est le prix de deux chambres d’hôtel. Je remballe discrètement le billet de 20 JD préparé auparavant et Jo s’éclipse pour chercher à bord le complément. Nathalie Mayet nous avait exprimé son ressentiment à l’égard des commerçants jordaniens qui, d’après elle, assassinent les touristes avec le sourire. Je confirme !!
Si d’aventures, amis camping-caristes ou amateurs de voyages, vous étiez tenté par un séjour en Jordanie, méfiez-vous du sourire enjôleur des dames des stations « Jamal Plaza » et des agences touristiques « Lords Travel & Tourism », particulièrement sur la route « Airport High Way » à Amman, la traditionnelle hospitalité arabe y est toujours pratiquée, mais à quel prix !!
Un peu dépités, nous quittons la station d’essence dont je veux oublier le nom et Suzan dont je n’oublierai pas le sien. Nous prenons la direction du Madaba et du mont Nebo site biblique où serait enterré Moise, pour les musulmans. Distant d’une quarantaine de kilomètres d’Amman, nous sommes rapidement sur le parking gardé par la police touristique. Nous devons présenter nos passeports et expliquer nos intentions avant d’être accueillis par le Welcome de circonstance.
Mont Nebo Jordanie
Le mont Nebo est en fait le djebel Siyagha et pointe à 823 mètre d’altitude. Il constitue un superbe panorama d’où l’on devrait voir, comme Moise, la mer Morte, la Samarie, la Judée et Jericho, terres promises par Dieu à Abraham d’après le Deutéronome. Mais aujourd’hui le temps est brumeux et nous n’apercevons que les monts environnants, tas de pierres parsemés d’oliviers.
Mont Nebo la croix
Un œuvre d’art au centre du site commémore la venue en ces lieux du Pape Jean-Paul II en 2000. Un peu plus loin c’est une stèle qui rappelle le passage de Moise au mont Nebo. Puis une grosse pierre ronde qui serait la porte de l’ancien monastère du 6èmesiècle mis à jour en 1933 par des Franciscains.
Mont Nebo mémorial de Moïse
Nous découvrons aussi toute une série de mosaïques de l’époque byzantine, héritage de l’antiquité païenne et dont les artistes utilisaient une symbolique destinée à n’être comprise que par eux. Un petit musée met en valeur un certain nombre de pièces trouvées sur le site prouvent la présence de l’homme en ces lieux depuis la nuit des temps. Nous terminons la visite par une promenade dans la montagne environnante afin d’en apprécier la beauté sauvage en cet après midi ensoleillé.
Mont Nebo les céramiques
Nous reprenons la route des Rois qui file ver le sud jusqu’à Al Karak, capital de la région croisée d’outre Jourdain vers 1115. Nous installons notre camion sur un parc à bus au pied du château fort.
29 décembre 2009
Kerak la forteresse
Il a plu cette nuit, il fait froid ce matin, nous prenons nos précautions et nous nous habillons chaudement. Le ciel est gris mais on sent le soleil pas loin derrière les nuages. A pied, nous prenons la route très pentue qui grimpe au château. Nous pourrions tenter l’escalade des glacis qui se trouvent non loin de nous mais ceux-ci occupent tout le flanc Est de la montagne et la pente est si impressionnante que son escalade en est impossible. Saladin essaya par deux fois en 1183 et 1184 d’enlever ce bastion franc, fief de Renaud de Châtillon, mais il dut renoncer.
Kerak la forteresse
Après une bonne heure de marche, nous atteignons la passerelle qui nous fait franchir le fossé d’enceinte ; autrefois c’était un pont-levis qui contrôlait l’entrée. A première vue, des restaurations sont en cours mais l’ensemble est assez délabré. Le point de vue est impressionnant sur la vallée du Wadi Karak et sur la ville nouvelle.
Dans la citadelle s’est développée une communauté importante d’arabes chrétiens autour d’un monastère qui y était intégré ; le christianisme s’y est développé jusqu’au 14èmesiècle ce qui permit aux croisés de s’y installer et à Renaud de Châtillon d’en faire son repaire. Ce château fort fut repris par les musulmans en 1187 après une bataille non loin du lac de Tibériade ou l’essentiel de la chevalerie franque fut faite prisonnière. Saladin, grand seigneur, traita ses prisonniers avec magnanimité mais occis de ses mains Renaud de Châtillon bandit de grands chemins ; malgré son titre de chevalerie, il n’avait aucun scrupule ni aucune parole vis-à-vis des musulmans qu’il pourfendait. Le château fut remanié par les arabes et considérablement renforcé ; mais en 1263 les Mamelouks du sultan Baybars s’emparèrent du Kérak.
30 – 31 décembre 2009
Nous avons eu beaucoup de mal à récupérer la route des Rois depuis Kerak tant la signalisation est déficiente mais nous retrouvons celle-ci après avoir emprunté l’autoroute du désert et bifurqué vers Tafila. Auparavant, nous avons passé la nuit sur le parking d’un hôtel-restaurant-bazar à touristes à Sultani.
Il a plu dans la nuit et au matin nous avons repris la route des camions du désert qui transportent des containers au port d’Aqaba. Cette immense ligne droite traverse la steppe jordanienne, monotone et dangereuse à cause de la vitesse des poids lourds. Nous quittons donc l’autoroute, direction Tafila, sur la route des Rois, et une route qui ne figure pas sur notre carte permet de rejoindre la réserve ornithologique de Dana que nous envisageons de rallier.
Sur la route du désert
Mais cette route s’élève très rapidement vers 1500 m d’altitude et nous pénétrons dans une nappe de brouillard très dense qui ne nous lâchera pas jusqu’à destination. Heureusement la route est très peu fréquentée et les quelques véhicules y circulant, roulent avec le warning. Nous passons à proximité de la réserve mais continuons notre chemin car observer des oiseaux par temps de brouillard, ce n’est pas le mieux.
Nous continuons donc jusqu’à Pétra, le brouillard disparaitra dès que nous serons revenus à 1000 m d’altitude. Les parkings proposés aux abords de la cité nabatéenne sont tous en pente et nous cherchons à pied l’endroit idéal que nous trouverons non loin du « Visitors Center » près du haras de la princesse Nour qui héberge la cinquantaine de chevaux destinés au transport des touristes fatigués. Ce soir, Jo et moi veillons un peu plus tard, histoire de basculer dans la nouvelle année sous la lune de Pétra. Le téléphone fonctionne allègrement entre la France et le site nabatéen, toute la famille se trouve réunie par voie hertzienne sur une des merveilles du monde antique.
Bonne Année 2010 à tous ceux que nous aimons !!
1 – 2 – 3 janvier 2010
Nous entrons dans la nouvelle année sous un soleil radieux et sur le site de Pétra la Rose par le Visitors Center. Nous passons trois journées dans cet endroit unique au monde pour la modique somme de 86 JD. J’ai lu beaucoup, j’ai visionné de nombreuses photos, j’ai vu des documentaires et des films sur ce sujet, donc j’ai une idée précise (c’est ce que je croyais) sur la question.
Aussi, d’un pas décidé, Jo et moi entamons la longue descente qui mène jusqu’aux premiers monuments funéraires nabatéens. C’est un Suisse qui découvrit le site en 1812, déguisé en arabe. Peut être démasqué, il retourne en Suisse pour annoncer sa découverte. En 1928, des français redécouvrent le site nabatéen et les premières fouilles débutent en 1929. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1982, je pensais la cité encore assez méconnue dans le monde ; mais quand, dès 7 heures du matin, j’ai vu les flots de touristes débarquer, ma surprise fut grande.
Petra place de la Khaznhé
C’est donc en longue procession que nous suivons le chemin avec les touristes italiens, jordaniens, anglais, japonais, chinois, russes (peu de français), agglutinés derrière leurs guides respectifs qui brandissent à bout de bras un panneau avec le numéro du groupe correspondant. Tous s’arrêtent aux mêmes lieux, écoutent le guide, photographient et se font photographier, les retardataires devront remonter la file en courant pour rejoindre leurs groupes qui, en tenue « d’Indiana Jones », croulant sous le poids du sac à dos et des appareils photos trépied compris ; d’autres en short et tee-shirt moulants et tongs, certaines en robe et talons hauts ou un masque anti virus H1N1 sur le visage (un peloton de chinois) !
Petra "Indiana Jones"
Petra les Chinois
Nous arrivons près des premières tombes nabatéennes « Djinn blocks » et un triclinium qui était un lieu où la famille festoyait après avoir honoré ses morts. Puis, en face de nous, se dresse un haut massif de grès rose qui nous traversons en empruntant un long défilé appelé «Siq ». C’est impressionnant, extraordinaire, magnifique ; je me sens écrasé dans ce couloir étroit, long de 1200 mètres et dont les falaises peuvent dépasser 100 mètres de hauteur.
Petra le Siq
Le soleil éclaire les sommets que l’érosion a travaillé en fonction de la nature de la roche depuis des millions d’années pour leur donner des formes creuses ou arrondies faisant apparaitre des couleurs différentes en fonction des couches sédimentaires. Le rose domine mais des veines brunes, ocres, jaunes, bleues, noires, blanches font des sillons parallèles qui font varier la tonalité en fonction de l’angle de vue.
Petra la roche rose
Quelques arbres réussissent à s’accrocher par endroit et leur feuillage vert rehausse encore le tableau ; c’est une beauté unique. De part et d’autre de la paroi, un canal est creusé dans la roche ; il distribuait l’eau dans la cité. En chemin, nous faisons la connaissance de Giovanni, sympathique italien de Savona près de Gènes ; il a travaillé quelques années aux chantiers de l’Atlantique à Saint- Nazaire sur le Majesty of the Sea pour le compte de son armateur. Il accompagne un groupe de romains et nous traduit le commentaire du guide. Arivederci Giovanni !!
De temps à autre, nous devons nous coller à la paroi pour laisser passer les carrioles tirées par des petits chevaux arabes et qui remontent vers la sorties les visiteurs fatigués. Au bout du long défilé de rochers, se dresse devant nous, jaune dans la lumière du soleil la «Khazneh », tombeau monumental, taillé dans la roche, devant être dédié à un souverain nabatéen. La Khazneh se trouve sur une place baignée de soleil où se retrouvent les « marchands du temple » avec dromadaires, ânes, chevaux, charrettes ; ce sont des bédouins qui ont occupé depuis très longtemps les tombeaux de Petra avant d’être délogés par les autorités ; mais certaines familles y vivent encore avec leur troupeau de chèvres et leur âne.
Petra la Kazneh
Les bédouins seraient les descendants des nabatéens qui eux-mêmes étaient des tribus nomades venues d’Arabie et parlent l’araméen. Ils développèrent le commerce de l’encens et de la myrrhe et firent de Pétra la capitale de la Nabatée et le centre des échanges commerciaux où aboutissent les pistes caravanières.
Les bédouins sont omniprésents dans Pétra ; ils y tiennent des petits commerces de bimbeloterie a tous les points de passage obligés des touristes. Durant nos trois journées de visite, nous suivrons cinq itinéraires différents qui nous feront découvrir le Siq et la Khazneh, la ville basse et les tombeaux de la Kubta, le haut lieu d’El Madhbah, le Deir, le haut lieu de la Khubta.
Petra les Bédouins
Ce sont les points les plus remarquables proposés dans nos guides ; nous les avons suivis scrupuleusement en dix-huit heures de marche. L’immense nécropole nabatéenne est en soi une merveille car elle n’a pas été construite comme les nécropoles romaines par exemple, mais sculptée et creusée dans une roche monolithique se prêtant bien au travail des sculpteurs.
C’est pourquoi, quasiment indestructible, elle a résisté à tous les séismes de la région alors que les extensions romaines, plus tardives pourtant, se sont, elles, écroulées. Seuls les vents de sable et l’érosion chimique font disparaître petit à petit les sculptures des façades. Les itinéraires que nous avons empruntés nous ont fait découvrir des points de vue magnifiques sur de désert du Néguev et Israël notamment, sur le site du Deir, monastère nabatéen, utilisé par la suite par les byzantins qui en firent une église.
Petra le Deir
Lors de la visite des tombeaux de la Khubta, il faut par endroit faire un peu d’escalade pour atteindre une plate forme qui nous fait dominer la ville basse. Une fois sur la plate forme, je suis tenté par l’escalade d’un groupe de rochers d’où le point de vue doit être, de toute évidence, encore plus intéressant. La grimpe est sportive et, assis sur mon caillou, je récupère de mes efforts et admire le panorama. Il n’y a plus personne à ces hauteurs sauf moi mais par pour longtemps car des mains puis une tête apparaissent et, dans un dernier effort, le reste du corps de Marine, une jeune et jolie Suissesse de Genève avec qui je ferai connaissance en français, chose rare en ces lieux et à cette altitude.
Petra la montée vers la Khubta
Le circuit menant au haut lieu d’el Madhbah est une longue montée par des escaliers assez raides et des chemins sablonneux ; nous abordons le lieu de culte en plein air sur un sommet où étaient perpétrés des sacrifices. Le passage en bordure des précipices et l’escalade finale par les rochers représentent pour Jo un réel exploit. Sujette au vertige et pas particulièrement sportive, celle-ci est arrivée au sommet grâce à un effort de volonté remarquable. Je suis fier d’elle.
De cet endroit, nous avons une vue imprenable sur les montagnes environnantes dont le Jebel Harun au sommet duquel est installé le cénotaphe de Aaron. Nous sommes sur l’esplanade taillée dans la roche par les nabatéens, lieu de culte d’une longueur de 60 mètres environ. Un bassin creusé par évidement du rocher recevait l’eau ; à côté un petit podium devait servir de reposoir aux bétyles portatifs, sculptures de pierre représentant les dieux nabatéens, transportés jusqu’ici par les processionnaires.
Petra lieu de sacrifices la Madhbah
A gauche du podium, l’autel des sacrifices ; on y accède par trois marches, un bassin cylindrique qui servait pour immoler les animaux, un petit canal creusé dans la roche servait à l’écoulement du sang, une petite citerne était utilisée probablement au lavage des outils. Au bout de l’esplanade, on parvient à un surplomb qui donne un point de vue magnifique sur la montagne et un profond canyon ; deux mains, une tête puis dans un dernier effort, le corps entier de Marine, la jolie Suissesse apparaît sur le surplomb. Elle a grimpé les rochers depuis le côté opposé laissant sa maman et son frère sur une plate forme un peu plus loin afin de faire son exercice favori.
Petra La Kubtah, la maman et le frère de Marine
Nous somme surpris de nous retrouver ainsi pour la seconde fois, par hasard, au sommet d’une montagne. Sur quel sommet nous rencontrerons-nous la prochaine fois, si prochaine fois il y a ? Seul Dushara et Al Uzza, dieux nabatéens le savent !
En revenant vers le théâtre, au cœur de la ville, il faut passer sur un pont de pierres qui enjambe le Wadi Musa dont les berges ont été renforcées après une crue importante qui a emporté 22 touristes français en 1963 ; aujourd’hui, la rivière est complètement à sec et l’eau est le problème de la Jordanie.
Partout où l’on marche, on trouve des morceaux de poterie et de vaisselle en terre cuite. Les nabatéens, après les cérémonies festives qui avaient lieu dans les tricliniums ou les tombeaux, brisaient la vaisselle utilisée. Cette tradition, d’origine grecque, a été ramenée par les marchands au cours de leurs voyages commerciaux et est toujours pratiquée aujourd’hui dans les fêtes hellènes. J’ai personnellement assisté à ce spectacle lors d’un voyage en Crète.
Les riches marchands nabatéens se sont également inspirés des styles architecturaux des pays qu’ils traversèrent, pour la construction de leurs tombeaux dont le style grec que l’on retrouve partout dans Petra. Impressionnant également, le théâtre, entièrement sculpté dans la roche, il pouvait contenir 3000 spectateurs et date du tout début du christianisme.
Petra le théatre taillé dans la roche
Nous garderons de Pétra le souvenir d’un superbe site naturel remodelé par les hommes dans un environnement montagneux désertique et coloré. L’âme de ces tailleurs de pierres de génie n’y flotte plus depuis longtemps ; les quelques 800 tombes existantes, pillées, vidées, occupées, ne vibrent plus que du brouhaha du commerce touristique de masse. Les nabatéens croyaient que l’âme des morts flottait au dessus des tombes.
Du 5 au 15 janvier 2010
Coucher de soleil sur Aqaba
De Petra à Aqaba, nous pénétrons de plus en plus profondément dans le sud désertique de la Jordanie. Le paysage devient de plus en plus aride, le sable et les rochers de plus en plus présents. La lumière et la température évoluent dans le bon sens ; on devine la Mer Rouge derrière les premiers immeubles de la ville, véritable oasis dans ce désert minéral. Les rues d’Aqaba sont larges, généralement à trois voies, bordées de palmiers et de bougainvilliers en fleurs. La circulation y est aisée, ce n’est pas l’anarchie des autres villes. Nous faisons une courte halte pour quelques courses dans un shoping center et, par la route côtière qui mène à la frontière saoudienne, nous nous dirigeons vers les plages du sud.
Aqaba la ville
Nous longeons le port marchand, le port des containers, immenses installations modernes où mouillent de gigantesques cargos, le terminal passagers et ses ferrys, les immenses plages de « Marine Park » et ses parasols à perte de vue puis les hôtels de luxe et leurs plages privées clôturées et gardées comme des camps militaires.
Nous atteignons notre camping en milieu d’après midi, nous y sommes seuls avec la Mer Rouge pour horizon. La Mer Rouge, comme son nom ne l’indique pas, est d’un bleu profond avec de larges taches émeraude, ponctuée de crêtes blanches car le vent du nord souffle allègrement. Il y a souvent du vent sur Aqaba d’après radio camping-car.
Aqaba la plage
Nous voyons Eilat, port israélien à l’extrême sud du pays et les monts du Sinaï égyptien sur l’autre rive. De gros bateaux entrent et sortent du golf pour alimenter les deux ports israélien et jordanien sous la surveillance des vedettes rapides des deux marines ennemies. Nous passons dix journées de vacances sur la plage que nous partageons avec les familles jordaniennes qui viennent s’y détendre en fin de semaine. En fait, la plage est un immense terrain de camping, les parasols sont squattés dès le matin et chaque famille s’y installe avec armes et bagages. Le barbecue est le premier installé, un gros sac de bois à portée de main pour l’alimenter, il fumera jusqu’à la nuit noire. Matelas et coussins disposés sur les grands tapis de laine posés à même le sable donneront une note bédouine à l’installation ; si le soleil est trop ardent, d’autres tapis seront accrochés au parasol formant ainsi un pare-soleil efficace.
Aqaba la plage
Les transistors à fond distillent une joyeuse cacophonie, les hommes boivent le thé allongé sur leurs matelas et à l’heure de la prière, ils se regroupent et, sur leurs tapis orientés vers La Mecque toute proche, ils se prosternent en psalmodiant les versets coraniques.
La plage est nettoyée chaque jour, des poubelles sont disponibles partout ; dans la semaine, peu de monde, nous sommes bien ici. Je vais plusieurs fois nager au-dessus des récifs coralliens avec masque et tuba ; c’est un enchantement, à quelques brasses du bord, je suis dans un aquarium marin parmi les poissons multicolores ; il suffit de se laisser porter par les flots et d’observer ce monde aquatique à fleur d’eau éclairé par le soleil. La Mer Rouge, à juste titre, est réputée pour ses coraux ; je ne suis pas un spécialiste mais je comprends combien il faut protéger ces lieux magiques ce que fait très bien la Jordanie même si on aperçoit ça et là pneus, canettes ou bouteilles au fond de l’eau, les coraux s s’en occupent.
Nous allons plusieurs fois à Aqaba en bus ou en taxi, les prix sont à la tête du client, il faut toujours négocier ; nous avons sympathisé avec Ahmed, chauffeur de taxi de son état ; nous utilisons ses services plusieurs fois, il est même venu nous chercher avec son véhicule personnel un jour de repos. Il fait bon se promener à Aqaba, ville symbole de la révolte arabe. Son drapeau flotte à 120 mètres de hauteur sur la marina, au pied du petit fort enlevé aux Turcs par les troupes de Fayçal en 1920 sous les ordres de T.E. Lawrence, le célèbre « Lawrence d’Arabie ».
Aqaba le drapeau de la révolte Arabe
Sur la plage, nous faisons également la connaissance de Del, jeune canadien de 18 ans qui, en rupture familiale, est parti, sac au dos de son Yukon natal pour visiter le monde. Il se dirige vers l’Inde, à pieds, en stop, en bus. Il trouve quelques heures de travail par ci, par là pour vivre et nous passons quelques instants avec lui. Nous avons un peu de mal à le laisser reprendre sa route.
Del le canadien
15 et 16 janvier 2010
Nous reprenons également notre route en laissant derrière nous le ciel bleu, le soleil blanc et la Mer Rouge d’Aqaba pour commencer notre lente remontée vers l’Europe. Nous reprenons l’autoroute du désert qui va vers Amman et au bout de 30 kilomètres, nous bifurquons sur notre droite, direction le « Wadi Rum ». C’est une belle route qui mène vers le désert rendu célèbre par David Lean, réalisateur du film « Lawrence d’Arabie » et la belle musique de Maurice Jarre.Ce film, dans sa version longue, Jo et moi l’avons visionné une dizaine de fois, il faisait partie de nos bagages jusqu’à Bosra où il a changé de camping-car pour rejoindre celui de la famille Mayet à qui nous l’avons donné. C’est lui et nos amis Guy et Carmen qui nous ont donné envie de faire ce voyage. Nous avons beaucoup rêvé devant notre écran d’immensité désertique, de ciel étoilé, de solitude et de soleil sur les « 7 piliers de la sagesse », la montagne qui marque l’entrée du Wadi Rum.
Les sept piliers de la sagesse Wadi Rum
Au bout d’une trentaine de kilomètres, la route est fermée et il faut passer par la case « Visitor’s Center » pour le droit d’entrée : 4 JD par personne et 5 JD pour le camion et l’on peut franchir la porte du désert. Le Wadi Rum est le domaine des bédouins qui en organisent le commerce dans cette zone protégée depuis 1998. Une trentaine de campements y sont répartis et les touristes peuvent étancher leur soif d’aventure depuis la petite promenade dans la mer de sable, sac au dos, jusqu’aux grande méharées de plusieurs jours et nuits en passant par les raids en 4 x 4.
Les dromadaires du Wadi Rum
Nous parquons notre camion à l’entrée du village de Rum sur un parking pour bus gardé par la police touristique. Le soleil qui descend derrière nous embrase les roches de grès rose des falaises qui nous font face. Il fait chaud, nous sommes bien, nous regardons vivre les dromadaires en liberté surveillée, les pates avant entravées, ce qui leur donne une démarche ridicule, loin de l’image idyllique des « vaisseaux du désert » sillonnant les mers de sable.
Je suis un vaisseau du désert Na!
Le village est constitué de petites cours, entourées de maisons basses en moellons, le tout ceint de murs coupe-vent qui cachent la misère. Mosquée, poste de police, petit casernement militaire, école complètent ce petit bourg de trois à quatre cents personnes. Les 4 x 4 Toyota antédiluviens cabriolent dans le sable en laissant de profondes traces qui convergent loin, là-bas vers le désert en un véritable réseau routier.
4x4 du Wadi Rum
En fin de soirée, le parking se métamorphose en terrain de football où les bédouins s’affrontent amicalement, mais pas trop dans une partie acharnée, ponctuée de cris et vociférations jusqu’à la nuit tombée.
Match de foot à Rum
Nous partons, sac au dos, pour une longue promenade dans le désert de Wadi Rum après une nuit calme et reposante. Il faut quelques minutes pour traverser le village en repoussant, avec le sourire, les offres de service des bédouins et atteindre les premières pistes de sable. Nous marchons tout droit, sans but précis, privilégiant les zones de sable dur plus faciles à pratiquer.
Jo dans le désert
Plus on s’enfonce dans le désert, plus le silence s’installe, plus le paysage s’ouvre à l’infini. Nous croisons de petits troupeaux de dromadaires, la plupart entravés ; ils divaguent dans la plaine sablonneuse où ils se nourrissent d’épineux ; les petits sont collés à leurs mères qu’ils ne quittent pas des yeux. Les propriétaires des troupeaux ont leur campement au loin, là-bas, à l’ombre des grandes falaises rougeâtres, sculptées par les vents de sable ; elles nous renvoient, amplifiés, les bruits de leur vie quotidienne.
Les falaises de Wadi Rum
Le vent du nord souffle légèrement et régulièrement sur le désert, la température est douce et agréable, il fait bon marcher ainsi. Nous apercevons quelques promeneurs au loin qui, comme nous, ont préféré la marche aux 4 x 4 bringuebalants, chargés de touristes que nous croisons de temps à autre. Après trois heures de bonne allure, nous sommes vraiment seuls dans le silence du Wadi Rum ; il n’y a rien à l’horizon que le sable et les rochers. Jo est sereine sous son sheich blanc.
De retour au village, nous délaissons la route centrale pour louvoyer dans les ruelles ; c’est l’heure de la prière et la montagne renvoie l’écho du chant du muezzin alors que l’ombre gagne, c’est d’une rare beauté ; nous attendons, en silence, la fin du concert, les yeux brillants d’émotion. Fourbus mais heureux, nous regagnons notre camion mais, tout de même, je me dis, en voyant le village et ses abords que « El Aurens » doit se retourner dans sa tombe.
Wadi Rum quand le 4x4 remplace le dromadaire
17 et 18 janvier 2010
Notre but, aujourd’hui, est de rejoindre la Mer Morte que nous avons volontairement oubliée lors du voyage aller. Donc, nous rejoignons la route du désert tandis que la cueillette des tomates bat son plein dans les champs irrigués à la sortie du « Visitor’s Center ». Les tentes des réfugiés palestiniens sont plantées aux abords des cultures ceux-ci sont une main d’œuvre bon marché pour les propriétaires jordaniens. Les tomates poussent à même le sol et les femmes, cassées en deux, remplissent les cagettes qui sont transportées par les hommes vers le camion bariolé Toyota au bout du champ qui ira gonfler le flot de ses congénères sur l’autoroute qui mène à Amman.
Champ de tomates à Rum
Cette quatre voies, nous la connaissons et la suivrons jusqu’au croisement de la N50 qui nous fait repasser par Kerak afin de rejoindre la route 65 de la Mer Morte. Depuis Kerak, nous plongeons vers Potash City dans un paysage de canyons et de ravins sur fond de montagnes jaunes et arides. Les lacets serrés de la chaussée et le pourcentage de la pente nécessitent toute l’attention et les freins très sollicités de Totor chauffent.
La route de la Mer Morte
Il faut dire que les rives de la Mer Morte sont situées à – 370 mètres sous le niveau de la Méditerranée, c’est le point habité le plus bas de la planète. Quand nous apercevons la Mer Morte, c’est d’abord les immenses marais salants de Potash City que nous voyons, le sel est maintenant exploité, la mer ayant libéré 350 km2 de superficie suite au pompage des eaux du Jourdain et de ses affluents.
La Mer Morte
Nous longeons la mer, immense lac d’eau saumâtre, par la seule route côtière, côté Jordanie. La surface de l’eau est quasiment immobile tant la concentration en sel (33 %) est importante. Les couleurs sont magnifiques, d’un côté, les falaises rouges, de l’autre, les bleus marins ; les rives de la mer : une poubelle. Nous sommes écœurés, il y a ici une des merveilles géologiques de la planète, sa mort est programmée à moins de quatre siècles par les experts malgré des projets cyclopéens d’adduction d’eau depuis la Méditerranée.
Plage de la Mer Morte
Les plages sont des décharges sauf devant les hôtels de standing qui les préservent pour des raisons évidentes de commerce. Nous nous installons sur le parking de l’unique plage publique de la Jordanie, celle d’Amman Tourist Beach où pour 10 JD nous avons l’eau et l’électricité. L’eau, nous l’avons toute la nuit car des orages ont éclaté en début de soirée et vers 6 heures du matin, nous devons déménager à l’autre bout du parking, celui-ci étant noyé. La rallonge électrique mise à notre disposition a disparu sous l’eau et chose étrange, nous avons toujours du courant.
Le parking de "Amman Tourist's Beach"
Le soleil revenu, nous souhaitons tenter une immersion dans la Mer Morte afin de vérifier le théorème de Pythagore : « tout corps plongé dans un liquide….. » mais il faut passer par la porte de l’hôtel et à raison de 15 € par personne, nous déclinons et remettons le test de flottaison à une date ultérieure, d’autant que la couleur de la mer remuée par les orages est plutôt du genre brunâtre. Nous allons donc à pied parmi les ordures le long de la plage, à l’extérieur du site « Amman Touriste Beach » en quête d’un espace épargné par la pollution.
Jo sur la plage de la Mer Morte
Nous observons des pierres enveloppées dans leur gangue de sel, les sillons de sel poussés sur le sable par le clapotis de l’eau et dans les rochers, les dépôts salins témoins de l’époque où la mer arrivait jusque là, soit environ + de 5 mètres par rapport au niveau actuel. En face de nous mais sur l’autre rive, les monts de Judée, à l’extrémité nord, Jéricho dont nous voyons les immeubles et un peu plus loin, à l’ouest, Jérusalem dont nous apercevons les lumières dans la nuit.
Le sel sur les cailloux Mer Morte
Les pieds dans les ordures, nous renonçons et retournons à notre camion d’autant que la pluie se remet à tomber. Nous faisons la connaissance de « Detlef », professeur de physique-chimie dans un collège d’Allemagne qui, à bord de son camion militaire vert transformé par ses soins, s’offre une année sabbatique pour voyager sans sa femme. Nous visitons son camping-car « Wermachtien »* et parlons voyages comme de bien entendu ! *vert martien
Coucher de soleil sur la Mer Morte
19 janvier 2010
Nous reprenons la route de la Mer Morte en sens inverse pour le pont du Wadi Mudjib (l’Arnon biblique) qui, en ces temps d’orage, est un torrent impétueux d’eau rouge qui plonge dan s la mer après avoir traversé les falaises des monts du Moab. Un canal remonte dans les gorges pour arriver sur une vanne qui permet de délester le Mujib et d’alimenter une usine de retraitement des eaux quelques kilomètres plus loin.
Le Wadi el Mujib Mer Morte
Les poissons charriés par les eaux du torrent arrivent dans la Mer Morte et meurent en quelques minutes. Ils sont par la suite rejetés sur la plage, raides et gainés dans une croûte de sel. Ce pont métallique a remplacé le précédent emporté par les crues du Mujib ; les restes sont encore présents dans son lit. Après une grande cascade, l’eau boueuse se mélange à la mer pour former une immense zone troublée et brunâtre visible à des kilomètres à la ronde.
Le Wadi el Mujib Mer Morte
Nous nous rendons ensuite tout au nord de la Mer Morte, sur les rives du Jourdain où fut identifié avec certitude en 1997 par les archéologues le village de Béthanie « au-delà du Jourdain où Jean baptisait ». Rome, en 1999 et Jean-Paul II en 2000, lors du jubilé, ont reconnu le site où une basilique est désormais en construction.
Béthanie les ruines de la basilique St Jean Bâptiste Veme siécle
Un peu avant Rome, l’église orthodoxe grecque a lancé la construction de l’église Saint Jean du Jourdain dont on aperçoit de loin les trois coupoles dorées. D’autres églises d’obédiences diverses sont terminées ou en cours de construction dont une mosquée, ce qui fera de ce site, dans les prochaines années, un haut lieu de la foi dans le monde, habilement exploité par la Jordanie.
Béthanie Eglise orthodoxe St Jean du Jourdain
Pour atteindre le site, nous devons passer par le « Visitor ‘s Center », payer 7 JD par personne non jordanienne ou de langue arabe (les tarifs sont très différents) ; discrimination très mercantile à mes yeux. Nous grimpons dans le camion Ford à 15 places assises dans la benne qui part du « Visitor’s Center » toutes les demi-heures ; il nous dépose 15 kilomètres plus loin, ce qui dissuade les éventuels marcheurs.
A pied, nous suivons un itinéraire balisé, genre labyrinthe qui nous mène à environ 2 kilomètres, sur les ruines de l’église St Jean élevée vers le 5è ou le 6è siècle en l’honneur du baptiste et 300 mètres plus loin, sur le Jourdain, lieu du baptême du Christ à proprement parler. Au loin nous apercevons une grande croix au sommet de la colline où Elijah fit son ascension au paradis.
Béthanie le labyrinthe
Surprise, le Jourdain que j’imaginais très large et profond n’est en fait qu’un « pipi de chat » d’eau boueuse ; sur l’autre rive, de grandes installations touristiques pour les clients israéliens ; les drapeaux bleu ciel frappés de l’étoile de David flottent au vent et narguent les étendards jordaniens de l’autre bord. Miradors et hommes en armes se font face, véhicules blindés et mitrailleuses s’observent ; assurément, nous sommes bien sur la terre de paix et d’amour pour laquelle sont morts et mourront encore des millions de fanatiques et d’innocents ; à bien y regarder, la couleur du Jourdain est bien celle du sang.
Béthanie Israël sur l'autre rive
Trois grâces à l’accent slave et au maquillage waterproof qui ont fait le voyage avec nous, sont allées revêtir dans une cabane en bois mise gracieusement à leur disposition, une aube d’un blanc immaculé. Elles se sont dirigées par le ponton en bois spécialement installé vers le ru rouge sous l’œil avide de la garde royale car on voit par transparence les dessous colorés de ces naïades. Elles ont plongé par trois fois leur corps de nymphes dans les eaux sacrées en se signant à la mode orthodoxe et sont remontées, pétrifiées par le froid dans leur aube terreuse plaquée à leurs formes. Pour un peu, nous aurions applaudi à cette démonstration de foi intense si les circonstances eussent été différentes.
Nous avons repris le camion benne Ford qui, à grande vitesse, nous a ramenés et déposés derrière le « Visitor’s Center », nous obligeant ainsi à traverser les boutiques de souvenirs, médailles, eau bénite, chapelets et les habituels produits locaux tels que tapis, foulards, sacs, colliers, bagues, made in China. A l’entrée, nous avons retrouvé notre camion benne Ford en plein chargement, ainsi va le commerce. Ainsi soit-il !!
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VOYAGE EN SYRIE
Alep la mosquee des Omeyades
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10 décembre 2009<o:p></o:p>
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Arrivés à la frontière turco-syrienne vers midi, a part la traditionnelle file de camions, nous serons quasiment les seuls touristes à passer. Rapidement pris en mains par la douane nous sommes dirigés vers un bureau du service touristique syrien qui doit nous faciliter la tâche pour enregistrer nos passeports.
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Outre la personne du service touristique qui ne parle pas un mot de français, il y a un représentant des douanes chargé, nous dit-il, du dédouanement des marchandises qui transitent par la Syrie. Il parle bien français et nous fait remplir des fiches afin d’acquitter :
- Une taxe « diesel » de 100 $ US pour chaque semaine passée en Syrie, soit 200 € pour les 2 semaines envisagées
- Frais pour acquisition d’un carnet de passage en douane ; montant 85 €
- Assurance obligatoire, notre carte verte ne couvre pas la Syrie : coût 65 €
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Nous comprenons très vite le rôle joué par ces deux personnages dont le but évident est de nous soutirer une commission pour leur travail qui, nous assurent-ils, nous évite d’attendre longtemps à la douane. Ils détiennent nos documents et ne les lâcheront qu’une fois réglé le bakchich qui s’impose. Nous croyons leur avoir échappé au passage du dernier check-point où nous devions les attendre.
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Arrivés avant eux, la police des frontières nous ouvre le portail pour entrer en Syrie. Mais nos acolytes, après un long sprint, nous rattrapent et hurlent que nos papiers ne sont pas en règle ; nous devons faire demi-tour. Le « dédouaneur » disparaît durant ¼ d’heure avec nos documents et revient sourire aux lèvres. « Tout est terminé, nous dit-il, je monte avec vous, nous allons à Alep dans une banque pour retirer l’argent que vous me devez pour le service ». En fait, nous avons fait trois distributeurs qui étaient en panne avant de pouvoir retirer des livres syriennes dans un quatrième ; notre gugusse sur nos talons, il ne nous lâchera qu’après avoir empoché son bakchich.
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Après réflexion et recalculé, nous nous sommes faits avoir sur le taux de change et les bakchichs d’une soixantaine d’euros et trois heures d’attente en tout pour passer la frontière. Ce n’est pas très grave, au fond ce n’est qu’un peu d’argent ; mais j’aurai préféré le dépenser dans le commerce local plutôt que d’alimenter la corruption d’état. Nous savons déjà qu’il en sera de même au retour de Jordanie ; nous essaierons de ne pas tomber dans le piège une seconde fois mais rien n’est moins sûr !
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Nous sommes installés sur un camping entre Bab Al Hawa et Alep, le « camping Salaam » tenu par un Syrien, Mohammed Jahr et sa femme belge Cristel. Ils connaissent les hommes de la douane et leur réputation n’est plus à faire dans le tourisme local. Nous sommes seuls sur la soixantaine d’ares de terrain clos d’un gros mur de pierres. Tout est propre et nos hôtes très sympas. Seul problème, il pleut et il fait froid, c’est presque l’hiver à Kafr Ammé.
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12 décembre 2009<o:p></o:p>
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Pour aller à Alep depuis notre campement, nous empruntons les petits bus qui circulent dans toutes les directions, sans horaire, au taux de remplissage moyen de 120 % et pour la modique somme forfaitaire de 20 livres syriennes par personne soit 0.20 €. Prévus pour une douzaine de personnes, ces petits bus fonctionnent au klaxon afin d’attirer l’attention des éventuels clients qui s’y entassent au fur et à mesure de la course.
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L’argent circule de mains en mains afin d’arriver jusqu’au chauffeur et la monnaie éventuelle prend le chemin inverse jusqu’à son destinataire. Une fois pleine, la boîte à sardines prend sa vitesse de croisière au son d’une musique arabe crachée par les haut-parleurs. Une courte exclamation, le véhicule s’arrête, la moitié des passagers descend pour permettre l’extraction de celui arrivé à destination. Tout le monde remonte et le véhicule repart au pas, klaxon en action pour compléter le chargement ; on trouvera toujours une petite place si les clients sont plusieurs. Le terminus atteint, nous ne sommes pas mécontents de déplier nos membres endoloris.
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Le Syrien mâle ne parle pas, il hurle, surement pour affirmer sa suprématie face à la gente féminine qui est plutôt effacée dans son habit noir traditionnel. C’est dans une cacophonie de cris, de klaxons et de musique locale que nous débarquons sur les trottoirs encombrés d’Alep. Notre première destination : « la Grande Mosquée des Omeyyades ». Notre plan à peine sorti, deux personnes, sourire aux lèvres, nous proposent gentiment leur aide.
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Alep sous la pluie
Sous la pluie, nous arrivons rapidement devant le grand minaret seldjoukid et le petit parc de la mosquée ; c’est l’heure de la prière et les fidèles s’y précipitent. Nous suivons le même chemin qu’eux après que Jo ait revêtu « la houppelande » mise à sa disposition pour pénétrer nus pieds dans le saint lieu, elle, du côté des femmes et moi, du côté des hommes.
Alep la mosquee des Omeyades
Le plus discrètement possible afin de ne pas troubler la quiétude et la dévotion qui règnent en ces lieux, j’admire cette belle construction tout en longueur. Un épais tapis vert couvre le sol, les murs sont recouverts de marqueterie typiquement islamique. La coupole supporte un immense lustre de cristal qui diffuse dans la salle des prières une lumière douce.
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Alep mosquee des Omeyades, la salle des prieres
Au centre, un mihrab en bois foncé domine la salle où les dévots psalmodient les versets coraniques. Des bancs sont prévus pour les vieillards et les handicapés, chacun vient ici pour affirmer sa foi en toute sérénité.
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Alep la mosqee des Omeyades le deambulatoire
Nous prenons ensuite le chemin de la citadelle, véritable forteresse sur son promontoire qui domine la ville de toute sa hauteur. Réputée imprenable, on le comprend de suite en voyant l’ouvrage. Jamais un chef franc n’a pu franchir les murailles de la citadelle d’Alep sinon chargé de chaînes comme un certain Comte d’Edesse qui fut prisonnier ici, les yeux crevés pour ne pas avoir voulu abjurer sa foi chrétienne et qui y mourut dans un cul de basse fosse en 1159. Renaud de Châtillon, prince d’Antioche, sans foi ni loi, y fut également prisonnier durant seize années.
Alep le fosse de la citadelle
Un formidable fossé entoure la citadelle ; on y accède par une pente de forte déclivité qui traverse le fossé par un pont à huit arches. Le bastion d’entrée est un chef d’œuvre de l’art militaire par ses angles, ses ouvertures et ses traquenards qui rendent l’accès très difficile aux attaquants. Maintes fois transformée et remaniée, c’est un labyrinthe qu’il faut emprunter avec quelques escalades en prime pour atteindre les balcons qui permettent de voir Alep de haut. Une petite mosquée construite en 1167 au centre de la citadelle marque l’endroit où Abraham aurait fait halte. Plus haut, une autre mosquée construite par le fils de Saladin vers 1414 dresse son minaret dans le ciel noir.
Alep la mosquée dans la citadelle
Alep est un amas de constructions grises hétéroclites qui s’étendent à perte de vue dominées par d’innombrables mosquées ; il y en aurait plus de mille. Elle se divise en trois grandes parties : la ville vieille avec ses 12 kms de souks, la ville nouvelle faite de tours en béton et le quartier chrétien avec ses églises maronite, orthodoxe, byzantine.
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Alep la ville vue de la citadelle
Nous avons repris un petit bus pour retrouver notre camion à Kafr Ammé, le bord de la route est une poubelle à ciel ouvert.
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13 décembre 2009<o:p></o:p>
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Le lendemain matin, nous attendons le bus au bord de la route ; c’est un taxi jaune qui s’arrête. Nous déclinons son offre car le tarif taxi est nettement plus cher que le bus mais le chauffeur qui s’appelle Abdelatif insiste avec un grand sourire en nous promettant un bon prix. Nous faisons la route avec lui. Il ne parle pas un mot de français, ni d’anglais mais quand je lui dis que nous sommes de Metz en France, il réfléchit un moment puis nous demande : « Ennery ? ». Surpris nous comprenons que quelqu’un de sa famille travaille ou a travaillé chez Citroën à Ennery. Il nous a déposés à Bab al Faraj en centre ville.
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Par la tour de l’horloge nous remontons vers la citadelle pour pénétrer dans les souks par la porte des artisans. Nous sommes bien contents d’y être à l’abri car il pleut sur la ville et la boue est partout. Nous sommes ici dans un autre monde où règne un semblant d’ordre et de propreté. Rien à voir avec les grands souks marocains où les touristes sont harcelés par les commerçants, rabatteurs et autre guides ou faux guides.<o:p></o:p>
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Alep, le souk, marchand de tissus
Les syriens sont d’un naturel accueillant et poli ; ils veulent savoir d’où l’on vient et ont toujours une phrase en français pour nous être agréables. Ainsi l’un d’eux nous lance un « les carottes sont cuites » avec un rire éclatant, seule phrase qu’il connaisse probablement.
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Sous les voûtes des allées étroites, les forgerons, dinandiers, ferronniers présentent leurs œuvres les plus remarquables en cuivre, laiton, fer battu ou étain sous des lustres majestueux. Tout à leur travail, ils nous saluent et continuent à marteler le fer. Puis les tisserands sur d’antiques métiers à tisser nous montrent leur savoir faire et la qualité de leur travail est présentée sur des étals dans de petites échoppes.
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Alep, le souk, marchand de soieries
Les couturiers présentent de belles djellabas multicolores, des pachminas en soie et ainsi de suite, par corporations professionnelles, chacun dans sn échoppe présente aux nombreux badauds un savoir faire millénaire. Devant les célèbres savons, nous ne résistons pas longtemps pour acheter ce savon d’Alep de renommée mondiale. Nous allons ainsi une grande partie de la journée dans un va et vient bon enfant parmi la foule toute à ses affaires.Une fois à l’extérieur, nous souhaitons visiter le quartier chrétien mais la pluie nous fait battre en retraite et nous retournons au camping par minibus, cela va de soi.
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Alep, le souk, le tisserand
14 décembre 2009<o:p></o:p>
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La pluie et le froid ne nous incitent pas à la promenade ; aussi nous passons du temps avec Cristel et son petit garçon Zacharia. Un petit garage incorporé au bâtiment qui sert d’habitation à la famille Jahr nous permet de faire la vidange du camion, le contrôle des niveaux et la pression des pneus.
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15 décembre 2009
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Nous quittons Kafr Ammé, Cristel, Zacharia et le camping de pierres pour un site incontournable en Syrie, la basilique de Saint Simeon, le Stylite. La route est difficile mais nous arrivons sur le parking du site et après le passage en caisse nous pénétrons sur les ruines du sanctuaire qui fut de 460 jusqu’au haut moyen âge un haut lieu de pèlerinage pour les chrétiens. Situé sur une colline dans le djebel Seman « Qalaat Seman » domine une vallée de cailloux, de terres rouges et d’oliviers.
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Saint Siméon "Qualat Saman"
Depuis le 4ème siècle, en Syrie, des moines, des ermites, pour preuve de leur foi, s’infligeaient de vraies souffrances corporelles « les ascèses » ; ils étaient « les anges ». A ce titre, ils étaient visités et vénérés par les croyants. Siméon, modeste moine décida de vivre sur une colonne de 38 mètres de hauteur ; il y resta 36 ans. A sa mort en 459, un monastère et une basilique furent érigés sur la colline de la colonne et un ensemble hôtelier fut créé pour accueillir les pèlerins. Ceux-ci déferlaient par centaines chaque jour afin de prier le « stylite » nom qui vient du grec « stylos » dont la colonne avait la forme.
Saint Siméon , les restes de la colonne
Un baptistère se trouvait à l’opposé de la colonne et ceux qui le désiraient venaient y embrasser la religion chrétienne. Chaque partie de cet ensemble a été partiellement redressée ; ainsi nous avons une bonne vue de l’organisation et du fonctionnement de ce bel établissement religieux. De l’allée centrale, en contournant la colonne encadrée des quatre parties de la basilique, les pèlerins reprenaient l’allée en sens inverse jusqu’au baptistère où ils accédaient par les escaliers et ressortaient pour se diriger vers les hôtels qui bordaient la voie d’accès. <o:p> </o:p>
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Saint Siméon, le bâptistère
Les moines avaient leur monastère, leur église et leur nécropole où ils étaient déposés dans des sarcophages à leur décès. Quelques années plus tard, leurs ossements étaient rangés dans la crypte souterraine, les os longs d’un côté et le crânes de l’autre, cette pratique a encore lieu aujourd’hui dans les monastères orthodoxes. L’essentiel des pierres et des colonnes sont cependant au sol notamment dans les jardins en étages qu’exploitaient les moines ; on peut y découvrir de belles croix byzantines gravées dans le roc.
Saint Siméon, Croix byzantine
Lors de la visite, nous avons fait connaissance avec Christophe Garcia, comédien et accessoirement professeur de théâtre au cours Florent à Paris. Celui-ci étudie une pièce d’un auteur syrien et il est venu ici pour le rencontrer et s’inspirer de la vie et des coutumes locales avant d’interpréter la pièce prochainement dans un théâtre parisien. Nous l’avons véhiculé jusqu’à Idlib où nous passions pour rejoindre Ebla, but prochain de notre voyage.Nous avons cherché en vain un camping dans les environs qui figure sur notre carte, à Ariha mais nous passons la nuit sur le parking d’un petit parc d’attractions désaffecté.
<o:p> </o:p>16 décembre 2009<o:p></o:p>
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Le temps est gris quand nous reprenons la route mais il ne pleut pas et c’est déjà bien. Il nous faut à peine une demi-heure pour atteindre Tell Mardikh entre Alep et « Ma Arrhât An Nu Man » par la quatre voies qui va à Damas.
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EBLA
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Ebla, vieille cité mésopotamienne était enceinte d’une muraille circulaire aujourd’hui en plein champ et les parties mise à jour notamment les murs de briques friables ont été recouvertes d’une protection de ciment et de plâtre pour les préserver de la destruction.
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S’il est relativement aisé d’imaginer devant ces ruines une cité romaine car toutes sont à peu près identiques, il faut être un spécialiste d’archéologie pour retrouver les grandes lignes architecturales d’Ebla. Nous discernons tout de même les habitations, les citernes d’eau et les grandes portes d’accès mais au-delà, sans précision d’un spécialiste nous sommes un peu « largués ».
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La pluie qui se met à tomber nous force à rejoindre notre camion et c’est un peu frustré que nous prenons la direction d’Apamée « Afamya » pour les syriens, plus grande ville romaine du bassin méditerranéen.
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Nous reprenons la route de Damas et par Ma Arrhât An Nu Man nous continuons sur Khan Sheikoum gros village syrien au bord de la quatre voies où nous nous arrêtons pour faire un lavage du camion qui est rouge de terre syrienne. Les laveurs se mettent au travail et tout est pour le mieux ; en attendant j’observe le véhicule à côté, une vieille guimbarde noire, capot et portes grandes ouvertes dont deux jeunes assurent le lavage au jet pression. Tout y passe, le moteur, la tôlerie extérieure, du moins ce qu’il en reste, tapis, sièges avant et arrière, tableau de bord, portes intérieures et extérieures, coffre compris. Le tout dégouline d’eau ; le chauffeur s’assied au volant, les fesses dans l’eau, met en route et s’en va. Bien sûr je suis un peu perplexe mais je suis le seul car la demi douzaine de syriens assistant à la scène n’a aucun mouvement de surprise. Tout est normal pour eux.
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Totor a retrouvé sa couleur normale et après avoir réglé le montant de la prestation je me renseigne sur la route à prendre pour aller jusqu’à Afamiha. Les explications sont un peu difficiles pour mon interlocuteur ; aussi me demande-t-il de le suivre. Après avoir enfourché sa moto, nous le suivrons une dizaine de kilomètres dans les méandres boueux du village. Il nous conduit dans la bonne direction et refuse énergiquement le billet que je lui tends ; il nous dit au revoir avec un grand sourire et disparaît avec sa moto. Brave garçon ; merci de ton aide toi le laveur de voitures de Khan Sheikoum.
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La pluie se remet à tomber et malgré une signalisation quasi inexistante nous arrivons à Qualat al Mondiq village dominé par une grosse forteresse tout là haut au dessus d’un éperon rocheux. Après quelques courses dans le village nous prenons la route qui grimpe à la citadelle ; celle-ci très raide nous mène à la porte principale très étroite et nous devons manœuvrer pour y entrer et en sortir puisqu’elle est occupée par les habitants qui ont investi Qualat al Mondiq « la citadelle du défilé » au fond duquel coule l’Oronte.
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Les Hittites, les Perses et Alexandre l’occupèrent tout à tour mais c’est vers l’an 300 de notre ère qu’elle déborda largement sur la plaine du Ghab pour devenir une des plus grandes cités du monde antique avec son avenue aux mille colonnes dont quatre cents ont été relevées. Entourée par une muraille de 7 kms, elle pouvait atteindre 10 mètres de hauteur d’après les archéologues.
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Traversée du nord au sud par un immense cardo de 2 kms, accessible par les deux portes principales, elle avait la même organisation architecturale que la majorité des autres villes romaines. Une colonne votive se dresse au centre du cardo au nord de la ville. Apamée fut entièrement détruite par un terrible séisme en 115 et entièrement reconstruite au cours du 2ème siècle.
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Nous passons la nuit devant le restaurant à l’entrée du site et la pluie ne cessera pas jusqu’au matin.
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17 décembre 2009<o:p></o:p>
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D’Afamya jusqu’à Hama (Epiphania) il n’y a qu’une quarantaine de kilomètres que nous effectuons pour aller voir les fameuses norias. La ville est accessible par de grandes et larges avenues et nous sommes invités par la police locale à stationner notre bus juste en face de la porte du parc dans lequel l’Oronte fait un coude et nous pouvons admirer les norias Al Jisnyé, deux grandes roues à godets qui ne fonctionnent qu’en été pour alimenter en eau les jardins. Avec l’évolution, celles-ci n’auraient plus de raison d’être mais pour conserver son air traditionnel, la ville les entretient grâce au savoir-faire de quelques charpentiers de norias qui se transmettent leur métier de manière orale.<o:p> </o:p>
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Hamma la noria
Un peu plus loin sur l’Oronte, la plus grande noria du parc Al Mamouriye alimente un aqueduc ; pour l’approcher, nous avons l’autorisation d’un sympathique restaurateur qui nous ouvre le portail de sa terrasse. Nous faisons un petit tour dans les ruelles de la vieille ville avant de reprendre la route pour Tartus via Masyaf.
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Hamma noria Al MamouriyeA partir de Masyaf, la route s’élève car nous traversons le « Jabal an Nasayriyah ». C’est sous la pluie et dans le brouillard que nous passons le sommet à Wadi al Liyun » avant d’entreprendre la longue descente jusqu’à Tartus au bord de la Méditerranée dont les vagues poussées par le vent d’ouest viennent s’éclater sur les rochers du port.
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Hamma les noriasC’est en vain que nous cherchons le camping mentionné sur notre carte malgré l’aide d’un policier et de deux taxis. Finalement, nous sommes guidés par « Charbi », le taxi qui nous conduit jusque sur le parking du « département de l’immigration et des passeports » qui jouxte un grand parc où des cygnes noirs et des canards barbotent dans les bassins.
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Le grand immeuble administratif en verre qui nous fait face arbore en son sommet trois immenses portraits du Président Bachar al Assad dont celui du centre le représente les bras tendus et c’est sous sa protection et celle de la mosquée voisine que nous plaçons Totor pour y passer la nuit. Nous visitons le parc et ses abords où déambule une escouade de marins russes en bordée avant de rejoindre notre camion.
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Nous sommes à l’apéritif Jo et moi quand notre taxi vient nous rejoindre avec femme et enfants pour s’assurer que tout va bien pour nous. Nous les invitons à bord, Charbi n’a rien contre le raky (apéritif anisé turc)et nous passons une heure ensemble ; ils sont très intéressés par notre camping-car que nous leur faisons visiter de fond en combles.
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18 décembre 2009
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Le temps est calme ce matin bien que des nuages lourds roulent dans le ciel de Tartus et nous prenons la voie rapide qui mène vers Homs durant une quarantaine de kilomètres avant de prendre sur notre gauche la direction de « Qalaat al Hosn », le site du célèbre « Krak des Chevaliers ». Les gros orages déversent des torrents d’eau sur les routes du Djebel Ansaryé qui grimpe à 650 m d’altitude en quelques kilomètres avec des épingles à très forts pourcentages.
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La montée vers le Krak des chevaliersTotor traîne ses cinq tonnes et demi au travers des barrages de pierres et de boue descendus de la montagne, les rafales de vent nous accompagnent jusqu’au parking à une portée de flèches du Krak dont nous avons repéré la silhouette massive de très loin. Ce château fort fut dans ma mémoire le haut lieu des batailles des croisés contre les musulmans sur la route de la terre sainte dont ils devaient assurer la protection.
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En l’approchant, à pieds depuis le parking, j’imagine bien les énormes difficultés rencontrées par les envahisseurs, déjà pour parvenir sous ses tours. En regardant vers le bas de la montagne, la pente est impressionnante d’autant que la route qui mène au château n’était pas asphaltée à l’époque. Puis, une fois au pied de cette masse de pierres, le problème restait entier, pas étonnant que les troupes de Saladin s’y soient « casser les dents » en 1183.
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Le Krak des ChevaliersLe Krak tombera lors de la 8ème croisade après cinq semaines de combats peu après la mort de Saint Louis devant Tunis ; il ne restait qu’une soixantaine de chevaliers pour le défendre en 1271.
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En parcourant la route qui contourne le château pour accéder à la porte d’accès, nous dominons les villages qui approvisionnaient ce bastion ; étrangement, une église au centre de l’un d’eux exhibe sa croix bleue alors que les minarets alentours appellent à la prière.
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Le Krak des ChevaliersC’est une grande rampe d’accès qui permettait aux chevaux de rejoindre les grandes écuries voûtées et aux soldats, les lieux de vie et de travail du château. Salles de garde, magasins, puits, four à pain, cuisines, salle capitulaire, chapelle, cours d’exercices et bien entendu les remparts d’où la vue sur le fond de la vallée et au-delà est impressionnante.
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Dommage que cette visite fut gâchée par les orages et le vent. Nous avons envisagé de rester sur le parking pour passer la nuit mais la puissance du vent nous incite à quitter les lieux. Ainsi, après une descente au pas et plusieurs kilomètres après Homs sur la quatre voies qui mène à Damas, nous nous retrouvons sur un parking en cailloux en plein désert, seuls sous des rafales de vent qui nous empêchent de dormir une bonne partie de la nuit, ce qui confirme la véracité du diction : « l’herbe est toujours plus verte dans le prés d’à côté ! ».
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19 décembre 2009<o:p></o:p>
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Damas ! Après les orages et les rafales de vent de ces derniers jours, nous retrouvons un temps plus calme et plus lumineux. Le paysage change également, les terres rouges et caillouteuses recouvertes d’oliviers quasiment jusqu’à Homs se transforment en steppe de pierres, de terre argileuse et de sable. Sur notre droite, nous apercevons les montagnes du Liban dont les plus hauts sommets sont sous la neige.
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Nous oublions le monastère de « Mar Mousa » non loin de Nabek dont un manuscrit syriaque fait allusion en 575. Abandonné vers le 17ème siècle, il fut restauré par un Jésuite italien qui y fonda sa propre congrégation ; il œuvre pour le dialogue entre chrétiens et musulmans avec sa petite communauté de cinq moines et cinq religieuses européens et francophones. Nous oublions également Ma Loula, dernier village où les habitants parlent l’araméen, langue du Christ.<o:p></o:p>
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DamasL’approche de « Damascus » Damas, comme toutes les grandes capitales du monde se fait dans un flot grandissant de véhicules de toutes natures et la ville apparait immense sous un halo de brumes. Les coupoles et les minarets dominent le paysage de tours modernes et de constructions sans grâce. Ce n’est plus l’oasis verdoyantes des bédouins mais Damas doit cacher ses trésors dans les murailles de la vieille cité, à nous de les découvrir.<o:p></o:p>
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Damas la mosquee des OmeyadesPour l’heure, nous contournons la ville par la quatre voies qui mène en Jordanie ; notre but, trouver le camping situé à Al Kaawé, une dizaine de kilomètres après Damas. Encore une fois malgré l’aide d’un autre taxi, nous ne le trouvons pas mais je dois dire que celui-ci n’a rien fait pour trouver ; il nous a amenés au centre de Damas en chargeant à notre compte deux de ses compagnons ; il nous réclame 1000 livres (13 €) et nous plaque là.
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Un peu désappointés, nous décidons de nous rendre à l’aéroport qui nous semble pratique dans un premier temps et nous aviserons pour la suite. Notre camion garé sur un immense parking gardé, nous passons la nuit au calme, nous entendons à peine les avions car nous ne sommes pas dans les trajectoires.
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20 décembre 2009<o:p></o:p>
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Il y a de la brume sur le parking de Damascus Airport mais la température est relativement clémente. Nous prenons un taxi qui nous dépose vers la gare Hedjaz car nous souhaitons changer de l’argent et les banques sont dans ce quartier. Sur le trottoir, un Monsieur nous interpelle en français et nous propose de nous aider. Dans un français parfait, il nous propose gentiment de mettre un de ses ordinateurs à notre disposition pour notre besoin d’Internet.
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Damas le soukIl nous explique avoir été guide durant quinze années et que maintenant il dirige sa propre agence de voyages : MITHRA TRAVEL TOURISME au 17ème étage de la tour qui se trouve devant nous. Il a fait ses études littéraires à Damas et de très nombreux voyages en France dans le cadre de son travail. Il aime la France qu’il perçoit comme sa seconde patrie et nous échangeons sur le tourisme en Syrie autour d’un thé.
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DamasDans la conversation, il me dit être ami avec un médecin qui a officié à Metz durant 5 ans, le joint par téléphone et une demi heure plus tard, nous sommes présentés au Docteur Riad Kahal, ex –médecin de l’hôpital Notre Dame du Bon Secours et ex-urgentiste. Aujourd’hui, Riad est guide pour la Syrie ; de grande culture, il a été sollicité par son gouvernement la semaine dernière afin d’accompagner Christine Lagarde, notre ministre de l’économie dans sa récente visite de Damas. Il a également servi de guide à Jack Lang et sa femme Monique lors d’un de ses déplacements en Syrie ; il a beaucoup apprécié l’homme et sa vraie modestie. Bien entendu, nous avons parlé de Metz et aussi de Maizières-les-Metz car sa belle famille y réside.
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Ce fut un moment très agréable pour nous de parler français car depuis notre départ de Metz, nous n’en avons guère eu l’occasion.
21 décembre 2009
Une dernière nuit sur le parking de l’aéroport de Damas et nous prenons la route du sud qui doit nous conduire vers la frontière jordanienne. Il fait très beau et on roule bien sur la grande quatre voies ; il y a beaucoup de cadavres de gros chiens au bord de celle-ci, victimes des véhicules qui circulent à grande vitesse. Je me suis souvent interrogé sur ces chiens errants, ils se ressemblent tous et sont de taille importante. En fait, ceci est compréhensible si on admet que ceux-ci vivent quasiment à l’état sauvage et que les petits chiens n’ont aucune chance car c’est la loi du plus fort qui règne dans les meutes et la route assure une certaine régulation de la population canine.
Nous quittons sur notre gauche la quatre voies pour prendre la direction de Bosra afin d’y visiter le site antique qui, d’après notre guide bleu, a la particularité d’être encore habité par endroits. Nous arrivons dans la ville sur une place où il est possible de stationner et nous nous positionnons à côté du premier camping-car français que nous rencontrons depuis notre départ, en face d’un restaurant qui nous fournira les prestations d’un terrain de camping standard.
Nous sommes accueillis pas Zakaria, sympathique garçon qui assure le fonctionnement du restaurant en l’absence du propriétaire actuellement en vacances en France d’où sa femme est originaire. Zakaria parle un bon français appris sur le tas avec les archéologues qui travaillent sur le site antique et avec lesquels il trouve un travail temporaire chaque fois qu’une mission française intervient. Il connaît très bien l’histoire de sa ville et sert également de guide à l’occasion.
ZAKARIA
Une fois installés, nous faisons le tour de la place où nous sommes des curiosités pour les enfants qui vont à l’école et pour les adultes que nos camping-cars intriguent. Nous faisons connaissance avec nos voisins français originaires du Luc en Provence, bien connus dans le monde du camping-car puisqu’ils ont fait l’objet d’un reportage télévisé pour l’originalité de leur projet : faire le tour du monde en camping-car avec leurs deux enfants durant quatre années. La famille MAYET, Denis, Nathalie, Océane, Timothée et leur « Tortue Sélène » capucine sur porteur Ford qui lui sert de maison, est plutôt sur la fin de leur périple.
Il se trouve, qu’aujourd’hui, 21 décembre, est le jour de mon anniversaire ; l’occasion est belle de fêter cela ensemble autour d’une flûte de champagne. Personnages sympathiques et attachants, nous nos sentons bien ensemble et nous poursuivons la soirée autour d’un repas typique jordanien à base de pommes de terre, d’oignons, de viande hachée.
Denis et Nanou Mayet
Denis, dentiste de profession, exerçait à Paris avant de rejoindre le Var où avec sa gentille femme Nanou, un jour, ils décidèrent de changer momentanément de vie pour voyager. La décision de le faire en camping-car ne s’est pas imposée à priori car ils n’avaient aucune expérience dans le domaine. Mais dès qu’ils furent décidés, ils achetèrent leur camion très vite et avec leurs enfants Océane et Timothée, ils ont pris la route de …. L’Argentine, au hasard car ils n’avaient aucune feuille de route.
Puis la liste des pays visités s’allongeant et l’expérience grandissant, ils ont enfilé les kilomètres et rien qu’à les entendre parler avec passion de tortues, d’iceberg, de mygales, je comprends bien ce qu’ils ont vécu. Mais, voir la flamme qui brille dans les yeux de « Timo » parlant des caïmans du Brésil et de la destruction de la forêt amazonienne, je sais le bonheur de cette famille construit autour du monde, de ses merveilles et de ses réalités moins roses.
Ils vont terminer tranquillement leur grand voyage par la Turquie puis l’Iran avant de retrouver leur maison dans le Var pour le plus grand bonheur d’Océane qui, maintenant, souhaite vivre sa vie d’adolescente auprès de ses copines ; quoi de plus normal !
22 décembre 2009
Le lendemain, nous avons visité ensemble les ruines de Bosra avec les explications avisées de Zakaria tout en continuant à échanger avec Denis et Nathalie car nous sommes avides de conseils et de bons plans pour la suite de nos voyages. Je souhaite ici les remercier pour la gentillesse qu’ils ont manifestée à notre égard. Ils relatent leur aventure sur le site : www.latortueselene.com.
C’est un peu triste que nous les voyons reprendre la route ; que le bonheur soit sur eux, toujours !
20 – 21 – 22 janvier 2010 – retour en Syrie (Bosra)
Nous somme repartis en milieu d’après-midi vers Amman qui se trouve à environ 150 km de Béthanie et sommes allés nous réfugier sur le parking « long séjour » de l’aéroport où nous passons la nuit normalement.
Au matin, nous prenons la direction de la frontière jordano-syrienne que nous atteignons vers 15 h ; les formalités accomplies, pas de problème à signaler ; nous retrouvons la Syrie comme nous l’avons quittée, grise et sale.
Nous retournons sur Bosra, chez notre copain Zakaryia que nous trouvons endormi sur un bat-flanc dans le restaurant vide. Une fois sorti de nimbes, celui-ci nous prépare un thé que nous consommons près d’un radiateur électrique car il ne fait pas chaud sur Bosra en ce moment. Ensuite, nous installons notre camion et passons la nuit au calme.
Nous nous sommes promenés dans Bosra et avons fait quelques courses ; le soir, Zakaryia nous a invités dans sa famille. Celle-ci occupe une des maisons nabatéennes du site antique de Bosra, c’est-à-dire une maison vieille de 2400 ans. D’autres familles bien sûr occupent encore quelques maisons mais de plus en plus, les autorités les délogent dès lors que les vieux disparaissent.
Bosra, maison nabathéenne
Bien entendu, l’intérieur a été un peu réaménagé mais les vieux murs de pierres des maisons qui n’ont pas été en terrés depuis des siècles sont toujours debout. Nous sommes dans une grande salle de 20 m2 environ, assez haute de plafond, une seule porte, une seule petite fenêtre pour communiquer avec l’extérieur et une petite cheminée ajoutée probablement. Un poêle à mazout trône au milieu de la pièce, alimenté par le goutte-à-goutte d’un petit réservoir de 2 litres environ, solidaire du fourneau. Je n’ai jamais vu ce genre d’appareil avant de venir en Syrie, mais relié à la cheminée par un tuyau en tôle, il distille une douce chaleur dans cette grande pièce.
C’est Amina, la maman qui nous fait l’honneur de sa maison. Jo et moi sommes présentés aux sœurs, belle-sœur, nièce, femme et enfant de Zakaryia ; lui et moi sommes les seuls hommes au milieu des 6 femmes dont il assume seul la charge. Des coussins disposés tout autour de la pièce, une petite étagère en bois où siège un téléviseur sont les seuls meubles ; nous nous installons autour d’un grand plat garni de nourriture servit par Malak, la belle sœur de Zakaryia.
Après le traditionnel café de bienvenue, nous dinons à même le sol ; Mounira, sœur de Zakaryia, nous sert les galettes de pain qu’elle réchauffe au corps du fourneau. Un dernier café et nous prenons congé de cette grande famille ; merci Zakaryia de nous avoir ouvert ta maison !
22 janvier 2010 – Palmyre
Par une route droite et monotone, la N3, nous avançons vers l’est de la Syrie en direction de Palmyre. C’est le désert occupé çà et là par les grandes tentes brunes des bédouins. Des troupeaux de moutons ou de chèvres lèchent les cailloux sous l’œil des bergers qui ne sont parfois que des enfants de huit ou neuf ans peut-être.
Sur la route de Palmyre
Après les pluies récentes, la steppe reverdie par endroit aussitôt investie par les troupeaux. Le temps est beau et clair et nous voyons très loin le sable et les cailloux. Les camions qui nous dépassent à grande vitesse nous klaxonnent gentiment pour nous saluer. A la tombée de la nuit, nous arrivons à Palmyre et au premier rond point, nous nous arrêtons pour demander un endroit pour stationner. Aussitôt, plusieurs personnes se mettent à notre service dont des policiers arrivés peu après nous. Tous tombent d’accord pour nous indiquer un grand parking pour bus à 300 mètres environ ; nous nous y installons parmi les enfants qui jouent au foot. Une guérite au bord de la route et un homme armé, nous serons en sécurité.
23 janvier 2010
Au matin, nous prenons la direction du site antique tout proche pour nous installer sur un emplacement de l’hôtel « Zenobia » référencé sur notre « guide Michelin ». Au milieu des ruines de l’ancienne cité caravanière, fief de la souveraine arabe Zénobie, nous sommes aux premières loges pour admirer le « château arabe » dans le soleil du matin. Dressé sur son tertre à près de 1000 mètres d’altitude, il domine la palmeraie, plus célèbre oasis d’orient déjà mentionnée dans l’ancien testament sous son nom arabe « Tadmor ».Palmyre, le chateau arabe
Nous pénétrons dans Palmyre la romaine par l’arc monumental qui ouvre sur la grande voie des colonnades longue de 1200 mètres. Nous la remontons jusqu’au temple funéraire qui en marque l’extrémité nord. Au passage nous voyons sur chaque colonne l’emplacement qui recevait les statues des divers personnages et notables de l’oasis.
Palmyre, l'arc monumental
Nous passons également devant le tétrapyle qui marque le centre du cardo ; les séismes qui ont secoué la cité au cours des âges ont enterré une partie de la voie et il est difficile d’en suivre le tracé. Depuis le temple funéraire, nous avons une vue admirable sur le site. Par la voie des colonnes transversales qui part du temple, nous nous dirigeons vers la nécropole où d’étranges « tombeaux-tours » jalonnent la vallée. Les Palmyréniens se faisaient inhumer en famille dans ces tours funéraires où dans des caveaux souterrains, les hypogées ; il en existe environ 400 autour de la ville.
Palmyre les tombeaux
La voie transversale aboutit à une place ovale. Sur la droite de la voie, une porte donne accès au « camp de Déoclétien » dressé après le déclin de Palmyre pour devenir une ville de garnison romaine. Une large voie mène au « Sanctuaire des enseignes » ; c’est là qu’étaient déposés les étendards des légions. Par la vallée des tombeaux, nous marchons jusqu’à la palmeraie où nous rejoignons la route qui conduit au « temple de Bêl » dédié au dieu favori des Palmyréniens. Ce grand temple était accessible par une rampe processionnelle qui menait à l’autel des sacrifices au centre de l’esplanade où était la demeure du dieu. Cet édifice étant le mieux conservé, il ne se visite que contre monnaie sonnante.
Nous reprenons la route des colonnades en passant sous l’arc monumental pour rejoindre par la droite le temple de « Baalsahrmin » autre dieu local auprès duquel se trouve l’hôtel « Zenobia » où nous attend notre camion.
24 janvier 2010
Au matin, j’ai rendez-vous avec un employé de l’hôtel qui s’est proposé pour laver notre camping-car qui, soit dit en passant, en a bien besoin. Une fois préparé le matériel soit un tuyau d’arrosage et un balai, notre homme ne commencera le lavage qu’une fois la somme réglée. Après bien des palabres, nous nous entendons sur un montant de 10 € qui représentent le prix moyen de 2 jours de travail pour un employé syrien.
Au milieu de son œuvre, il s’arrête et m’invite à vérifier la qualité de sa prestation qui n’est pas terrible mais que j’accepte. Notre gugusse me fait comprendre qu’il souhaite une augmentation pour terminer car ses chaussures sont trouées et il a besoin de les changer. En français puis en anglais, puis en turc (pas en syrien, je ne connais pas la langue) je l’envoie se faire voir ….. Chez les grecs. Le bonhomme sous traitera la finition à un de ses collègues, le résultat : un travail de cochon, inadmissible en Syrie.
25 janvier 2010
Toujours plus à l’est, nous prenons la route N3 qui nous mène à Deir ez Zor. Cette ville n’a rien de particulier si ce n’est qu’elle est la capitale pétrolifère de la Syrie. Elle connaît un essor nouveau grâce à l’or noir et à l’afflux des techniciens étrangers et des ouvriers venus de tout le pays. Deir ez Zor fut également une des étapes du martyre arménien. Déportée en masse en 1915 par l’armée turque, la population arménienne survivante des massacres va se réfugier à Deir ez Zor ; elle y fut poursuivie par ses tortionnaires et de nombreuses exécutions sommaires furent perpétrées. Aux alentours de la ville, ont été retrouvés dans des grottes, les ossements de dizaines de milliers d’arméniens ; un mémorial a été dressé dans l’église de la communauté.
Deir ez Zor la place Hafez El Assad
La circulation en ville est très pénibles et nous renonçons vite à trouver une place pour notre camion ; au pas, nous reprenons la route d’Alep et choisissons un espace un peu retiré juste au bord de l’Euphrate à 4 kms de Deir ez Zor. Une fois installés au bord du grand fleuve dont 600 km coulent en Syrie, nous pouvons tout à loisir observer la vie des petits villages côtiers qui nous font face. C’est la fin de la journée et les troupeaux de moutons et de chèvres viennent s’abreuver tandis que les bergers et bergères en profitent pour jouer entre eux. Si les bergers se mélangent, les troupeaux non, quelques jeunes et les chiens y veillent attentivement.
Deir Ez Zor Jo dans la ville
L’Euphrate, à l’endroit où nous sommes, fait une grande boucle et son courant est rapide dans les roseaux qui le bordent sur l’autre rive ; une foule d’oiseaux cohabitent, cela grouille de vie. Un peu plus haut sur la berge, le cadavre d’un gros animal difficilement identifiable qui pourrait être une vache ou un âne ou un cheval est la proie de deux grands chiens. Les pies, corbeaux et charognards divers se disputent leur part de butin. Un autre chien repu git dans un sommeil profond non loin de la carcasse.
Le soir qui descend sur le fleuve apporte le silence qu’un muezzin, au loin, vient troubler de son chant. A voir les eaux rapides de l’Euphrate, on a du mal à imaginer que l’eau est et sera de plus en plus un problème majeur pour la Syrie. Celle-ci, en plein développement agricole, devient de plus en plus gourmande en eau alors que la Turquie a déjà réduit le débit du fleuve de 40 % pour ses propres projets. Israël, tout en occupant toujours plus de terres palestiniennes, détourne en masse les eaux du lac de Tibériade et du Golan, obligeant ainsi la Syrie à détourner les eaux du Yarmouk provoquant ainsi des tensions avec son voisin jordanien.
Deir Ez Zor l'Euphrate
Syrie, Turquie, Israël et Jordanie se livrent une guerre de l’eau qui tôt ou tard provoquera un conflit durable.
Cela faisait environ 1 heure que nous étions couchés quand le faisceau d’une lampe électrique éclaira la chambre du camion ; j’aperçus la tête de celui qui tenait la lampe dans la fenêtre arrière dont le rideau occultant n’était pas tout à fait remonté. Je pensais à une visite policière et sortit rapidement du lit. En ouvrant la porte du camion, je vis trois individus dont le porteur de la lampe qui était tout prêt et les deux autres, en retrait. Le premier me fit comprendre qu’il voulait des cigarettes et de l’argent. Je lui criais :<< NON>> et voulais fermer la porte quand le gaillard la bloqua de la main. Je saisis le club de golf que je transporte à toutes fins utiles dans le camping-car et sautais en bas assez déterminé à ne pas m’en laisser compter. L’un des trois lascars, moins hardi peut-être, dit :<< OK ! >>parla aux deux autres et le trio disparut dans la nuit.
En remontant dans le camion, je vis Jo, debout, la poêle à frire dans une main et une scie à pain dans l’autre ; elle non plus n’était pas résolue à subir ! La nuit fut courte et l’oreille aux aguets, je fis plusieurs sorties nocturnes afin de m’assurer que tout était calme. Au petit matin, nous nous endormions du sommeil du juste.
26 janvier 2010
Nous retournons sur Deir Ez Zor et stationnons Totor dans une rue proche d’un établissement militaire et passerons une bonne partie de la matinée à déambuler dans le souk coloré de la ville. Il fait beau et nous éprouvons un grand plaisir à faire quelques emplettes au milieu de la foule bruyante des badeaux. Les commerçants arrangent la foule et nous interpellent pour nous proposer leurs produits. Des immenses étales débordent de fruits ou de légumes aux couleurs bigarrées astiqués pour la circonstance et rangés avec soin sur les planches.
Deir Ez Zor le souk
Nous rendrons visite au boulanger qui nous fera une belle démonstration de son savoir faire dans un four archaïque alimenté par une bouteille de gaz. Le commerçant d’à côté, fabriquant de pizzas tient absolument à ce qu’on lui tire le portrait et pose avec fierté devant sa vitrine.
Deir Ez Zor la cuisson des pizzas
Nous avons repris la route et rejoint le camping de Kafr Ammé où nous avons retrouvé la famille Jahr pour une nuit plus reposante avant de quitter la Syrie par la frontière de Bab al Hawa que nous connaissons bien.
27 janvier 2010
Nous faisons nos adieux à Cristel et sa famille et sous le soleil mais dans le froid soufflé par le vent du nord, nous effectuons rapidement les quelques kilomètres qui nous séparent de la frontière.
Documents en mains nous partons à l’assaut des différends bureaux, guichets, check points, de l’administration douanière syrienne. Nous rebondissons de l’un à l’autre comme balles de ping- pong au grès de chacun mais dans une bonne humeur relative. Nous nous retrouvons devant la grille de sortie deux heures plus tard mais nous n’avons pas acquitté la taxe de sortie. Il nous faut trouver le bureau qui va bien et ce n’est pas gagné. Je sens ma Jo en ébullition d’autant qu’arrive en courant notre « roi du bakchich », douanier syrien de son état. Hourra ! La main sur le cœur, il va nous sortir de notre embarras en moins de temps qu’il ne lui en faut d’habitude pour soutirer quelques livres syriennes à des gogos de notre acabit. Il nous retire des mains le papier bleu qui va bien et disparaît dans la foule des transitaires qui encombrent la zone. Il réapparaitra en petites foulées un quart d’heure plus tard tel le sauveur et nous réclame le montant de la taxe de sortie plus cent livres pour service rendu. Ma Jo qui rongeait son frein depuis un certain temps lui vole dans les plumes, récupère son papier, lui paye la taxe moins cent livres pour ses bonnes œuvres et fière comme Artaban grimpe dans son camion. Le portail s’ouvre et nous quittons la Syrie plantant là notre zigoto
éberlué. Je lis dans les méandres du cerveau de Jo comme dans un livre ouvert, je crois y apercevoir… un doigt d’honneur ! Oh ma Jo. Son sourire fait plaisir à voir.
Conclusion :
La Syrie est un pays d’histoire millénaire dont les traces y sont visibles plus qu’ailleurs peut être. Passé historique, passé religieux, passé commercial, passé d’échanges, passé de traditions, le pays s’appuie sur son passé pour survivre mais restera à mes yeux, un pays du passé. Même si le jeune président actuel a donné l’illusion d’un changement résolument tourné vers l’avenir, les vieilles habitudes et les vieilles pratiques sapent les lents progrès engagés. Les syriens sont des gens attachants au contact spontané et sincère, ils accueillent sans retenue, leur charme est indéniable. Le pays est gris et sale, l’Islam omniprésent et en plein essor. La nature y est belle par endroit même si le désert aride domine. Les grandes villes au développement anarchique dressent des immeubles de béton sans charme, les villages traînent plusieurs siècles en arrière et certains deux mille ans. Même si un certain modernisme existe ça et là, la misère n’est pas loin et une certaine résignation bien palpable.
Ceci n’est que mon humble avis, c’est mon ressenti au bout de quelques semaines passées a sillonner librement la Syrie en camping-car.
Ceci dit, je ne bouderai pas mon plaisir, la Syrie est un pays incontournable dans la vie d'un camping-cariste, j' ai éprouvé beaucoup de bonheur a faire ce voyage même si aucune structure n'éxiste pour nous.
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MARIUS: Aime le sport et les animaux
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BASILE: Aime, le judo et la musique
ALIX: Aime, les chiens et son poney
SIMON: Aime le tennis et l'école
JUSTIN: Aime le football et les Pokémon
TOUS aiment la piscine!
MES PETITS ENFANTS
Comme tous les grands pères de la terre, j'ai une affection particulière pour mes petits enfants.
Les enfants de mes enfants bien sur et ceux que les circonstances de la vie m'ont apportés.
Ils sont beaux, de plus en plus grands hélas pour moi, je ne les vois pas assez, ils me manquent.
Je sais qu'ils m'aiment aussi et que je leur manque, un grand père c'est bien encore faut-il qu'il soit présent.
Aussi, pour être auprès d'eux malgré les distances, je leur dédie cet espace,rien que pour eux et moi.
Ils me rejoindront ici chaque fois qu'ils en auront envie, ce sera notre jardin secret en attendant mieux.
Je les aime sans restriction de tout mon coeur, ils sont de ma vie, ils sont ma vie.
*Je sollicite l'autorisation des parents pour l'accès à l'ordinateur familial dans des limites raisonables bien entendu.
Bonjour mes petits enfants
Aujourdhui nous sommes a Amman (capitale de la Jordanie) dans une station Internet, pas simple a trouver par ici. J'ecris avec un clavier en Arabe donc je fais des fautes d accent vous voudrez bien me pardonner comme je vous pardonne quand vous faites des fautes .
Je sais que Noel a ete une belle fete pour tous et que vous avez recu plein de cadeaux sauf les miens, ils viendront plus tard je vous demande d'etre patients je m'en excuse.
Edgar:
Je pense aussi souvent a toi et je t,aime beaucoup, maintenant que tu as un ordinateur, tu pourras ecrire sur le blog j,en serai tres heureux.
Marius:
La Syrie est un beau pays mais l,hygiene n'y est pas la meme qu'en France. Il y a beaucoup de pauvres gens et beaucoup de gros chiens morts au bord des routes.Cependant les syriens sont des gens tres gentils qui aiment rendre service.
Je t'aime et je te fais plein de gros bisous.
Alix:
Je pense beaucoup a ma Princesse de Pont Saint Martin et bien sur chaque fois que je vois un cheval et il y en a beaucoup ici. Je suis alle visiter un grand site romain a Jerash en Jordanie.Il y a un hyppodrome et j'ai fais un tour de char romain tire par deux chevaux blancs. Je mettrai le film sur le blog des que ce sera possible.
Tu sais que je t'aime mais c'est bien pour moi de te l'ecrire. Grosses bises ma Princesse.
Basile:
Je sais que tu as ete un peu malade mais j'espere que ceci n'est plus qu'un mauvais souvenir et que tu as ete gate pour Noel. Nous avons visite un beau chateau fort (le Krak des Chevaliers ) en Syrie . Les soldats qui partaient defendre Jerusalem en Israel s'y refugiaient a l'epoque des croisades .Je pensais beaucoup a toi durant la visite car il y a encore des gros boulets en pierre dans certaines salles.Les chevaliers qui defendaient ce chateau etaient de l'ordre des "Hospitaliers' ils soignaient egalement les blesses et les pelerins. Je mettrai les photos sur le blog des que possible. Je t'aime et je te fais des gros bisous.
Simon et Justin:
J'espere que vous avez eu les cadeaux que vous souhaitiez pour Noel et que vous avez pu profiter un peu de vos grands parents de Narbone .Passez de bonnes vacances. Je vous embrasse.
Vendredi 23 Janvier 2010
Bonjour mes petits!
Nous sommes maintenant revenu en Turquie après un grand séjour en Syrie et en Jordanie. Nous avons vu beaucoup de belles choses mais nous n'avons pas pu les partager avec vous car Internet existe dans ces pays mais ne fonctionne pas bien. Ici nous sommes à Tasucu tout au bord de la mer méditérannée qui est très grosse aujourdhui, les vagues arrivent presqu'aux roues de camping-car et Jo a les "pépettes".
Voici quelques photos pour vous. J'espère que vous êtes tous en pleine forme car les vacances de février approchent à grands pas et il faut être en bonne santé pour casser les pieds de vos parents (pas de trop quand même). J'ai bien reçu le message de ma petite princesse et je lui fait plein de gros calins.
Grosses bises à vous et à bientôt!
Dromadaire à casquette à Karahaït (Turquie)
Parking à dromadaires à Petra (Jordanie)
Parking à bouricots à Petra (Jordanie)
Parking à biquettes à Petra (Jordanie)
Chien abandonné à Bosra (Syrie)
Parking à mobylettes à Myra (Turquie)Bédouine à Tasucu (Turquie)La mère Noël à Damas (Syrie)Canon anglais à Kerak (Jordanie)La forteresse de Kerak (Jordanie)Les boulets de Kerak (Jordanie)Le trésor de Side (Turquie)Squelettes de soldats morts à Kerak (Jordanie)Squelette de soldat romainPoignards bédouins24 février 2010BON ANNIVERSAIRE EDGARLes jolis cailloux
Pour se réchauffer rien ne vaut une promenade dans la montagne en fleurs
Je chemine parmi les pierres, c’est dur pour les pieds mais doux pour le cœur
C’est fou ce que l’on rencontre dans la montagne, j’ai vu de jolis cailloux
Veillant sur son trésor minéral, j’ai vu la reine des pierres et ses cheveux roux
<<N’y touche pas surtout !>> me dit-elle, je lui demandais :<<pourquoi ?>>
Quelle question idiote me répondit-elle, avance, la réponse est devant toi
Je repris mon chemin, j’ai vu une vache noire, je lui demandais :<<pourquoi ?>
Meuh, question idiote me répondit-elle, avance, la réponse est devant toi
Plus loin encore, j’ai vu un âne brun, triste, je lui demandais :<<pourquoi>> ?
Hi-han, ta question est idiote, va ton chemin, la réponse est devant toi
Au détour d’un rocher j’ai vu une tortue verte, je lui demandais :<<pourquoi>>
Enlève ton pied de ma carapace et marche encore, la réponse est devant toi
Dans un nid de jolis cailloux, j’ai vu un oiseau mort, je me dis :<<pourquoi ?>>
Quelle question idiote, de toute évidence cet oiseau a enfreint la loi
La loi de la reine des pierres qui sur son chemin lui a dit :<<n’y touche pas !>>
Volatile présomptueux, tu n’as pas résisté à la beauté des cailloux et voilà !
Un grand père doit de temps en temps faire la morale à ces petits enfants
Méditez celle de mon histoire qui s’adresse à ceux qui ne sont jamais content
Un nid de plumes sera toujours plus doux et plus chaud
Que le lit de jolis cailloux dur et froid d’un tombeau
Un Invité à bordJe l'ai rencontré par hasard sur une pierre du camping, il chauffait ses ailes aux rayons du soleil de Tasucu. Tout d'abord j'ai cru voir un visage avec deux gros yeux ronds qui me regardaient.La surprise passée, je me suis approché de lui et je l'ai pris délicatement dans mes mains. Les gros yeux ronds me regardaient fixement d'un air réprobateur mais le papillon se laissait faire, il avait compris que je ne lui voulais pas de mal. Il était aussi grand que ma main, je n'avais jamais vu un papillon aussi grand, il était magnifique de couleurs. Je lui ai fais visiter notre camping-car mais il ne l'a pas aimé alors il s'est précipité vers la fenêtre dont la lumière l'attirait. Je lui ai dis au revoir et il s'est élancé vers le soleil.Ses gros yeux me regardent!
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Maintenant, nous roulons sans relâche et atteignons Stuttgart en Allemagne où nous nous installerons sur le camping du parc du Neckar. Une fois installés, nous dinons et allons faire un tour à pieds dans les environs. Le camping se trouveàcôtéd’uneimmense place où une dizaine d’immenses structures légères sont en cours de démontage.
Les enseignes des grandes marques de bières allemandes sont encore visibles ; nous avons manqué la grande fête de la bière de Stuttgart, peut-être que demain nous aurons plus de chance à Munich, prochaine étape de notre parcours et capitale mondiale de la spécialité.
Nous marchons le long du Neckar et grimpons des escaliers qui donnent accès à un pont métallique qui surplombe la piste d’essai de Mercédès d’ où nous voyons les voitures de la marque en pleine vitesse « 176 km/h » comme le montre le panneau lumineux que nous avons sous les yeux.
Stuttgart est la ville du n° 1 allemand de l’automobile, la « Mercédès Arena » domine la ville de sa magnifique structure moderne en aluminium anodisé.
Nous regagnons le camping et passons devant le « bistro » du parc, fréquenté par un groupe d’allemands au verbe haut, compagnons indésirables que nous subissons jusqu’au matin, vu que nous sommes installés à proximité.
25 octobre 2009
Nous sommes passés à l’horaire d’hiver et alors que nos teutons tonitruants sont couchés, nous nous levons sous un ciel gris et pluvieux. Après douche et petit déjeuner, je me rends au local « vaisselle » et fais la connaissance de notre voisine allemande qui bivouaque avec son mari à bord de leur combi « Wesphalia ».
Nous entamons une conversation sur notre sport favori, le camping car, elle, en français basique et moi, en allemand rudimentaire. Malgré tout, nous nous comprenons très bien ; elle aime bien la France, surtout le sud, mais aussi les châteaux de la Loire qu’elle connaît beaucoup mieux que moi.
On parle également de Monet, son peintre préféré dont elle vient de visiter la propriété à Giverny. Parfaitement en accord sur le sujet, nous parlons de l’artiste à bâtons rompus ; elle peint en amateur à ses heures. Par instant, les mots nous manquent mais j’ai bien compris que nous nous quittions à regret. Vers neuf heures, Jo se met aux commandes de notre vaisseau et nous quittons Stuttgart pour Marbach an der Donau, entre Linz et Vienne en Autriche où nous avons repéré un camping. Nous empruntons les autoroutes qui nous permettent d’avancer rapidement mais même au « taquet », à 110 km/h, Totor, voit défiler les bolides allemands car ici, la vitesse n’est pas limitée et les péages inexistants. Nous passons la frontière autrichienne à Passau et faisons une halte pour acheter la vignette obligatoire pour circuler sur les autoroutes du pays. Je remplace Jo au volant et faisons connaissance avec le Danube que nous traversons à Degendorf, puis nous rencontrerons régulièrement le « fleuve romantique » jusqu’à Marbach an der Donau où nous trouvons notre camping juste au bord, rive gauche. Nous installons notre camion face au fleuve et regardons passer les bateaux. Aujourd’hui nous avons parcouru 608 kms mais je n’apprécie pas d’ignorer les villes magnifiques que nous traversons, mais Jo est là pour me rappeler que « c’est pour la bonne cause ».
Coucher de soleil sur le Danube à Marbach (Autriche).
26 octobre 2009
Ce matin, nous nous sommes réveillés avec le jour à 6 h 00, avant notre réveil programmé à 7 h 00. Ainsi avons-nous pu assister au lever du soleil sur le Danube par un beau temps automnal. Nous quittons Marbach à 9 h 00 et roulons en direction de Kecskemét au sud de Budapest où un camping est localisé. Il fait doux et Jo roule, décontractée, les yeux sur les Alpes que l’on devine au loin.Par l’autoroute M1, nous entrons en Hongrie à Neckeldorf où il faut s’acquitter du prix de la « vignette » autoroute à 1170.00 HUF soit 5.50 €, décomposé ainsi :
H Matrica (vignette) 4 napos (4 jours) 936.00 HUF
WW 25.00 % (TVA ?) 234.00 HUF
Készpénz (total) 1170.00 HUF
Ici, il faut rouler feux de croisement allumés. Le brouillard tombe au fur et à mesure que nous avançons. Sur cette autoroute circule un nombre incalculable de camions, c’est la seule grande voie de circulation reliant l’est à l’ouest, la Hongrie est la plaque tournante du fret provenant de Turquie et au-delà, à l’est, la Grèce, la Roumanie, La Bulgarie, la Tchéquie, etc.… Toutes les grandes sociétés européennes de transport sont présentes à Györ et Budapest.Aux abords de Györ, nous surplombons la ville et l’image que nous avons sous les yeux semble sortie d’un album de l’époque soviétique ; tous les immeubles sont laids.Nous sortons de l’autoroute pour entrer dans la ville de Kecskemét et arrivons devant le camping de la ville qui est fermé et en réparation. Nous nous installons sur le parking du stadium qui se trouve juste en face et j’irai assister à une séance d’entraînement de l’équipe fanion de football. A 16 h 00, la nuit est tombée mais la ville vit. Nous voyons encore circuler quelques Traban.
Budapest
27 octobre 2009
Il a plu cette nuit mais le soleil est revenu vers 8 h 00. Nous nous sommes réveillés avec le jour à 6 h 00. Je suis content car notre chauffe eau fonctionne très bien et nous avons pris notre douche à bord. Un peu de chauffage pour tempérer la cellule et nous petit-déjeunons avec les infos de « France Infos ». Nous nous remettons en route et faisons une escale à « Auchan » Keczkémet pour liquider les 4000 forints hongrois qu’il nous reste soit 18 €. 1 € = 212,727 HUF 1 HUF = 0,00470 €
Nous passons la frontière hongro-serbe à Röske ; il est 10 h 00, nos passeports sont passés à la loupe par une douanière hongroise blonde et par un douanier serbe coincé qui monte à bord histoire de voir comment est l’intérieur plus que pour vérifier si nous ne transportons pas un passager clandestin . La Serbie est une immense plaine agricole, plate comme la main traversée par l’autoroute E75 quasiment rectiligne. Nous apercevons Novi Sad sur notre droite et traversons Belgrade en pleine reconstruction et le Dunav (Danube serbe). Nous n’apercevrons que ça et là quelques villages au loin mais n’en verrons véritablement aucun durant toute la traversé de la Serbie.
A quelques kilomètres au sud de Belgrade, nous stationnerons sur une aire de camping dans la cour d’un motel, il est quinze heures et nous avons parcouru 340 kms. J’en profite pour faire le plein d’eau et remplacer un fusible car il n’y a plus de voyant d’huile moteur, de freins, d’escalier escamotable depuis Metz, après l’intervention chez Mercedes. Je n’attendais que l’opportunité pour le faire mais ce que nous n’avions pas remarqué, c’est l’absence de feux stop et du klaxon, autrement dit, nous naviguons depuis Metz sans stop ni klaxon. C’est en regardant le schéma électrique et après essai que je me suis rendu compte de la chose. Le fusible changé tout est rentré dans l’ordre.
La nuit tombe vite par ici, donc nous fermons la maison jusqu’à demain. Nous passerons en Bulgarie et comptons traverser Sofia et arriver à Plovdiv.
Plaine Serbe
28 octobre 2009
Nous avons donc passé la nuit sur le parking du motel « Jerina » au bord de l’autoroute et nous l’avons bien entendu ! J’ai pris ma douche dans une chambre du motel car le camping est fermé. Jo préfère celle du camion.Nous reprenons la route vers 8 h 30 en direction de Nis et Plovdiv ; il fait beau. La plaine serbe se déroule devant nous où les labours sont en cours. Nous passons Nis et le paysage change sensiblement, il devient plus vallonné.Nous quittons l’autoroute pour la nationale E80 et Jo lève le pied car la route est un peu cabossée.
Plus nous approchons de la frontière bulgare, plus la route s’élève ; nous entrons dans la vallée de la « Stara Polamina ». La région est pauvre, les maisons de briques rouges sont tristes.Nous longeons la rivière « Nisasa » qui se faufile dans les gorges de la « Sava Plamina » à « Sicevo ». Nous suivons cette rivière jusqu’à la frontière de « Dimitrovgrad ». Le passage de celle-ci se fait avec le sourire de la douanière bulgare qui nous souhaite un bon voyage en français après avoir visé nos passeports. Un arrêt au bureau de change pour prendre quelques « Leva » (1 € = 1,90 leva) et la vignette pour l’utilisation de la seule autoroute existante (en partie) qui traverse le pays. Il nous en coûte « 10 leva » pour 7 jours d’utilisation maximum.
Village Bulgare
J’ai lu et entendu à « Radio Camping-car » que la Bulgarie avait du mal à rompre avec son passé bureaucratique ; j’ai pu vérifier le contraire, ce peuple européen en devenir nous ouvre ses portes avec le sourire. Les quelques villes que nous traversons ne peuvent pas renier leur architecture soviétique, si tant est qu’il existe une architecture soviétique tant les immeubles sont affreux. Cependant, de beaux immeubles modernes commencent à se montrer ça et là et de grosses berlines de toutes marques se pavanent au milieu de la flotte bas de gamme dont de vieilles Lada et Traban et autres guimbardes sans nom ni âge.
La douane Bulgare
Nous entrons dans les faubourgs de « Sofia » ou plutôt les bidonvilles, véritables villages de tôles et de planches où sont installés des « Roms ». Là aussi se côtoient l’urbanisme communiste et les immeubles modernes ; je pense que le changement est en cours après des décennies d’immobilisme. Les tramways usés occupent le centre des grands boulevards rectilignes de la capitale que l’on traverse somme toute assez facilement.
Sofia
Un chien errant traverse la route juste devant notre camion, Jo, debout sur le frein, l’évite de peu, les cœurs battent à 100 à l’heure. Puis nous retrouvons les mornes plaines agricoles de la « Rossovo Dolina » jusqu’à Plovdiv que nous atteignons vers 16 h 00. Nous nous promenons dans les faubourgs de cette ville industrielle à la recherche d’un hypothétique camping, mais la nuit tombante nous pousse vers une friche industrielle où nous nous installons pour la nuit. Nous avons parcouru 500 kms.
SOFIA
29 octobre 2009
Levés tôt car réveillés par les bus qui amènent de la ville les ouvriers travaillant dans les ateliers du quartier. J’ai une pensée furtive pour ces hommes et ces femmes que j’imagine, dans la nuit hivernale, rejoignant sous l’éclairage glauque des quelques lampadaires existants, leurs ateliers de tôles rouillées d’où dépasse du toit un pauvre tuyau crachant une fumée grise. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens subitement heureux de reprendre la route. En avant, Jo !
Nous rejoignons l’autoroute M1 qui bientôt se transforme en route E80 (l’autoroute n’étant pas terminée). Les tronçons roulants succèdent aux autres plus cabossés et nous traversons la steppe bulgare et quelques villages vestiges d’un autre âge où les gens cultivent des choux au bord de la route et vendent des cucurbitacées 0.20 Leva la pièce.
Nous passons la frontière à « Svilengrad » ; les douaniers bulgares nous font passer sans attendre et arrivons à la douane turque, immense et moderne. Le passage se fait sans problème et le premier chant que nous entendons est celui du muezzin de la belle mosquée immédiatement après la douane. Il est midi ou plutôt 13 h 00 car nous entrons en Turquie qui n’est pas encore en Europe.
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