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    Les Capitales Européennes du Danube

     

     

    BULGARIE

     SOFIA

     

    15 Avril 2010

     

    Arapovsky Monastyr

    Sur la route E80 qui traverse la Bulgarie, nous avons fait un détour par le monastère « Arapovsky Monastyr » près d’Asenovgrad au sud de Plovdiv.  La route qui y mène est défoncée et on traverse les petits villages bulgares où le printemps s’installe doucement. Le pays est pauvre, les maisons d’un autre âge ; ici l’âne et le mulet sont encore en activité ; on croise des charettes qui vont aux champs.

    Il faut quitter la route défoncée pour emprunter un chemin boueux sur 1 km avant d’arriver devant le mur d’enceinte du monastère. La porte est ouverte et c’est le pope qui nous accueille en anglais. Vêtu de noir à la mode catholique orthodoxe orientale, il porte longs cheveux et barbe noire. Il nous explique l’histoire de son monastère où il vit seul avec quelques domestiques qui actuellement ramassent les feuilles autour de la petite chapelle à l’extérieur des murs du monastère.

     

     

    La chapelle de la source.Monastère Arapovsky

     

    La Bulgarie est divisée en 13 diocèses dans lesquels une multitude de monastères d’hommes ou de femmes sont répartis. Arapovsky Monastyr est dédié à Sainte Nedelia ; il est le seul à avoir été fondé durant le règne ottoman en 1856. Le pope nous ouvre les portes et nous pouvons admirer l’iconostase de l’église dont une partie raconte en peinture murale l’histoire de deux frères guerisseurs : Cyril et Méthode. Ceux-ci opéraient à partir d’une source aujourd’hui abritée dans la chapelle à l’extérieur du monastère.<o:p></o:p>

     

       Icône de la chapelle Arapovsky   

     La légende veut que 11 petits enfants aient été guéris par les frères et que les mamans de la région y mènent leurs nourrissons pour obtenir la protection des saints hommes. Le Pape Jean Paul II a d’ailleurs proclamé les deux frères co-protecteurs de l’Europe en 1980. Nous allons ensuite visiter la petite chapelle à la source miraculeuse et saluons au passage les cinq dames chargées du nettoyage des feuilles.

     

     Le Pope d'Arapovsky

    Nous remercions chaleureusement le pope pour son accueil et laissons derrière nous, dans son nid de verdure, le petit monastère de Sainte Nedelia.

    Nous retrouvons la route de Plovdiv puis celle de Sofia et faisons halte sur une aire de repos de camions pour y passer la nuit. Ma Jo, qui a des envies de frites depuis un moment déjà, fera honneur aux barquettes servies au restaurant du relais-routier, arrosées d’une bière locale insipide.

     

     

    16 – 17 avril 2010

     Le camping Vrana

    Il a plu une grande partie de la nuit, les frigos des camions, le va et vient du ceux-ci ont perturbé notre sommeil et c’est un peu vaseux que nous reprenons la route de Sofia que nous avions traversée en octobre 2009, sous le soleil. Aujourd’hui, nous l’abordons sous la pluie. Nous apercevons par hasard un camping à 10 km de l’entrée de la ville et nous nous y installons. C’est le Vrana, donné pour 3 étoies mais les étoiles sont éteintes.

    Le camping est installé sous de grands arbres au bord de l’Iskâr affluent du Danube. Il comporte plusieurs bungalows dont un nous sert de sanitaires. Deux prostituées font les cent pas sous la pluie en attendant qu’un client leur offre un abri temporaire dans l’un des bungalows que la tenancière des lieux met à leur disposition. Oui ! c’est un camping « de passes », je ne savais pas que cela existait.

     

     

     

        Vue de l'arrêt de bus à Sofia    

    Nous prenons le tramway à 500 mètres du camping pour rejoindre le centre de Sofia. Le véhicule est une antiquité de l’ère soviétique ; il musarde parmi les quartiers populaires de la banlieue, vieux immeubles blockhaus d’une laideur extrême sous un ciel bas et gris ; les rues cabossées balayées par la pluie ; c’est d’un glauque et d’un triste à pleurer.

    Les gens qui montent ou qui descendent sont tristes, les quelques drapeaux qui pendent sur leur hampe au fronton des immeubles publiques sont tristes. La Bulgarie est un petit pays de 110 000 km2  environ, d’une population totale de 7,5 millions d’habitants (il y a 12 millions d’habitants rien qu’à Istanbul !) ; on y voit peu d’activité, ce pays n’a rien, ce pays n’est rien !

     

       Cathédrale Alexander Nevsky à Sofia   

    Dans l’hyper-centre trônent les grands hôtels de Sofia dont le Sheraton d’où une noce sort pour se rendre à l’église Alexander Nevski un peu plus loin. Les jeunes mariés posent devant des Mercedes de collection tandis que la famille fait le pied de grue sur les marches de l’hôtel. 

     

      

     La mariée de Sofia   

    Sur la place Saborna en face de l’hôtel Sheraton, sont plusieurs églises aux beaux clochers à bulbe ; pour tout dire, dans le carré compris entre les quatre grands boulevards du centre de Sofia, on compte pas moins de 15 églises orthodoxes, une grande mosquée dont le minaret ne passe pas inaperçu et la synagogue Eksaa Yosif.

    A côté de la place Ste Nedelya, un beau bâtiment et une place ornée de jardins, de jets d’eau et de bancs ; c’est le magnifique palais de justice.

     

     

    Le palais de justice de Sofia

     

    Puis l’opéra ballet national, le grand théâtre Ivan Vazov, entre le grand hôtel de Sofia et le grand hôtel Bulgaria. Après le boulevard Patriach Evtiumiy, au sud, se trouve la grand place Bulgaria avec ses bassins, ses jardins, ses grandes allées et ses escaliers qui mènent au plus grand centre commercial de Sofia.

     
     
     
     
    Place Bulgaria à Sofia 
     
     

     

    Dès que l’on quitte le centre ville, on retrouve les vieux immeubles décatis, les belles constructions modernes que l’on rencontre sont des tours, propriétés de banques ou de grandes enseignes commerciales internationales. Quant on déambule sur les  trottoirs, beaucoup de petits commerces sont à hauteur de ceux-ci, les produits sont disposés à terre et le commerçant attend à sa fenêtre au niveau du sol.

     

     

    Le commerce à ras de terre à Sofia

    Il y a également beaucoup de salles de jeux dont l’enseigne aguiche les passants. Nous reprenons notre tramway bleu n° 4 pour un petit tour dans les rues noires de banlieue et rejoignons le camping à l’entrée duquel  les deux demoiselles battent la semelle ; nous les saluons poliment.

     

    SERBIE

    BELGRADE

     

     

    18 avril 2010

    La pluie a encore arrosé le campement cette nuit mais au matin le ciel est plus lumineux quand nous reprenons la route. Nous passons la frontière bulgare sans problème puis la frontière serbe avec le contrôle succinct du camion par une grande « quenouille » blonde peu amène.

    Jo échange son reliquat de Leva contre un stock de billets serbes multicolores et nous reprenons notre chemin sur l’autoroute E80 quasiment désert. Il fait bon et nous regardons défiler le paysage agricole de la Serbie à travers les carreaux de notre camion. Après Nis, on rejoint l’E75 et une aire de repos où nous passons la nuit pour 1000 dinars (environ 10 euros) électricité comprise.

     

    19 avril 2010

     

    Ciel gris, vent d’est, pluies éparses, c’est le menu météorologique du jour. La nuit a été bruyante comme chaque fois que nous stationnons sur les aires de camions. Nous roulons 3 heures environ et atteignons Belgrade vers 14 h 00. Nous avons un peu de mal à trouver notre camping dans le nouveau Belgrade mais avec l’aide d’un monsieur qui parle bien le français, nous trouvons notre chemin et le camping….. qui n’existe plus. L’endroit est encore un parc à camions où nous nous installons malgré tout.

    L’arrêt du bus 75 qui mène au centre-ville est tout proche et nous partons en repérage. Belgrade est le lieu de confluence de la Sava rivière qui prend sa source en Slovénie et du Dunau (Danube) dans lequel elle se jette, séparant la ville en trois parties :  Le New Beograd (nouvelle Belgrade) compris entre la rive gauche de la Sava et la rive droite du Danube, Stari Grad (l’ancien Belgrade), compris entre la rive droite de la Sava et la rive droite du Danube ; la banlieue populaire se trouve au-delà du Danube, rive gauche.

     

     Le marché à Belgrade

    Pour aller du New Beograd à Stari Grad, il faut emprunter le pont  Brankova  qui enjambe la Sava et notre bus nous dépose au terminus, à côté d’un beau petit marché dont les bâtiments des halles sont peints en rouge et blanc. Autour des halles, est le marché de plein air dont les étals débordent  de fruits et légumes colorés. Nous nous dirigeons vers l’extrémité nord de la ville qui se trouve à la confluence de la Sava et du Danube.

     

     La citadelle dans le parc Kalemegdan

    Un immense parc, le Kalemegdan, met en valeur la vieille citadelle et le fort construit par les légions romaines de Flavius au premier siècle de notre ère.

     Cathédrale St Michel de Belgrade

    Au sud-est du parc s’élève la magnifique cathédrale orthodoxe de Belgrade, dédiée à l’archange Saint Michel, construite en 1845 sur les ruines de l’ancienne église détruite par les ottomans au seizième siècle. Elle élève son superbe clocher  vert et or à 45 mètres  de hauteur et étale sur ses murs intérieurs une iconographie impressionnante où l’or rutile sous les lumières des immenses lustres de cristal.Il est interdit de photographier l’intérieur des églises orthodoxes, dommage pour nos blogueurs !

    Au passage, nous découvrons la rue des ambassades dont celle de la France, un peu désuète à côté de celle de l’Autriche.

     

     L'ambassade de France à Belgrade

     

    20 avril 2010

     

     Le Danube vu depuis la forteresse de Kalemegdan

    Nous reprenons notre bus n° 75 direction le centre ville ; le temps est frais et humide. Nous passons une partie de la journée dans le parc Kalemagdan à découvrir Belgrade des hauteurs de la forteresse dont nous faisons le tour. Ici les statues de bronze des personnalités importantes de la  Serbie sont déposées un peu partout. Celle que l’on voit de loin, au-dessus de la colonne qui domine la ville et en est le symbole : la statue de Pobednik « Le Victor »

     Le "Victor" de Pobednik

    Plusieurs portes incluses dans la forteresse permetten t d’accéder à ce qui fut le coeur de la défense de la cité d’où la vue est imprenable sur l’ensemble de la ville. Le parc est populaire, très fleuri et les couples d’amoureux s’y donnent rendez-vous sur les bancs ou sous les arbres.

     L'église de Ste Petka

    Le clocher vert surmonté d’une croix d’or qui dépasse des remparts est une église orthodeoxe, St Petka, dont l’entrée principale est gardée par deux soldats de bronze. L’intérieur est impressionnant d’or et d’icones ; nous nous faisons rappeler à l’lordre par la « Gorgone » qui garde les lieux car nous avons fait quelques photos profitant fourbement du défaut de signalisation de l’entrée que nous avons empruntée.

     L'or et l'argent de Ste Petka

    L’incitation aux dons est permanente, à chaque statue, tableau, autel, porte, des troncs ou plateaux sont disponibles. Il faut de l’argent pour entretenir l’or et l’église orthodoxe est riche en or.

     La chapelle de Ste Ruzica à Kalemegdan

    Un peu en contrebas, une petite chapelle : c’est St Ruzica, richement décorée également ; elle est comble aujourd’hui et l’assemblée recueillie écoute pieusement le prèche d’un jeune pope barbichu. Une petite source sur les lieux apporte ses bienfaits aux croyants depuis l’époque romaine ; chacun vient ici avec sa fiole qu’il vient faire bénir.

    Nous allons au centre ville à la recherche d’un Internet Café pour mettre notre blog à jour ; deux jeunes , sollicités, nous mènent dans une cour et nous trouvons notre bonheur. Le claviers et logiciels en cyrillique nous découragent et nous retournons à notre camion par le bus 75.

     

    21 avril 2010

     

     Rue "Knez Mihallova" à Belgrade

    Ce matin, il fait beau et chaud et nous retournons en ville pour flaner dans la plus grande rue piétonne de Belgrade « Knez Mihallova ». C’est ici que se retrouve la jeunesse pour se consacrer au shopping ou à la détente aux terrasses des nombreux bars qui la bordent. Les musiciens des rues donnent l’aubade aux passants, les grands magasins de vêtements, de parfums et autres sont investis par les jeunes et belles belgradoises et les boutiques de souvenirs, par les touristes.

     Le musée militaire de Kalemegdan

    Nous remontons les escaliers qui mènent au parc Kalemegdan pour y visiter la citadelle et le grand musée militaire dont l’armement lourd est exposé sur les pelouses des anciennes douves. Sur le chemin, nous avons accès à la tour de l’observatoire d’où le point de vue panoramique est superbe d’autant que quatre paires de jumelles sont à notre disposition orientées aux quatre points cardinaux.

    Nous découvrons particulièrement les grandes iles dont « Ada Ciganlija », sur la Sava, qui est une zone verte très fréquentée l’été. Celle de « Ratina Ostrova » juste à la confluence des deux fleuves et « For Kontunac » et «Cakjanac » sur le Danube.  Toute la ville de Belgrade est à nos pieds et l’or des bulbes des églises orthodoxes rutile sous les rayons du soleil. Nous n’avons pas accès au téléscope qui domine la tour, c’est dommage.

     Il a bonne mine le Pat!

    Puis, par la porte »Karageorge », nous pénétrons dans la forteresse et le musée militaire. Ici tous les canons, obusiers, chars légers et lourds, chenillettes, torpilles et mines marines, bombardes de toutes les nations et de toutes les guerres sont allignés en rang d’oignons. Le musée militaire intérieure passe en revue l’armement, les costumes et décorations depuis le moyen âge jusqu’en 1945 et les épopées militaires serbes en passant un peu sous silence l’époque de la Yougoslavie. 

    Le monument "Gratitude à la France"

    En descendant de la forteresse, nous traversons à nouveau le parc et passons devant le monument « Gratitude à la France » qui exprime la reconnaissance de la cité à la France et aux héros de la deuxième guerre mondiale.

     

    HONGRIE

    BUDAPEST

     

    22 avril 2010

    Nous avons quitté Belgrade par un beau soleil de printemps pour rejoindre Budapest, capitale de la Hongrie ; toutefois, nous ferons une halte à Kecskemet où nous pensions stationner sur le camping de la ville qui était en travaux lors de notre voyage aller. Hélas, les travaux sont toujours en cours mais c’est un projet de parc aquatique qui est en œuvre ; le camping n’existe plus.

     Totor sur le parking à Keskemet

    Nous rejoignons donc le parking du stade juste en face, nous l’avions déjà occupé en octobre 2009.

     

    23 avril 2010

     

    Rien à signaler pour cette étape ; nous prenons la route E75 de Budapest. Il fait très beau ; Jo me dépose au bord de la route et m’attend une dizaine de kilomètres plus loin en tricotant. Ainsi je peux effectuer ma séance de marche à travers la campagne hongroise. Comme d’habitude, nous évitons l’autoroute et comme la route nationale E75 se confond avec l’autoroute 75 dès Kecskémet, nous arrivons au sud de Budapest par la route n° 5 parallèle.

     Le pont des chaînes à Budapest

    Notre camping se trouve au nord de la ville à Obuda, sur la rive droite du Danube. Nous longeons le fleuve (Duna pour les hongrois) par sa rive gauche jusqu’au périphérique central et nous passons sur l’autre rive par le célèbre « pont des chaînes », magnifique ouvrage supporté par deux énormes piliers, gardé à l’est et à l’ouest par quatre lions de pierre et orné aux deux frontons des blasons de la nation dont la couronne royale à la croix penchée et la croix de Lorraine.

     Budapest vue du Palais Royal

    Le Danube est large et majestueux ; première déception, il n’est pas bleu mais brun et charrie quelques déchets. Il sépare la ville en deux parties, Buda à l’ouest et Pest à l’est. Une dizaine de ponts relient les deux villes qui ont été unifiées le 1 er janvier 1873 pour former Budapest. Au passage nous admirons sur l’autre rive l’immense parlement hongrois et sa coupole en étoile, symbole de la ville.

    De grands bâteaux se croisent sous le pont Margit ; puis nous admirons l’ile Marguerite (Marguitsziget) qui s’étend jusqu’au pont Arpad, au nord. C’est le poumon vert de la capitale, le Central Park de la ville où des centaines de personnes viennent s’oxygéner chaque jour.

    Sur le boulevard Budai Rakpart, après le pont Arpad, nous longeons le site romain d’Aquincum et nous atteignons Romai Camping où nous resterons quatre jours. Le camping est un peu vétuste mais une station de métro est à 300 mètres, nous pouvons aller en ville sans problème.  Jo profite de la machine à laver pendant que j’installe notre camping car et nous passons une nuit au calme dans les senteurs de lilas qui fleurissent partout.

     

    24 avril 2010

     Eglise Ste Anne à Budapest

    Ce matin nous prenons le métro qui nous dépose au terminus de la ligne et par les escaliers nous arrivons sur la place où se dresse la magnifique église Sainte Anne aux deux clochers, pur produit de l’art   baroque hongrois.

     

    Au centre de Pest la zone piétonne

    Nous sommes à Buda qui est la partie la plus valonnée la plus verte et la plus résidentielle, contrairement à Pest qui est plane et plus moderne et qui accueille les centres commerciaux, les banques, le parlement, les ministères, les théâtres, les cinémas, les musées et une grande et belle zone piétonne.

    Rapidement, nous sommes au bout du pont des Chaînes magnifique ouvrage qui comme l’ensemble de la ville a été détruit plusieurs fois au cours de son histoire et chaque fois reconstruit dont la dernière fois après la guerre de 39/45. 

     Jo devant le Palais Royal de Budapest

    Nous sommes au pied de la colline du château en fait le Palais Royal érigé au 12 ème siècle ; il a subi également de nombreuses destructions notamment durant l’occupation turque où il fut rasé puis reconstruit sous le règne de Marie Thérèse d’Autriche, période où il connut une nouvelle splendeur avant d’être à nouveau détruit durant la guerre d’indépendance nationale. Il renaît de ses cendres dans la secondre moitié du 19 ème siècle dans un style néo-baroque avant de retomber pendant la dernière guerre mondiale. Restauré dans les années 50, ce palais majestueux abrite aujourd’hui différents musées, la bibliothèque nationale et la galerie nationale hongroise.  

    Devant l’entrée se dresse la statue du prince Eugène de Savoie. Par les escaliers et chemins très raides, nous arrivons sur la terrasse d’où on domine Budapest et le Danube ; la vue est magnifique sous un ciel immaculé et un soleil ardent. Nous allons également visiter le musée de la forteresse, en fait le bunker souterrain qui permit aux soldats SS lors de la dernière guerre de résister longtemps à l’assaut des troupes soviétiques.

    Dans le bunker du musée de la forteresse à Budapest

     Mais, il finira par tomber et aujourd’hui des salles reproduisen t la vie des soldats dans cet ouvrage.De nombreuses photos de la souffrance du peuple hongrois prouvent la dureté de l’épreuve subie.

     Le bastion des pêcheurs

    Du palais royal, nous nous rendons au bastion des pêcheurs avec ses petites tours  blanches et ses escaliers qui longent à l’est le platreau de la colline en suivant le parcours des anciennes murailles médiévales. On y jouit d’un panorama exceptionnel sur Budapest.

     L'église Ste Mathias

    Sur la colline, nous visitons également l’église de Matthias qui domine la place de la Sainte Trinité. Cette église, dont quelques restes remontent à 1255, a servi de mosquée durant l’occupation turque et abrite les tombeaux du roi Bela III et de son épouse Anne de Châtillon. Sur la place de la Sainte Trinité, trône la statue de Saint Etienne, fondateur de l’état hongrois.

     Les cyclistes sous le pont à Budapest

    Du haut de la colline, nous assistons à une concentration extraordinaire de cyclistes qui, depuis la place Roosevelt, de l’autre côté du pont des Chaînes, s’élancent sur le pont, puis, après avoir contourné le rond point Clark Ter s’engouffrent dans le tunnel creusé sous la colline en hurlant à pleins poumons. Ce tunnel est normalement interdit aux cyclistes comme le prouve le panneau à l’entrée, pour cause de pollution.

    En fait, cet évènement est organisé pour attirer l’attention des dirigeants sur la pollution et les risques écologiques. Durant deux heures, une file ininterrompue de plusieurs milliers de bicyclettes de toute nature traverse le souterrain dans une ambiance bon enfant en criant à tue-tête leurs slogans.

     

    25 avril 2010

     Le parlement de Budapest

    Aujourd’hui, nous visitons le quartier Pest  avec en vedette le parlement, célèbre bâtiment de style néo-gothique, long de 300 mètres, large de 96 mètres ; il comprend 691 pièces et 27 entrées. Sa décoration a nécessité 41 kg d’or ; il devait impressionner les « yeux des amis et des ennemis », comme le souhaitait le premier ministre à l’époque de sa réalisation en 1902.

    Face au Duna, sa coupole et ses pilastres me font penser un peu à « Jeronimo », à Lisbonne. Sur l’autre face, il donne sur la grande place de Kossuth Lajos Ter, entourée d’édifices monumentaux tels que le musée ethnographique et le ministère de l’agriculture. Il est orné de 223 statues, son entrée principale est gardée par 2 lions en bronze au pied de l’escalier d’honneur. A l’intérieur sont exposés les joyaux de la couronne hongroise.

     Le parc de l'île Marguerite à Pest

    Puis, par le pont Marguit, nous allons passer l’après midi dans l’immense parc de l’ile Marguerite jadis réserve de chasse royale. Le roi Bela, lors des invasions barbares, promit sa fille Marguerite à Dieu si celui-ci l’aidait à libérer son pays.

    La tombe de Marguerite

     La petite fille âgée de 9 ans fut enfermée dans un couvent de dominicaines construit sur l’ile pour la circonstance et y mourut à 28 ans. Si cette princesse n’a pas profité de sa vie, elle profitera de l’éternité car elle fut canonisée en 1943, une pierre tombale dans les ruines du monastère en témoigne.

     Bassin de l'île Marguerite

    L’ile Marguerite est un vaste jardin sous les arbres ; les bassins, parterres de fleurs, jets d’eau, jeux pour enfants, pistes de sports complètent les équipements thermaux, balnéaires et zoologiques préexistants. Une foule considérable vient s’y détendre en famille et bronzer sur les pelouses.

    Le parc de l'île Marguerite

    C’est la saison des amours, dans les roseaux du ruisseau qui traverse l’ile, les grenouilles se font entendre et le spectacle des accouplements batraciens attire bon nombre de spectateurs. La jeunesse n’est pas en reste et roucoule derrière les buissons ou à même les pelouses. Que c’est beau ! C’est beau ! la vie !

    Grace au métro, nous sommes vite à notre camping où un peu de repos dans notre camion n’est pas un luxe ; nous parcourons beaucoup de kilomètres à pieds et ceux-ci nous rappellent à l’ordre.

      

    26 avril 2010

    Nous retournons à Pest pour visiter le centre historique qui est en gros la cité médiévale dont quelques pans sont encore visibles.L’église paroissiale du centre-ville fut également détruite puis reconstruite plusieurs fois ; elle conserve un « mihrab » à l’intérieur, seul exemple de l’occupation turque dans une église hongroise. Beaucoup d’églises élèvent leur clocher dans la capitale mais celle de Saint-Etienne est probablement la plus remarquable.  

     Le style "Liberty"

    Pest est très animée car les grandes rues piétonnes sont très fréquentées par les habitants et les touristes ; les nombreux restaurants et bars y ont installé leurs tables. Le cœur commercial de Budapest est la « Vörömartyrler » à l’ambiance très 19 ème siècle ; de nombreux  immeubles de style « liberty » gardent l’ambiance romantique du temps passé.

    Budapest est aussi la « cité des eaux », de nombreux bains et hammams y sont très prisés, notamment sur le mont « Gellert » où les thermes sont très fréquentés. De nombreuses sources  ont fait la réputation des lieux depuis l’époque romaine ; les clients viennent s’y immerger et jouent aux dames ou aux échecs.

     Statue de "Sissi"

    Cette belle ville de Budapest est un vrai bonheur pour les visiteurs que nous sommes. Il faudrait des semaines pour en faire la découverte. Elle est incontestablement une des plus belles villes que nous ayons traversées, je pense que le beau Danube, même s’il n’est pas bleu, lui donne un charme supplémentaire que la monarchie autrichienne appréciait du temps de son règne ; Elisabeth, la « Sissi » des bibliothèques roses séjourna souvent dans le palais royal. Nous rencontrons souvent sa statue dans Budapest, notamment au pied du pont qui porte son nom et qui fut reconstruit après la dernière guerre.

    Nous quittons cette belle capitale avec regret car un peu frustrés de ne pas en avoir fait toute la connaissance.

    SLOVAQUIE :

    BRATISLAVA

     

    27 avril 2010

     

    Nous continuons notre « tournée » des capitales du Danube par la visite de Bratislava, capitale de la Slovaquie. Nous sommes partis assez tard et avons musardé sur les petites routes de la campagne. Nous avons longé le Danube qui est la frontière entre les deux pays. J’ai passé la nuit sur un petit camping proche de Rajka, à quelques minutes de la frontière.  Ce petit coin de verdure sur la Lejta affluent du Danube et très sympa ; nous sommes sur une ile, la rivière est très rapide, favorable à la pratique du canoë comme le prouvent les aménagements et les bateaux présents sur les berges.  

    Des pêcheurs y pratiquent la pêche au carrelet, filet en forme de parapluie qu’ils manœuvrent grâce à une poulie.

     

      28 avril 2010  

     

    Nous franchissons la frontière hongro-slovaque où il n’y a pas âme qui vive.


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    VOYAGE EN TURQUIE

     

    29 octobre 2009

    Nous passons la frontière à « Svilengrad » ; les douaniers bulgares nous font passer sans attendre et arrivons à la douane turque, immense et moderne. Le passage se fait sans problème et le premier chant que nous entendons est celui du muezzin de la belle mosquée immédiatement après la douane. Il est midi ou plutôt 13 h 00 car nous entrons en Turquie qui n’est pas encore en Europe.

    Là, de grandes étendues agricoles se déroulent de part et d’autre de l’autoroute ; tout est encore vert, l’automne n’est pas encore arrivé jusqu’ici. Jo évite de justesse un chien errant ; là encore les cœurs battent rapidement. Le premier en Bulgarie était noir, celui-ci est blanc, pourvu qu’il n’y en ait pas un troisième.

     Sur l'autoroute vers Istanbul

    Une prostituée turque fait les cent pas sur la bande d’arrêt d’urgence, un pépère se déplace en vélo, également sur la bande d’arrêt d’urgence.

    En approchant d’Istanbul, nous voyons de beaux villages aux maisons modernes. Quel contraste avec la Bulgarie ! La circulation augmente considérablement sur la grande autoroute E80. Pour la première fois, nous apercevons la mer de Marmara avec ses constructions côtières multicolores.

     Au fond la mer de Marmara

    A hauteur de Tepedik, nous voyons la route côtière victime des dernières inondations du mois d’octobre où les engins de chantier sont encore en action. Dans une légère descente vers Mahmutbey, nous avons une vue panoramique sur l’immense mégapole d’Istanbul, ville entièrement tournée vers le commerce tant les panneaux publicitaires et enseignes lumineuses sont dans le paysage.

    Nous restons sur l’E80 qui contourne le grand Istanbul car nous avons pour objectif le camping AKKAYA à Akçakèse, au bord de la mer  Noire. La nuit tombe rapidement et il nous reste encore une soixantaine de kilomètres à parcourir.

    Dès que nous quittons l’autoroute en direction de « Silé », nous sommes pris dans un embouteillage important mais surement habituel car une cohorte de vendeurs à la sauvette slaloment entre les véhicules pour essayer de vendre leur pacotille aux conducteurs pris au piège.

    La route que nous empruntons est très dégradée et de nombreux travaux  y sont en cours ; il fait nuit noire quand nous atteignons le camping en bas d’une descente vertigineuse crevée de nids de poules. Nous apercevons la mer Noire et entendons le bruit des vagues.

    Nous sommes les seuls camping-caristes du site ; nous nous installons sous une petite pluie qui va augmenter crescendo et battre à nos fenêtres toute la nuit.    Nous avons parcouru 527 kms.

     

     

    30 octobre 2009

    Le vent qui vient  de la mer Noire que nous avons devant nous, rafale toute la journée et les bourrasques de pluie vont nous contraindre à rester cloîtrés dans notre camion une grande partie de la journée. Le camping est tout en pente et beaucoup de petits bungalows en bois y sont installés. Les propriétaires ont voulu donner un air de « western » à leur installation et une photographie de Monsieur en cowboy décore la salle de réception qui fait également office de restaurant.

    Jo est déçue car il n’y a pas de machine à laver sur le site, elle attendra donc le prochain bivouac pour remettre de l’ordre dans le linge. Le ciel est très bas sur la mer qui, comme la Méditerrannée, n’a pas de marée et on voit les vagues blanches s’étaller sur la petite plage en bas du camping. Des hamacs sont accrochés dans les arbres et attendent des jours meilleurs. Ils sont tourmentés par les embruns et la piscine en contrebas se remplit lentement mais surement. Toutefois, ni Jo ni moi ne sommes tentés par la natation ; en ce moment, nous préférons le confort douillet de notre camion.

     La piscine se remplit

    En milieu d’après-midi, nous passons deux heures dans la salle du restaurant chauffée au bois par un cubilot qui refoule la fumée à l’intérieur de la pièce. Nous y mettons notre blog à jour, la connexion internet étant offerte par la maison. Nous retournons à notre camping car, fumés comme des harengs.

    31 octobre 2009

    Il a plu très fort toute la nuit, Jo a mal dormi, ça se voit et ça s’entend. Nous nous préparons et prenons la route prudemment car il y a de l’eau partout. Les routes sont défoncées et nous avançons à 30 km/heure en direction d’Agva. Des torrents d’eau rouge dévallent de la montagne et viennent gonfler les rivières qui débordent dans la plaine.

    La Turquie du Nord-Est a beaucoup souffert des inondations c es derniers temps et nous ne souhaitons pas nous attarder plus longtemps par ici. Nous passons à Kocaeli pour rejoindre l’autoroute A80 qui nous mène à Ankara.

    Les paysages anatoliens sont superbes d’autant que la pluie a cessé et nous pouvons tout à loisir en profiter derrière nos carreaux. Nous arrivons à Hôtel camping Ulasan au bord de la route nationale E750 en direction de Konya.

    Il fait nuit et la pluie est revenue. Nous nous installons sur une aire derrière l’hôtel d’où l’on voit le lac Mogan Golu à Gölbasi. Nous avons parcouru 473 kms.

     Le lac Mogan Golu à Gölbasi

    1ernovembre 2009

     

    Dimanche 1ernovembre, il fait un temps de Toussaint en pays ottoman. Nous avons l’intention Jo et moi de prendre un peu de temps pour visiter l’Anatolie centrale mais nous avons décidé finalement de rouler vers le sud et les rivages de la Méditerranée en espérant un temps plus clément.

    Si les conditions météo le permettent, nous caboterons le long de la côte en attendant l’arrivée de Gilles et Maryse à Antalya prévue fi n novembre. Puis nous roulerons vers la Jordanie pour un séjour d’un mois , ensuite la Syrie d’où nous devons sortir le 10 février 2010 dernier délai. Nous aurons plus de temps ensuite pour visiter  la Turquie en revenant vers l’Europe au printemps.

    Notre objectif du jour est un camping à Aksaray sur la route d’Adana, pas trop éloigné où nous espérons trouver une machine à laver car nous n’avons pas résolu notre problème de linge.  Deux gros chiens crevés gisent sur le bas côté de la route, ici, comme au Maroc, ils divaguent et sont victimes de la route.

    Au loin déjà nous apercevons l’immense lac Tuz Golu au bout duquel se trouve Aksaray, but de notre voyage. Nous trouvons notre camping au centre d’un vaste complexe autoroutier, si tous les commerces sont ouverts, notre camping, lui, est fermé. Nous stationnons Totor vers le poste de gardiennage dont le garde en activité nous fait comprendre qu’il le prend sous sa protection. Nous en profitons pour faire quelques courses dont Jo s’occupera avec bonheur et enthousiasme tandis que je me rends au salon de coiffure . Je suis pris en charge par le « Michou » du coin et son assistant . Après quelques explications en franco- allemand ,traduites en turc par un client turco- anglais, sympatique, nonchalemment répandu sur le fauteuil voisin, venu à notre secours, je suis dirigé vers un fauteuil qui sent des pieds ( je pense que c’est lui) . L’assistant me passe le tablier et branche dans la prise électrique ,le cordon de la tondeuse que lui tend son maître. Le petit doigt levé Michou s’active sur ma calvitie naissante et l’assistant récupère instantanément le fruit du travail de son maître pour le faire disparaitre subreptissement dans un seau caché sous un banc. Régulièrement , Michou me demande si c’est :<<OK ?>> puis il m’invite à passer sur le fauteuil suivant pour un shampoing en bonne et due forme. Là, je reconnais le professionalisme du coiffeur ottoman qui, à l’inverse de son homologue gaulois pratique le shampoing après et non avant la coupe , ainsi les petits cheveux disparaissent dans le bac et  ne vous pourissent pas le reste de la journée en vous grattant le dos.

    Michou me  ramène sur le premier fauteuil, son assistant  branche dans la prise électrique , le cordon du sêche-cheveux que lui tend son maître. Après mon passage en soufflerie, Michou à l’aide d’une tondeuse en forme de crayon s’occupe de mes oreilles avec un soin méticuleux. Laissant la place à son assistant, celui-ci terminera la tâche par un nettoyage au coton  tout aussi méticuleux. A l’aide d’une troisième tondeuse en forme de crochet, Michou s’attaque à ma pilosité nasale aussitôt relayé par son assistant et son coton fureteur.Sans autre forme de procès mes sourcils font l’objet de tous les soins de mes deux serviteurs et je saute en bas du fauteil  pour  leur signifier que leur travail s’arrêtera là… .

    Après le :<<OK ?>> de rigueur, Michou me propose une petite pulvérisation d’eau de toilette et un gel  fixateur que je refuse aimablement malgré son insistance car c’est compris dans le prix. Après avoir règlé les quinze Livres Turques (6,88€) demandées avec le sourire  et remercié chaleureusement Michou et son assistant, je vais rejoindre Jo à la cafétéria .

     Nous trouvons sur notre documentation un camping à Sultanhani sur la route de Konya et reprenons notre voyage sans plus attendre.Sur des kilométres s’étalle une lande pelée traversée par la cahotique route 750. Quelques villages antédiluviens, vestiges d’une Turquie rurale, résistent encore aux côtés d’immeubles  flambant neufs de la nouvelle nation résolument tournée vers l’avenir. De nouvelles usines modernes sortent de terre, telle cette sucrerie industrielle à Yapican et ce centre de conditionnement  de gaz  avec ses énormes citernes blanches allongées  sur leurs dalles de béton près de Sultanhani.

    Nous avons un peu de mal à repérer le camping, fermé lui aussi. Nous tentons notre chance dans un camping hôtel à la sortie de la ville qui, lui est ouvert et enfin, nous installerons notre camion avec l’aide bienveillante de cinq personnes de l’établissement car nous sommes les seuls clients.

    Nous avons parcouru 279 kms et le temps est maussade.

    2 novembre 2009

    Il pleut, il fait froid, nous avons pris notre douche dans un local à l’arrière de l’hôtel. Après avoir salué les employés, nous reprenons, en sens inverse, la route E300 qui nous ramène à Aksaray. Cette route, nous l’appelons la route de la betterave car les camions, en convoi, y roulent à 30 km/heure, chargés qu’ils sont de montagnes de betteraves qu’ils vont déverser à l’usine sucrière de Yapican.

    Nous passons devant l’immense usine de fabrication de camions de Mercedès Turquie où des centaines de tracteurs attendent sur les parcs de stockage.

    A Aksaray, nous bifurquons à droite, direction Adana par la E750 qui, sur des dizaines de kilomètres, en ligne droite, nous fait traverser de vastes étendues désertiques de l’Anatolie du Sud. La route est en mauvais état et nous sommes secoués jusqu’à Karvausaray où nous prenons la toute nouvelle autoroute E80 qui, à terme, reliera Istanbul à la Méditerranée. A ce jour, il manque le tronçon Ankara  Kemerhisar, mais la Turquie a mis les moyens nécessaires et les travaux avancent à grande vitesse. La partie que nous empruntons n’est ouverte que depuis peu et les équipements (parkings, aires de repos, péages …) ne sont pas encore installés.

    Ce qui frappe en traversant le pays, c’est le nombre incalculable de stations essence avec market intégré qui bordent les routes. Je ne pense pas me tromper en disant que tous les cinq kilomètres, il y a un pétrolier de chaque côté de la route et quasiment tous sont équipés en pompes GPL.

    Nous sommes à une altitude d’environ 1600 mètres et descendons régulièrement en traversant les monts du Taurus jusqu’à Yanice où l’autoroute se sépare en deux. Nous piquons vers la côte de la Méditerranée où à Icel nous prenons la route côtière. Le temps s’est nettement amélioré même si en traversant Mersin, nous sommes surpris par un gros orage qui va rapidement inonder la route.

     L'Anatolie vers Aksaray

    Ici, tout est bétonné, pas un mètre carré n’est épargné ; d’immenses immeubles sans style bordent la route jusqu’à une petite plage où nous allons nous échouer en quittant la route principale, renonçant à trouver un hypothétique camping dans cet imbroglio inextriquable. Le village s’appelle Cesmeli. Un bout de terrain engazonné fera l’affaire et nous y posons notre camping-car sur les conseils d’un petit commerçant qui y tient là une guinguette faite de bric et de broc. Trois tables bancales, quelques chaises en plastique sous une bâche font office de restaurant.

    Totor installé face à la mer, nous irons diner là, d’un poisson frit, d’une salade et d’un plat de crevettes à la tomate, excellentes. Quelques courses au petit market d’à côté et nous rejoingons notre camion pour une nuit en bord de mer.

    Nous avons parcouru 355 kilomètres.

    3 novembre 2009

    C’est la chaleur du soleil qui nous réveille ce matin à 7 h 30 ; c’est plutôt agréable après ces journées de pluie. Nous nous sommes entendus hier avec notre restaurateur pour un « breakfast » à 8 h 00. Après les cordialités matinales, nous nous installons et aussitôt les plats arrivent.

    Jo change de couleur en voyant arriver une salade de pommes de terre garnie d’oignons, des olives, une salade de tomates avec persil en branche, chorizo grillé, fromage de brebis, des œufs durs au poivre ; heureusement une marmelade de poires parfumée au clou de girofle, un thé et des biscottes viennent donner un ton plus français à notre petit déjeuner. Après un temps d’adaptation et un travail psychologique sur nous-même, nous essayons l’œuf dur en grattant un peu le poivre, « bof » ; l’olive pimentée, c’est bien mais à 8 heures , « bof » ; le chorizo grillé ! Mmm ! « bof, bof ». Jo s’essaie à la salade de pommes de terre, moi, je me contente de l’observer mais, ça ne passe pas du tout. La tomate à l’huile d’olive, sans le persil, n’a pas plus de succès ; donc nous nous rabattons sur le fromage de brebis. Je dis, nous, mais en fait, je, car Jo ne le regarde même pas et nous finirons par la compote de poires. Notre première expérience gastronomique truco-britannique me laissera des traces intestinales durant toute la journée.

     Petit déjeuner vers Silifke

    Nous saluons nos nouveaux amis turcs reprenons la route côtière N° 400 pour rejoindre un camping situé après Silifke. Nous traversons Erdemli, ville de 54 000 habitants ; des grandes tours en béton bordent la route tout le long de la côte. Les paraboles, les chauffe-eau et les panneaux solaires garnissent les toits.

     Erdemli

    Des millers d’affiches, de panneaux, d’enseignes, de cartons publicitaires enlaidissent un paysage déjà peu attirant. Heureusement que l’on voit la mer sous le soleil,  on n’y voit quasiment aucune plage et aucun oiseau marin.

    A Kizkalesi, nous apercevons des ruines romaines que nous irons visitées une fois stationnés  sur le camping ouvert, installé au bord de la mer et qui est équipé d’une machine à laver, au grand soulagement de Jo. De plus, la wifi fonctionne, donc nous allons prendre un peu de bon temps ici.

    Nous sommes à Tasucu, dans le golf « Tasucu Korlesi » loin de la ville et de son béton. Trois campings-cars allemands sont installés ; le grand ménage est en cours dans celui qui nous précède ; c’est un gros « Flair » équipé d’une machine à laver et  d’une essoreuse. Le camping, c’est bien, mais il faut quand même un minimum de confort !

    4 – 5 -6 – 7 – 8 novembre 2009

    C’est le coq du camping qui nous réveille à 8 h 30 ce matin. C’est bien, il a intégré le décalage horaire. Il règne sur son harem de 8 poulettes qui mènent leur vie parmi les camping-caristes et les chiens de la maison. La pluie cliquette sur notre camion mais il fait doux. Nous avons pris un taxi pour nous rendre au village faire nos courses dans un super market. Le chauffeur nous a attendus et ramenés ; coût 16 lira soit 7 € 33. Nous avons passé le reste de la journée à bord, avec la pluie en bruit de fond.

    Des éclairs zèbrent le ciel et le tonnerre donne de la voix. Au fil du temps, le vent de la mer pousse les vagues de plus en plus  loin et celles-ci s’approchent dangeureusement. Le personnel du camping surveille la mer régulièrement et retire les chaises de plage de peur qu’elles ne partent avec les flots.

    Les vagues commencent à passer par-dessus la berge avec un bruit sourd et je sens tout le monde inquiet. Jo n’en mène pas large. Mais c’est le point culminant de l’orage et nous entendrons les vagues claquer sur les pierres toute la nuit et les bourrasques de pluie balayer notre camion avec fureur.

    Au matin, calme plat, ciel bleu, soleil à tous les étages et légère brise marine. Quel changement ! il fait chaud, 22°. Nous petit-déjeunons dehors, face à la mer qui a retrouvé son calme et les vagues viennent mourir à nos pieds avec un clapotis sympa. Tout le monde est dehors et s’active.

    Deux camping-cars allemands, dont le FLAIR, reprennent la route. Jo est à sa lessive et je démonte les rideaux occultants arrière pour une petite remise en ordre. Une fois les travaux terminés, Jo attaque les carreaux de la maison et ne laisse aucun endroit où la main passe et repasse. Bref, la vie est belle sous le soleil !

     Tasuku vue du camping

    9  novembre 2009

    Cela fait bientôt une semaine que nous sommes à Tasucu. Il fait un temps d’été, entre 25 et 28° dans la journée sous un soleil rayonnant. Il n’y a  quasiment pas de différence de température entre le jour et la nuit. L’eau est excellente et je me baigne dès le matin. Domage que la plage soit en galets, ceux-ci font mal aux pieds et il est difficile de tenir debout surtout à la sortie de l’eau quand les vagues me poussent et me déséquilibrent.

    Nous sommes encore trois camping-cars sur le site dont un couple de Suisses (Zurich) qui revient d’Iran . Ils ont beaucoup aimé les paysages magnifiques et la gentillesse des gens mêm e si la loi islamique impose le voile aux Suissesses. Ils sont partis depuis le mois d’avril et sont allés jusqu’en Mongolie via l’Ukraine, le Kazakstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan . Maintenant, ils rentrent. Ils sont équipés d’un véhicule tout-terrain de l’armée suisse que Monsieur a fait équiper intérieurement par un menuisier sur ses propres plans.

     Le camping-car Suisse

    Quand je lui ai dit que j’envisageais un jour d’aller en Mongolie, il m’a dit qu’avec mon camion c’était possible, que des camping-cars standards l’avaient déjà fait mais que tout de même un 4 x 4 est plus adapté dans ce pays où il n’y a quasiment pas de route.

    Est arrivé également un couple d’allemands, parti à trois avec leur fille de 7 mois, revenant au bout de quatre années devoyage à 4, avec un bébé né aux Indes. Eux sont équipés d’un petit combi Ford chargé à bloc et décoré comme un sapin de Noël. Eux aussi sont passés par l’Iran, la dame parle un peu français et nous dit ne pas trop avoir apprécié ce pays à cause de la mentalité des gens. Ils rentrent en Allemagne à cours d’argent.

    10 novembre 2009

    Nous avons quitté Tasucu ce matin vers 10 h 00. Nous reprenons la route côtière N° 400 qui serpente dans les monts du Taurus. Elle est en mauvais état mais des travaux sont en cours pour son élargissement.La région est assez pauvre et des paysans vendent leur production assis au bord de la route. Les anciens sont encore vêtus du sarouel traditionnel.

    La montagne est boisée de pins et tombe directement dans la mer. Mais dès qu’un espace de plage existe, les constructions pour les touristes sont présentes. Une vieille femme toute rabougrie est allongée sur les cailloux devant sa masure et chauffe ses vieux os au soleil. Un troupeau de moutons musarde sur la route et Totor se fraye un passage au milieu des futures pelotes de laine. Dans chaque village que nous traversons, c’est la mosquée avec son minaret en forme de crayon ou de fusée dressée vers le ciel qui domine.

     Jolie mosquée vers Karatepe

    A Karatepe, la route est complètement défoncée et les rochers tombent de la montagne ; il faut faire très attention et Jo est concentrée sur sa conduite. A Aydinkcik, nous entrons dans la culture maraîchère ; les serres de verre ou de plastique s’étendent à perte de vue et il en sera ainsi jusqu’à Bozdogan, un peu avant Anamur où nous trouvons le camping Pullu 1 ouvert mais pratiquement désert sauf un camping-car allemand juste en contre-bas.

    C’est un camping en terrasse, un peu à l’abandon en cette saison. Nous n’avons pas d’électricité ni d’eau chaude donc Totor assurera les utilités. Nous sommes installés juste en bord de mer. Un gros orage nous réveillera au milieu de la nuit mais au matin, un beau et chaud soleil brille.

    11 novembre 2009

    A 8 heures ce matin, dès le réveil, je suis descendu à la plage, la mer est calme et je me suis baigné durant une demi-heure, l’eau est à 22 ou 23°, vert émeraude vers la plage, bleu limpide un peu plus loin. L’après-midi nous irons faire quelques courses au village ; nous sommes agrippés au passage par un restaurateur qui tient absolument à nous servir un repas dont nous n’avons pas envie.

    Au market Damla, à côté, nous sommes accueillis par une jolie jeune fille qui nous offre à chacun une fleur de géranium fraîchement cueillie pour nous remercier de notre visite. Ca ne coûte rien mais avec un beau sourire en prime, il nous est plus agréable de dépenser, le commerce est un art et il y a des leçons à prendre en Turquie.  Au retour, notre restaurateur nous attend devant sa gargotte et devant son insistance, je lui promets une visite pour demain et je sais que demain, si nous repassons par ici, nous n’y couperons pas.

    Quand nous rentrons au camping, le ciel est noir, bas sur la mer et le tonnerre gronde. Toute la nuit les orages se succèderont et à grands seaux d’eau, notre camion sera lavé, rincé plusieurs fois. Nous ne dormirons qu’au matin quand le ciel aura retrouvé son calme.

    12 novembre 2009

    Le soleil réapparu, la température grimpe aussitôt et il fait bon dehors. Nous souhaitons aujourd’hui visiter la forteresse d’Anamur ou Mamure Kalesi. Après nos petites obligations matinales, nous prenons la direction de la forteresse qui se trouve à environ 2 kms dans le village. Le ciel change rapidement de couleur et nous sentons bien l’orage imminent. Nous pensons arriver avant lui à destination. Nous repassons devant le restaurant et aussitôt nous sommes salués par notre ami qui a de la suite dans les idées et qui nous fait l’éloge de sa carte. Je lui promets que nous nous arrêterons au retour.

    Nous hâtons le pas et l’orage aussi, mais très vite il nous rattrape et nous prenons la rincée. Notre salut viendra d’un petit bus Isuzu qui s’arrête dès qu’on lui fait signe et qui vous dépose où vous voulez pour 1 YLT par personne. Ces petits bus d’une quinzaine de places font office de transport scolaire, de taxi et pullulent entre les villes ; ce sont les Dolmus ; ils n’ont pas d’horaire ni de stations organisés ; ce sont les chauffeurs qui s’adaptent à la clientèle. Le nôtre nous déposera au camping.

    Du coup,nous ferons faux bond à notre gargotier  qui était probablement abrité dans sa bicoque quand nous sommes passés devant. Nous avons rejoint notre camion pour changer de vêtements et terminer la soirée au chaud.

    13 novembre 2009

    Nous quittons le camping Pullu de Bozdogan et en passant nous nous arrêtons à la forteresse d’Anamur. C’est une citadelle médiévale bâtie par les romains au 3ème  siècle. Les divers conquérants de la cité (Arméniens, Croisés, Seldjoukides) y apportèrent leurs modifications et celle-ci aura sa version définitive au 15èmesiècle.

     La forteresse d'Anamur

    Une mosquée du 17èmesiècle y occupe une cour intérieure , elle fut restaurée dans les années 1970. Ce fort fut entretenu jusqu’au 20èmesiècle lorsque les Ottomans s’y protégeaient des Anglais de Chypre. Des créneaux, nous avons une vue superbe sur la ville et sur la mer. Des douves où barbottent des tortues protègent l’ensemble. Aujourd’hui  le site tombe en ruines et les amoureux turcs viennent s’y réfugier ; j’y ai notamment surpris notre petite jeune fille qui nous a offert les fleurs de géranium. Un  peu rougissante, je lui ai affirmé en franco-anglo-allemand que c’est un lieu romantique pour les amoureux.

    Nous avons continué notre chemin toujours sur la N400 dans la montagne par un temps magnifique. Cette région est le domaine des bananeraies et les vendeurs sont partout à attendre les clients dans leurs échopes de branchages, de planches et de fil de fer. Dans l’une d’elles, nous ferons le plein de fruits, miel et amandes ; Ismet le commerçant nous fera cadeau d’un sac de noix. Il a sa maison en contre-bas, pas loin de la mer ; il cultive ses bananes sur un bout de terrain qu’il me montre fièrement.

     Ismet la bananne

    Par endroit la route est difficile et se transforme en immense boulevard dès que nous approchons d’Alanya  la « Riviera » turque. La ville s’étale le long des 11 kilomètres de plages bordées d’hôtels 4 ou 5 étoiles aux noms ronflants : Exelsior, Miami, Apollon, Palm Beach Alanya, etc …. Les commerces de luxe, les véhicules haut de gamme, bains turcs, hammans appellent le touriste, allemand, anglais, suédois, russe ou hollandais à dépenser sans compter. Le français reste la portion congrue du tourisme turc.Les jeunes filles largement dévêtues ne choquent pas la morale, l’islam local s’est adapté aux mœurs de la jeunesse internationale friquée.

    Nous cherchons un « autopark » afin de garer notre camion car nous souhaitons visiter la citadelle médievale qui domine la ville. Nous sommes bloqués à un feu rouge quand un couple en scooter avec leur setter irlandais en travers nous interpelle. Le Monsieur nous parle en anglais puis en allemand puis nous lance quelques mots français qu’il connaît : « je vous aime ».  Nous lui demandons où trouver un autopak, il nous fait signe de le suivre et il nous guide jusqu’à un parking au pied de la citadelle où nous retrouverons le camping car Flair rencontré à Tasucu.

    Il faut parcourir 5 kms de grimpette pour accèder à la citadelle, nous ferons le choix du taxi qui, pour 30 YTL (15 €) nous fera faire le voyage aller et retour. Cette formidable construction du XIIIème siècle compte 150 tours et 7 kms de murailles qui rejoignent la mer avec un dénivelé de 250 m. C’est un sultant seldjoukide qui a lancé ce vaste programme de fortifications pour protéger la ville.

     La citadelle d'Alanya

    Des hauteurs des tours la vue est saisissante, sur le port, sur la plage, la ville et la montagne. En contrebas, nous voyons la Kizil Kule (tour rouge), tour en briques rouges qui domine le port d’Alanya. Le temps est merveilleux et bien que les touristes se promènent en nombre, ce n’est pas la grande foule et nous profitons pleinement de ces conditions idéales pour boire une bière locale « EFES »sur la terrasse ombragée d’un café.La maîtresse des lieux nous tient compagnie, n’étant pas bousculée par la clientèle.

    Avec notre taxi, nous rejoignons Totor, fidèle au poste sur son parking en compagnie de son compatriote Flair. Nous quittons Alanya vers 16 heures pour rejoindre Incekum distant de 50 kms environ où, sur notre carte, figure un camping. Toute la côte est bétonnée, c’est une suite ininterrompue d’hôtels, motels, résidences de vacances et commerces associés. La nuit commence à tomber et il est impossible de trouver la pancarte du camping tant il y en a dans le panorama. Nous devrons faire demi-tour pour trouver notre affaire et nous nous installons sous les pins à Incekum.

    14 novembre 2009

    Le camping où nous nous sommes installés est immense, sous les pins et nous y sommes seuls. Les installations à l’abandon portent les stygmates de l’encombrement de l’été dernier. Dans notre environnement proche sont abandonnés une dizaine de réfrigérateurs mis à la disposition des clients durant les heures chaudes et qui attendent là, désespérément, qu’une bonne âme veuille bien les stocker à l’abri des intempéries.

    Les poubelles restées en l’état et largement visitées par la faune locale  étalent en corolles autour d’elles papiers, plastiques et autres déchets non comestibles. Les sanitaires sans éclairage aux douches délabrées et sales sont inutilisables. De plus, la nuitée à 45 YTL (23 €) est la plus chère de tous les campings turcs que nous ayons fréquentés.

    Après le petit déjeuner, nous remballons notre équipement et prenons la route N400 en direction de Manavgat que nous souhaitons rejoindre pour y visiter les ruines de l’immense ville romaine de Side mentionnée dans notre guide entre Incekum et Manavgat.

    Au centre de la ville, nous quittons la N 400 sur notre gauche et le flêchage nous guidera jusqu’à Side haut lieu de visites pour les tours opérators du monde entier. De grandes aires de stationnement sont prévues et nous arrêtons notre camping-car  au côté d’un immense bus turc, Totor a l’air tout petit . La soute à bagages toutes portes ouvertes sert de dortoir au chauffeur qui a sombré dans les nimbes ouatées du sommeil

     

    Dure la vie de chauffeur!

    A pieds, nous prenons la direction du site archéologique le plus vaste du bassin méditerranéen. Par une allée dallée, bordée de colonnes de marbre, nous pénétrons dans la Side romaine, ville qui comptait 60 000 habitants, fondée au VIIème siècle avant J.C. Ce fut le principal port de Pamphylie et grâce à lui se développa la cité grace au commerce des esclaves qui se déroulait sur l’Agora que l’on voit sur notre gauche

     

    Side le site antique

    En remontant la voie principale, on voit dans les dalles les traces laissées par les roues des chars romains. Perpendiculairement à la voie principale, des ruelles étroites desservent les différents quartiers de la ville ; nous nous y promenons à notre guise, chose difficile en période estivale lors du rush des vacances.  En approchant des ruines d’un hôpital byzantin, nous rencontrons un homme étendu, bras en croix en train de faire la sieste dans la verdure. Il faut dire que la tâche est immense pour éviter la disparition d’un tel site.

    La  Turquie ne s’intéresse que depuis peu à la mise en valeur de ses richesses archéologiques qui sont immenses même si Atatürk, déjà, en 1920, en avait souhaité son développement. L’argent manque et seul le tourisme et sa manne sauvera peut être cette cité vieille de 2700 ans.

    Nous arrivons au théâtre très bien conservé avec ses 20 000 places surplombant l’orchestre où avaient lieu les combats de gladiateurs, un mur protégeait le public des animaux utilisés dans les combats. Un couloir circulaire avec des ouvertures porchères dessert les volées d’escaliers menant aux niv eaux des différentes rangées. Beaucoup de stades de football dans le monde sont construits  dans cet esprit. Le travail de la pierre, les fresques, les sculptures sont d’une qualité et d’une précision qui laissen t rêveur même si le temps a passé et usé une grande partie des ouvrages.

     Le théatre de Side

    En arrivant sur le port de Side, nous pouvons admirer ce qu’il reste des temples d’Apollon et d’Athéna dont quelques colonnes ont été relevées. En descendant vers la ville nouvelle, nous pouvons admirer les thermes aujourd’hui aménagés en musée.

    De part et d’autre en remontant vers la ville, les commerces et le bazard turc font des ravages. Devant chaque échope, magasin, restaurant, café, nous sommes interpelés, agrippés, apostrophés en turc, anglais, allemand, jamais en français pour acheter, manger, boire. Impossible de regarder une vitrine, vous êtes aussitôt assaillis ; c’est déplaisant, saoulant, énervant, nous hâtons le pas pour retrouver le chemin qui nous mène à notre camping.

    15 novembre 2009

    Nous avons eu du mal à nous endormir car le camping est coincé entre deux discothèques qui, jusqu’à 3 heures du matin, nous distillent des mélopées orientales dont les orchestrations ont été revisitées, progrès technologique oblige afin d’y introduire un peu de modernité et beaucoup de décibels.

    A notre réveil ,une grande activité règne autour du camping-car ; en effet, nous sommes sous les oliviers et c’est le gaulage des fruits. Toute la famille du gérant est présente soit une dizaine de personnes ; elles ont étendu au sol de grandes bâches en plastique et les hommes, armés de bâtons, tapent dans les branches avec ardeur. Ca tombe « comme à Gravelotte » qui, pour la petite histoire, est un petit village de Lorraine non loin de Metz,   où lors d’une bataille en 1872, on a dénombré plus de morts en une seule journée, toutes guerres confondues, d’où l’expression « tomber comme à Gravelotte ». Je ne sais pas si les morts d’Hiroshima ont été intégrés dans le décompte.

     Les trieuses d'olives à Side

    Les femmes en sarouel, voile sur la tête et langue bien pendue, séparent les olives des feuilles et remplissent des sacs qui iront au pressoir afin de produire l’huile d’olive pour la consommation annuelle de la tribu. Hatice (prononcez Hatitcha) est une jolie  gamine de 12 ans qui est intriguée par la caméra que manipule Jo afin d’immortaliser la scène de la cueillette des olives en basse Pamphylie.

    Nous l’invitons à bord de Totor, ainsi peut elle voir son Baba et sa Mama sur l’écran de notre PC portable. Elle est aux anges et il faut faire partager ce bonheur aux femmes qui primpent à leur tour pour s’admirer en plein travail. Elles rient de bon cœur, toutes dents dehors (sauf les absentes bien sur !) et il faut recommencer la scène du tri avec une actrice en plus, Jo et cette fois c’est Hatice qui sera camérawoman.

    Le travail va bon train, les coups de bâton et les éclats de voix résonnent dans le camping jusqu’au soir. Une voix féminine m’interpelle, c’est une des trois femmes dont j’aperçois le sarouel jaune dans les branches et qui, perchée tout en haut de son olivier, assène des grands coups de trique dans les grappes inaccessibles depuis le sol. Je suis interloqué par tant de hardiesse et n’ose imaginer la chute, quoique, le sarouel, dans une telle éventualité, pourrait s’avérer être un excellent parachute.

    Nous finirons la soirée sur Internet et notre blog à la terrasse du camping mise gentiment à notre disposition par le patron.

    16 novembre 2009

    Il faudra nous y faire, la musique turque a son intérêt et jusqu’à 3 heures du matin,  nous aurons tout loisir d’en apprécier la finesse et la profondeur. Cependant si les stridulations de la chanteuse ont leur  charme, les paroles resteront pour nous un mystère. Quand à l’orchestre de la boîte de nuit qui se trouve à l’opposé, là, il n’y a rien à apprécier, nous n’avons qu’à subir.

    Mais la douceur du matin et la caresse du soleil nous font oublier les sérénades ottomanes nocturnes. Après avoir sorti les tapis et fait le ménage dans notre camion, nous reprenons le chemin des ruines de Side afin de mieux apprécier cette cité qui a fini sa vie au 11èmesiècle et qui, petit à petit, s’écroule dans les sables malgré la résistance opiniâtre de ses colonnes de marbre et de ses blocs de granit.

    Nous remarquons qu’un fastidieux travail de recensement des pièces  de ce gigantesque puzzle est en cours et que quelques éléments ont été relevés dont des colonnes et des entablements du temple de Vénus. Nous sommes à la recherche des latrines  à 24 places mentionnées sur notre guide sans plus de précisions ; mais nous ne les trouverons pas, elles feront l’objet d’une autre visite après avoir recueilli  les renseignements manquants.

    En attendant, nous empruntons le chemin qui nous fait sortir des remparts et qui longe l’immense plage qui fait le succès touristique de Side. Il fait chaud et quelques baigneurs en profitent, des familles turques se promènent, une colonie de tourterelles squatte un monceau de ruines recouvert d’arbustes. En fait, la cité s’étendait bien au-delà des remparts mais les restes sont enfouis sous le sable et forment une suite de monticules déjà colonisés par la végtétation ; la nature reprend ses droits.

    Nous revenons sur nos pas jusqu’à la terrasse d’un restaurant au bord de la mer. Nous y dégustons la spécialité nationale, un Sis Kebab pour Jo et un Kebab Ottoman pour moi, le tout arrosé d’une  « EFES » ; ici, elles font 50 cl et nous avons du mal a en venir à bout. Puis nous allons parmi les boutiques et commerces de la rue piétonne qui rejoint le centre ville alors que la nuit s’installe, il est 17 heures ici et 16 heures en France.

    Un petit bonhomme rondouillard, fez sur le crâne et moustache sous le nez, nous accoste avec son plateau de nougats, le sourire aux lèvres et le regard malicieux. Nous gouttons ses nougats, il m’appelle « Brad Pitt » et Jo « Paris Hilton », il n’en faut pas plus pour que nous repartions avec notre morceau de nougat de 500 gr. Nous rentrons à notre camping, il fait nuit et nous sommes fourbus.

    17 novembre 2009

    Comme il se doit, la musique nous a bercés  jusqu’à 3 heures du matin, nous nous sommes levés tard et avons vaqué à nos occupations. Rien de particulier aujourd’hui, c’est jour de relâche. Jo en profite pour faire la lessive, le camping étant équipé d’une « washing machine ».

     Je fais connaissance avec la basse-cour de la maison, j’ai repéré deux coqs, ils sont identiques, blancs, l’un porte la crête à droite, l’autre à gauche. Ce sont là leur seul signe distinctif. J’aime bien le canard  boiteux (de la patte droite) qui, à moitié aphone s’exprime comme il peut au milieu des gloussements de la gente galinacée. Dans une petite cage à même le sol, 6 petites cailles se font oublier car une troupe de chats rôde dans le secteur. Les cocottes nous ont adoptés et nous suivent partout dans la cour, nous devons jouer du balai afin qu’elles n’envahissent pas notre véhicule.

     Le canard boiteux de Side

    Nous sommes allés prendre des renseignements pour la location d’un 4 x 4 car nous envisageons de nous rendre à Aspendos et à Köprülü Kanyon distant de 80 km environ du camping et la route est relativement difficile. Le loueur est à côté du camping, des petits 4 x 4 Suzuki  sont rangés devant l’établissement ; le Monsieur nous annonce 25 € la journée sans limite de kilomètre. Je crois que nous sommes déjà d’accord.

    18 novembre 2009

    Nous avons bien dormi cette nuit, la musique étant relativement discrète, nous n’avons rien entendu donc, tout est bien. Il fait un grand beau temps même s’il y a du vent. Nous nous rendons chez notre loueur ; avec notre permis de conduire, il remplit un bon de location, nous lui donnons 25 € et voilà.

    Il nous explique qu’en cas de problème nous devons l’appeler et il s’occupera de tout. Pas d’état des lieux, pas de caution, voilà tout est simple ici. Nous prenons possession de notre véhicule et c’est parti ! bien sûr, il ne faut pas regarder l’engin de trop prêt, mais il fonctionne bien.

    Un arrêt à la pompe pour faire le plein et nous prenons la direction d’Antalya par la N400 que nous quittons sur la droite à Tasagil. Nous longeons la rivière Köprülü sur les 37 kms du parcours à travers la montagne de pins et de roches. C’est un paysage de carte postale qui se dévoile à nos yeux. Nous zigzagons sur la petite route sinueuse avec de grandes portions de montées à 5 %.

    Les villages que nous traversons n’ont aucun charme, les constructions quasi identiques en béton n’ont qu’un rôle utilitaire de base, habitation à l’étage pour la nuit et petit commerce rural en dessous. Bien entendu, seules les mosquées  ont du style. Les chèvres occupent souvent la chaussée que nous partageons bien volontiers avec elles.

    Nous longeons la rivière d’un vert émeraude qui cascade sur les rochers, le courant est rapide par endroit et elle est le domaine du rafting. Tout le long de son cours, des cagnas de planches, des cafés, des restaurants proposent à la location de gros canots de caoutchouc. D’Antalya à Alanya, chaque professionnel du tourisme propose à ses clients des journées canyonning à Köprülü Kanyon. Mais aujourd’hui, il n’y a pas grand monde sur la rivière.

     Köprülü Kanyon

    Nous nous arrêtons sur une petite place à Beskonak pour y admirer une belle cascade, mais nous ne sommes pas encore arrêtés que des jeunes gens courent derrière nous pour nous proposer un canot,  je suppose. Nous faisons demi-tour et reprenons la route au grand dam de nos poursuivants.

    Arrivés à destination, la route se retrécie et nous franchissons un petit pont de pierres afin de stationner notre 4 x 4 sur une petite place. Il y a quelques touristes et des vendeuses turques en sarouel et foulard sur la tête qui les interpellent en anglais et allemand pour leur vendre leur verroterie.

    Nous descendons à pied jusqu’au pont pour y admirer la rivière, c’est le Verdon en un peu plus petit, c’est beau. Au loin, une cascade blanche plonge dans la rivière avec un bruit de cataracte ; je m’y rends en crapahutant dans les rochers. Au bout d’un quart d’heure de sport, je surplombe la chute d’eau qui en fait jaillit de la montagne après avoir frayé son chemin dans les entrailles de la terre.

    Au loin, là-bas, j’aperçois Jo sur le pont, je la rejoins et nous reprenons la route pour le petit village de Selge, distant de 17 kms de Köprülü Kanyon. Nous grimpons dans la montagne où les rochers semblent construits de galettes de roches empilées ; nous progressons parmi les pins et les lauriers roses ; au printemps le spectacle doit être magique.

    Au fond, dans la vallée, serpente la petite rivière que l’on voit brillante sous le soleil. Nous sommes au bout du monde, la route s’arrête sur une barrière de bois à   Selge. Des femmes et des enfants nous ont vu et nous attendent de pied ferme. Nous demandons qu’ils ouvrent la barrière car la route continue, du moins c’est ce que nous croyons, jusqu’au théâtre romain que l’on aperçoit là-haut.

    Une dame en sarouel et foulard sur la tête, besace au côté, nous conseille de nous garer ici car nous serions assaillis par ses consoeurs et leurs enfants et aurions du mal à nous en sortir seuls. Aussi, elle nous propose ses services pour nous guider par un chemin de montagne jusqu’au site antique. Elle a l’air sympa et je me laisse embobiner, Jo renâcle mais nous voici dans les pas de Fatma

     

    Fatma

    Celle-ci est mince comme une liane et agile comme une chèvre, grimpe sur les rochers d’un pas souple tout en nous racontant la vie de son village que nous traversons par les jardins en terrasse. Ici le temps s’est arrêté il y a cent ans au moins. Les villageois en tenue traditionnelle sont aux travaux des champs et grattent une terre caillouteuse avec des outils d’un autre âge. Un laboureur, sa mule et sa charrue monosoc retourne la caillasse. Les maisons en pierres sont basses ; on devine d’où provient la matière première.

    Au bord du chemin, deux gros cailloux nous montrent la direction du Market et de l’Otopark par des flèches peintes en rouge. Fatma nous indique que dans son village il y a trois markets, une école et une mosquée. Pas de médecin, il faut aller à Beskonak (27 kms) quand c’est la bronchite en hiver ; ici, la neige atteint un mètre de hauteur ; pour les maladies plus graves, il faut aller à Manavgat (37 kms) ou Antalya (95 kms).

    Quand nous arrivons au théâtre romain, une femme vient nous proposer son petit commerce, vite rabrouée par Fatma, celle-ci abandonne la partie. D’ici la vue est imprenable sur les monts du Taurus et la vallée. Dans ce théâtre, pouvaient s’installer 10 000 spectateurs et on devine la grande place de l’Agora sur la gauche ; la végétation a presque gagné la partie et les restes de l’antique cité romaine sont quasiment invisibles.

    Nous revenons sur nos pas en écoutant Fatma nous conter la vie difficile des habitants qui ne peuvent compter que sur les touristes pour manger ; ici il n’y a aucun travail. Fatma nous invite dans sa maison et, nous devons l’avouer,  ce fut le meilleur moment de la journée et une grande émotion que de partager le thé et les noix qu’elle brise à même le sol car il n’y a quasiment aucun meuble à part le petit canapé que nous occupons Jo et moi, un fourneau à bois avec son tuyau qui traverse le mur et un meuble sur lequel trône la télévision, seul  luxe apparent.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Chez Fatma à Selge

     

    No badroom, no wasching machine, seulement deux pièces pour elle, son mari et leurs trois enfants, ce n’est pas la misère, mais …. Au revoir, Fatma, qu’Allah veille sur toi, ta famille et ton village de Selge !

    Nous n’aurons pas le temps de visiter le théâtre antique d’Aspendos, il fera l’objet d’un futur déplacement. Jo s’éclate au volant du 4 x 4 Suzuki « Samouraï ». Le samouraï en question doit avoir des problèmes intestinaux, car il refoule ses gaz dans l’habitacle.

     Jo et son Samouraï à Selge

    21 novembre 2009

    Nous avons laissé derrière nous le petit camping de Side, ses oliviers et ses boîtes de nuit pour un parking au pied du théâtre d’Aspendos, une quarantaine de kilomètres plus loin. Après avoir quitté la N 400, sur notre droite un flèchage → Aspendos nous dirige vers un pont romain qui enjambe la rivière Kopü Kayi qui prend sa source dans le mont Dipoyraz (2980 mètres) de la chaîne du Taurus. Elle dévalle le Dedegöl Deglan en passant dans les gorges de Koprülü Kanyon que nous avons visitées avant-hier. Elle va se jeter dans la mer Méditerranée à Perahende entre Managvat et Antalya. Ce pont de pierres n’a d’autre intérêt que le point de vue qu’il offre sur la rivière aux touristes déposés par les bus des tours-opérator. Ces touristes devront, à l’aller comme au retour, passer devant les étals des commerces locaux.

    Nous attendons que la voie se libère pour quitter le site et sommes abordés par deux français, un vosgien de la Bresse et un franc-comtois de Montbéliard qui travaille chez Peugeot. Ils sont en vacances en hôtel et attendent leur bus pour aller déjeuner ; il est midi.

    Nous quittons les lieux et nous nous dirigeons vers le théâtre d’Aspendos qui est enclos et on nous guide vers le grand parking des bus. Nous règlons au gardien le droit d’entrée et nous stationnons notre autobus à l’ombre d’un pin. Quand nous pénétrons dans le théâtre, nous nous collons à un groupe de touristes français dont le guide, féru d’histoire romaine, nous raconte en détail les particularités de ces lieux.

     Jo et le gladiateur à Aspendos

    Les sites antiques romains ont ceci de particulier avec les souks marocains et les bazars turcs, c’est qu’ils se ressemblent tous. Bien entendu, chacun a sa particularité, comme ici à Aspendos, le théâtre est le plus grand du bassin méditerranéen avec ses 20 000 places, mais surtout, il a été en partie reconstruit et sert actuellement pour des spectacles grace à son acoustique parfaite ; le grand orchestre philarmonique de Lyon y a donné un concert ! Nous sommes sur les derniers gradins, tout en haut et nous entendons parfaitement les gens qui sont sur le podium.

    Le théatre d'Aspendos

     Le reste des ruines d’Aspendos, l’agora, le bouleutérion, la basilique, le nymphéum, le stade, n’ont que quelques éléments encore debout et visibles au milieu des amas de pierres taillées, des colonnes de marbre qui gisent en vrac sur le sol.

    Il est 16 h 00 ; nous sollicitons auprès des autorités locales l’autorisation de stationner sur le grand parking vidé de ses visiteurs. Accord chaleureux de notre interlocuteur et Totor est installé sur ses calles. Nous passons une nuit paisible, gardés par les gendarmes d’un côté et le gardien du site de l’autre.

     

    22 novembre 2009

    Toujours sous un agréable soleil, nous reprenons la route N 400 direction d’Antalya. Notre objectif de la journée est le site antique de Pergé (prononcez Pergué) à environ 70 kilomètres d’Aspendos et 35 kilomètres d’Antalya. C’est une large quatre voies quasiment rectiligne qui se déroule devant nous. Une multitude de petits commerces y sont installés de part et d’autre de la chaussée attendant le client.

    Bus, grands, moyens ou petits, camions puissants, bruyants, puants ou poussifs, voitures de grosse cylindrée rutilantes, bas de gamme, de marques inconnues, poubelles en ruines, scooters, motos, tracteurs agricoles, bref tout ce qui peut rouler sur ce boulevard le fait pied au plancher, tête dans le volant ou dans le guidon à défaut de casque. Le chauffeur turc comme son homologue marocain est un danger public ; il ne respecte  le code de la route qu’une fois rendu à destination, les pieds sous la table, verre de thé dans une main, cigarette dans l’autre ; seulement là, il marque le « DUR » stop en langue locale.

     Stop obligatoire

    Les feux tricolores ici ont la particularité de clignoter avant chaque changement d’état, certains sont même équipés d’une horloge lumineuse qui décompte le temps en seconde avant le changement de couleur, cela ne sert strictement à rien. Les feux en Turquie, c’est la roulette russe, d’ailleurs dans certains carrefours à haut risque, l’équipement tricolore est renforcé d’un panneau « DUR » intimant l’absolue obligation de s’arrêter au feu rouge ; peine perdue. Les taxis jaunes en particulier montrent l’exemple en bons professionnels de la route qu’ils sont en ouvrant la voie à leurs concitoyens. Un seul benêt est planté devant le panneau « DUR », il est français, de la Moselle et se fait copieusement klaxonner pour son manque d’incivilité ! Cela dit, nous n’avons pas vu d’accident depuis que nous sommes en Turquie sauf un accrochage qui avait l’air de se régler à l’amiable, alors, que penser ?

    Lancé à pleine vitesse, le conducteur de la N 400, dès qu’il aperçoit un fourneau fumant alors qu’un petit creux lui tenaille l’estomac, freine à mort, en donnant un coup de volant à droite ; il s’arrête au mieux 100 mètres plus loin au commerce suivant pour y déguster une soupe chaude ou tout autre aliment mijotant dans la marmite. Ces petits commerces ne nécessitent pas d’investissement important, un fourneau à bois équipé de son tuyau d’échappement qui en général crache sa fumée à hauteur d’homme ; c’est bon avant de manger, une grande casserole, un tas de branchages de récupération pour le feu, une chaise en plastique et un parasol pour la cantinière, une table, une ou deux chaises en plastique pour les clients, une caisse retournée pour empiler la vaisselle et la transporter.

     Petit commerce sur la N 400

    Autre commerce de bords de routes, le marchand de fruits. Ici pas d’investissement majeur mis à part la chaise en plastique et le parasol, la cabane faite de branches et de plastique de récupération, ne nécessite que quelques heures de bricolage et est réutilisable autant de fois que levent de la mer voudra bien l’épargner. Les cageots d’oranges, de clémentines, de pastèques y sont présentés sur des cailloux 50 mètres en amont et en aval deux bouts de carton annoncent la présence d’un point de vente en lettres  barb ouillées à la peinture rouge ou blanche en général.

    D’autres marchands de fruits  sont spécialisé dans un seul produit, la banane par exemple ; les régimes sont accrochés aux branches d’un arbre et le vendeur attend le client vautré sur sa chaise en plastique, à l’abri du parasol. Parfois c’est un véhicule qui sert de magasin, toutes portes ouvertes, les cageots sont dressés pour être vus de la route et le commerçant attend assis au volant. Un bon commerçant doit être visible dans le paysage et doit appâter le client. Tous les supports possibles et imaginables existent, mais le plus répandu reste le caillou sur lequel sont  inscrits à la peinture rouge ou blanche le nom du commerce et le numéro de téléphone, dérisoires bouteilles à la mer noyées dans le flot des panneaux, banderoles, affiches, enseignes qui pavoisent le bord des routes

    A Pergué, le parking est dans les ruines, les vendeurs y font commerce à même le sol, leur bimbeloterie exposée sur une bâche, un tapis ou un chiffon. Ils interpellen t les badauds en anglais ou en allemand. Il faut bien entendu slalomer parmi eux afin d’atteindre la caisse pour acquitter le droit d’entrée et passer par les portillons automatiques qui donnent accès au site.

    A Pergué, le théâtre est clos et ne se visite pas, des travaux y semblent en cours. C’est le stadium qui en est la vedette, 230 mètres de long, 30 mètres de large, entouré de gradins en étages, il pouvait recev oir 12 000 spectateurs. La cité est immense et on peut facilement en imaginer la vie à l’époque romaine.

    Les thermes sont particulièrement sophistiqués car réalisés en trois parties, le frigérarium (froid) le tépidarium (tiède) et le caldarium (chaud) toutes pavées de mosaïques et de marbre blanc. En sous-sol, des voûtes en briques rouges et des fours permettaient le chauffage et la gestion de l’eau des thermes.

    La grande voie principale de la cité, bordée de colonnades est traversée par un canal de marbre qui transportait l’eau venant de la monumentale fontaine située à l’extrémité nord. Deux tours en briques rougesont visibles ; elles  gardent l’extrémité sud, c’est la porte héllénistique. Le soleil chauffe les pierres pour le plus grand bonheur de gros  lézards qui ont colonisé les lieux.

    Les romains avaient une grand maîtrise de la gestion de l’eau, de nombreuses canalisations en terre cuite sont visibles ; elles desservaient les lieux publics et les habitations, des vannes de pierre permettaient d’alimenter ou non certains réseaux. Bien entendu les égouts couraient sous les dalles de la voie principale et collectaient les évacuations des habitations par un réseau de caniveaux qui s’y déversaient.

    Nous pourrions passer des heures à admirer ses vestiges vieux de vingt siècles qui témoignent du génie, du savoir-faire, de l’art et de la puissance de travail des romains, mais le temps a passé sur leur civilisation comme il passera sur la nôtre, ainsi va la vie.

    Nous rejoignons Antalya, le camping Bambus Club que nous n’aurions pas trouvé sans l’aide des taxis de la ville ; nous sommes les seuls habitants des lieux.

    23 – 24 – 25 novembre 2009

     

    Le camping « Bambus Club » qui nous héberge fait partie d’un ensemble hôtelier-bar qui, du haut des rochers, surplombe la mer. Il peut recevoir en tout et pour tout une demi douzaine de camping car. On y pénètre par un étroit chemin  en descdente en passant sous le panneau de l’hôtel « The South Shield ». Nous sommes dans le quartie « Lara Plaji » qui longe la mer au sud-est d’Antalya.

    Cette grand ville de près d’un million d’habitants est la plus importante de la côte méditerranéenne turque. Elle est posée au cœur d’une large baie l’Antalya Kärfezi entourée de montagnes vertigineuses dont les rochers tombent à pic dans la mer. C’est une ville moderne, branchée et vivante que les énormes hôtels qui ont envahi la côte ont transformée en station balnéaire très réputée.

    Le soleil y brille 320 jours par an, les anglais, allemands, suédois, russes le savent bien et viennent ici s’y faire bronzer et y dépenser leur argent dans les inombrables magasins, boutiques, hôtels et bars qui se côtoient le long des grands boulevards.

    Fondée il y a deux mille ans, elle s’est développée autur de son port ; aujourd’hui le quartier « Kaleiçi » enfermé dans ses remparts est la partie la plus intéressante de la ville. On y pénètre depuis le « Karaalioglu Parky » où se donne rendez-vous la jeunesse pour y flirter à l’ombre des pins. On en sort par la « porte d’Hadrien », à trois arches de marbre érigée en 130 après J.C. en l’honneur de l’empereur romain qui lui a laissé son nom.

    Déambuler dans les ruelles étroites où bien entendu pullulent les commerces est un vrai bonheur à ce moment de l’année, je doute qu’il en soit ainsi en période estivale. Un beau minaret construit en 1230 dresse ses hauts-parleurs à 38 mètres de hauteur, c’est le « Yvli Minaret ».

     La mosquée de Kaleiçi à Antalya

    On descend sur les quais du port par des escaliers abrupts ; des pêcheurs de tout type tentent leur chance parmi la myriade de poissons qui scintillent dans l’eau transparente.

     Le petit port de Kaleiçi à Antalya

    Les bâteaux à touristes que l’on nomme péjorativement « promène-couillons » occupent une grande partie des quais ; les rabatteurs haranguent les passants pour une promenade en mer. Un chanteur assis sur les escaliers roucoule une mélopée turque en grattant les 12 cordes de son luth, une timbale posée sur une tapis.

    Une halte à la terrasse d’un café face à la mer pour y déguster une « EFES » bien fraîche, on y domine le port et la partie ouest de la baie turquoise ; c’est un enchantement pour la langue (l’Efes) et pour les yeux, ma Jo, les yeux cachés derrière ses lunettes de soleil vogue je ne sais où dans le vent marin.

     La mer à Antalya

    Par le labyrinthe des ruelles pittoresques, nous rejoignons la porte d’Hadrien qui donne sur  « Lara Caddesi », la route côtière. Un petit parc parsemé de bancs nous permet d’y reposer nos jambes, une jeune dame avec son plâteau vient nous proposer un verre de thé que nous dégustons en regardant les gens aller et venir.

     La marchande de thé à Antalya

     

    Une minuscule mosquée face à nous avec son petit minaret et son dôme rutilant sous le soleil accueille quelques fidèles qui pratiquent aux vasques leurs ablutions rituelles avant de pénétrer dans la salle de prières.

    Nous irons plusieurs fois musarder dans ce quartier adorable, en empruntant des itinéraires différents qui nous permettent de nous fondre dans la vie quotidienne turque et de nous en imprégner. En revenant par « Kumuryet Caddesi » nous passons par la place « Kumuryet Meydani » baignée par le soleil où flane une foule bigarée et décontractée. Les nombreux bars et cafés ont squatté en partie la place et l’on vient ici, après la journée de travail pour y boire un thé tout en fumant le narguilé et en jouant au tric-trac, aux dames ou au baggamon, jeux dont sont friands les turcs.

     Les fumeurs de narguilé de la place "Kumuryet Meydany"

    Ali Baba, pittoresque vendeur de glace en tenue traditionnelle attire les clients grace à sa faconde et son bagout ; il joue avec les glaces qu’il fait apparaître et disparaître quand le client tend la main pour s’en saisir. Partout des montagnes d’oranges, de grenades, de pommes que le vendeur presse devant vous pour un verre de vitamines à votre goût. Le drapeau turc rouge avec son croissant de lune et son étoile occupe à peu près tous les espaces ; ici on vénère son pays et son guide emblématique Mustapha Kemal Atatürk dont l’effigie trône dans tous les commerces, la statue dans tous les lieux publics ; bon nombre de rues, boulevards, parcs, stades portent son nom. Ce grand homme de guerre et d’état a conduit son peuple vers la modernité, il est mort à 57 ans, victime de l’alcool.

     

    26 – 27 – 28 novembre 2009

    Nous quittons momentanément Antalya et « Bambus Club » pour la cour d’un hôtel camping à Pamukkale distant de 260 kilomètres environs. Depuis Antalya, prendre la direction de Burdur, puis continuer sur l' E 87, direction Korkuteli, Sagüt, Acipayan, Serinhisar, Denizli et enfin sur la droite Pamukkale ; c’est une route de moyenne montagne en très bon état ; il fait très beau mais arrivés à destination vers 16 h 00, il fait un peu frisquet ; il faut dire que nous sommes à 360 mètres d’altitude, la température est de 17° à comparer aux 28° d’Antalya, c’est un choc thermique. 

    Nous sommes accueillis au campement par le couple de gérants, sympathique, qui nous offre le thé de bienvenue sur la terrasse de l’hôtel d’où nous avons une première vue sur la montagne blanche que l’on croit à s’y méprendre être nos Vosges et ses sapins sous la neige de l’hiver. L’hôtel camping Pamukkale est situé juste aux pieds du site de travertins à 50 mètres du poste de « jendarma » qui en garde l’accès.

    Après une nuit calme et reposante, nous prenons un petit déjeuner copieux à bord de notre camion et le chemin des travertins, sac au dos avec le soleil et le ciel bleu comme compagnons de voyage ; on ne peut rêver mieux. Il faut passer à la caisse et s’acquitter du droit d’entrée (20 YTL – 10 € par personne) ; gravir la pente de 500 mètres environs, se déchausser comme l’explique la pancarte et pieds nus, nous gravissons la montagne étincelante de lumière, époustouflante de beauté bleutée ; l’eau y ruisselle de partout mais bizarrement elle n’est pas glacée et plutôt douce, drôles de sensations.

     Les pieds dans l'eau à Pamukale

    C’est un phénomène géologique particulier qui existe également aux Etas Unis dans le parc de Yellowstone et en Chine. Les sources de Pamukkale prennent naissance dans la faille de l’ouest anatolien et se réchauffent dans les entrailles de la terre pour jaillir entre 33 et 36° chargées d’hydrocarbonate de calcium. L’eau se déverse sur les rochers, en se réchauffant le monoxyde et le dyoxide de carbone s’évaporent et le carbonate de calcium s’y dépose en mince pellicule blanchâtre à raison d’un millimètre par an. Depuis environ 14 000 ans que dure le phénomène, le carbonate de calcium a créé des vasques de ciment blanc du haut jusqu’au pied de la montagne dans lesquelles se déverse l’eau qui en débordant y dépose sur les parois dans un cycle continu sa fine couche de dépôt.

     Les travertins à Pamukale

    C’est merveilleux, sublime, étourdissant, ce paysage de glaciers et d’eau qui ruisselle et dans laquelle se mire le ciel bleu est tout simplement féérique. Nous y passerons deux journées à admirer ce spectacle en pataugeant dans l’eau chaude. Dès que l’on change de point de vue, les couleurs changent, du bleu turquoise au vert émeraude jusqu’au gris brillant en passant par les jaunes, moirés au fur et à mesure que le soleil décline ; je ne m’en remettrai pas.

     Couché de soleil à Pamukale

    Depuis l’avènement du tourisme de masse dans les années 70, le site a connu des dégradations importantes. Les hôtels et commerces de tous poils ont colonisé les lieux et les algues ont envahi les travertins. Devant l’ampleur des dégâts, le gouvernement turc a pris des décisions draconiennes et refoulé les marchands du temples à plusieurs kilomètres de l’ endroit. Il a fait canaliser les sources d’eau et par une gestion intelligente des flux, les algues meurent et les travertins retrouvent leur splendeur. Les chaussures ont également dégradé les bordures des vasques, là où le nouveau carbonate en cours de solidification est le plus friable ; donc, plus de chaussures sur le site, les gardes et leur sifflet sont là pour éjecter les lourdingues avec leurs gros sabots.

    Beaucoup de travertins sur les 3 kilomètres de montagne sont interdits au public permettant ainsi la régénération de ce patrimoine mondial de l’humanité. Les eaux de Pamukkale auraient des vertus thérapeutiques ; elles soignent à peu près tout ; nous les avons testées au « Motel tourisme » parmi les vestiges antiques qui jonchent le fond de la piscine. Outre le fait que l’eau soit à 35° ce qui est fort agréable j’en conviens, je n’ai pas senti d’amélioration sensible de ma santé en quittant les lieux, c’est peut-être dû au fait que je ne suis pas malade ?

     Les pieds dans la grotte

    En tout cas, les romains ont aprécié Pamukkale, son site magnifique et ses eaux miraculeuses. Ils ont investi la ville de Hiérapolis à côté de Pamukkale en 130 avant J.C. Un tremblement de terre en 17 avec J.C. a entraîné de grandes modifications de cette ville devenu par la suite de pur style romain. A son apogée, celle-ci comptait 100 000 habitants et  nous passerons une journée complète à en faire le tour de ses ruines.

     Les latrines à Hyerapolis

    Deux nécropoles comptant environ 1200 sarcophages prouvent l’importance de la ville. Son théâtre est particulièrement bien conservé. A Hiérapolis, serait mort martyrisé l’apôtre Philippe ; venu y prêcher, il y fut crucifié et enterré. Le martyrion est au sommet d’une colline derrière le théâtre ; il fut longtemps un lieu de pélérinage pour la chrétienté.

     Sarcophage à Hyerapolis

    Je dois avouer avoir été ébloui par la beauté de ces lieux et c’est la mort dans l’âme que nous reprenons la route du retour. Au passage nous ferons le détour par le site de Karahayit à 3 kilomètres de Pamukkale où se trouvent également des sources d’eau chaude dont la température est de 48°.

     Source d'eau chaude à Karahayit

    Ces eaux ont créé des vasques de couleurs rougeâtre, verdâtre et jaunâtre car chargées en oxyde de mineraux. Ce site d’environ 500 m a été colonisé par les commerces et n’a pas l’intérêt qu’il pourrait avoir dans son contexte naturel.

     Travertins à Karahayit

    Nous avons, grace à ce détour, pu assister au défilé d’une caravane de 10 chameaux harnachés pour la parade qui devait avoir lieu dans le village. Cet animal de bât sillonnait l’Anatolie pour les échanges commerciaux depuis la nuit des temps.

    Nous avons retrouvé notre camping « Bambus Club » à Antalya et pris un taxi pour retrouver Gilles et Maryse qui sont arrivés cet après-midi à leur « Hôtel club Villa Mare » à Bogazkent distant de 60 kilomètres d’Antalya. Nous avons passé la soirée avec eux. Que du bonheur !

    30 novembre 2009

    Gilles et Maryse sont maintenant avec leur groupe de touristes et profitent au mieux de la Riviera Turque. Ils ne connaissent pas le programme des visites prévues mais d’ores et déjà nous avons pris rendez-vous pour samedi et passerons la journée ensemble. Une visite chez le coiffeur, quelques courses et la journée se passe ainsi à Antalya. Nous avons prévu pour demain la visite des tombes rupestres de Myra qui se trouve à environ 130 kms de notre camping. Nous avons fait le tour des loueurs de voiture et avons trouvé notre affaire.

     

    1erdécembre 2009

    Réveillés assez tôt ce matin, nous prenons à pied la direction du stade d’Antalya, secteur de la ville où sont concentrées les agences de location de véhicules. Mais à mi-chemin, un petit bureau de location est ouvert, le commerçant nous accueille et renseignements pris, nous acceptons sa proposition et celui-ci met à notre disposition une Renault Symbol pour 28 € la nournée sans limite de kilomètres.

    Il fait beau et nous prenons la direction de la célèbre N400 ; par Kamer, Kumluca, Finike et Kale nous longeons la mer dans un formidable paysage de montagnes. Par endroit, mer et montagnes se rejoignent et la route, creusée dans la falaise semble être le trait d’union entre les deux éléments. Le bleu turquoise de la mer et le bleu cobalt du ciel se rejoignent, eux, sur la ligne d’horizon, là-bas.

    A Kale, nous quittons sur notre droite la N400 et une fois sortis de la ville, nous empruntons le chemin qui, par delà les champs de plastique et de verre des serres de tomates, nous mène à Myra. Nous apercevons dans la montagne des murs de pierres sculptés et les trous noirs des tombeaux lyciens. Il faut passer par les commerces et par la caisse pour pénétrer sur le site.

    Après avoir contourné blocs de pierres et colonnes éparpillés au sol, nous sommes devant une première série de tombeaux creusés à même la paroi rocheuse. Nous ne pouvons pas y pénétrer, mais je suis impressionné par la qualité des sculptures qui ornent les façades des édifices. Cette première partie est la «nécropole maritime » car Myra était au 5èmesiècle avant J.C. l’un des plus grands ports de la côte lycienne. De loin, la nécropole a plutôt l’air d’un ensemble d’habitations et on s’attend à chaque instant à y voir surgir quelqu’un, mais de ces maisons, plus personne ne sortira.  

     Tombeaux Lyciens à Myra

    Par des escaliers en bois fabriqués pour les visiteurs, nous accèdons au niveau de « l’ambulacum » du plus petit théâtre romain de Turquie. Il est bien conservé et au dessus du podium, on peut y admirer quelques restes d’une frise avec des masques sculptés, dont on trouve d’autres éléments ça et là au sol sur le site. Y subsistent également des piedestales où étaient les statues des dieux qui maintenant ont rejoint le musée d’Antalya.

     Sculptures du théatre de Myra

    Myra, il faut le savoir, est aussi le lieu de naissance de la légende de Saint Nicolas, devenu avec le temps, Père Noël ; ici, en Turquie, « Noël Baba ». En effet, au 4èmesiècle durant l’ère chrétienne, Myra fut un évêché avec à sa tête Nicolas 1er. Cet homme très pieux fut canonisé car il aurait accompli plusieurs miracles dont un en ressuscitant trois enfants. La ville fut longtemps un lieu de pélérinage.

    Au 8èmesiècle fut inaugurée l’église « Noël Baba Kilesi » au centre de Demre (Myra), les restes du saint inhumés en ces lieux y furent dérobés par les pirates. D’après la légende, Saint Nicolas jetait des sacs d’or dans la cheminée des pauvres gens et celle-ci fut exportée au 17èmesiècle par des immigrants hollandais en Amérique. La légende de « Sinterklass » devint celle de « Santa Clauss », l’actuel Père Noël dont la fête du même nom correspond à la date de la mort du Nicolas 1er, le 6 décembre. Nous avons retrouvé les reliques (un morceau de machoire) au musée d’Antalya.

     Reliques de Saint Nicolas (musée d'Antalya)

    2 – 3 – 4 – 5 décembre 2009

    Les orages se succèdent sur la côte méditerranéenne et des trombes d’eau noient le camping et la ville. Tonnerre, éclairs, vent, s’unissent pour nous rendre la vie le moins confortable possible. Nous ne pouvons qu’attendre dans notre camion que les cieux se calment. Dans l’après midi du jeudi 3 décembre, le groupe de Gilles et Maryse se trouve au musée d’Antalya. Nous prenons un taxi et les rejoignons pour un après midi culturel à l’abri des intempéries. 

    C’est un beau musée dans lequel nous découvrons une belle exposition de la vie locale du paléolitique jusqu’au   XXeme  siècle. Bien entendu, les vedettes de cette exposition sont les statues collectées sur les divers sites romains du pays. D’Apollon à Artémis, en passant par Hadrien, Dyonisos ou Septime Sévère et Vénus, superbement mis en valeur par un éclairage adapté, on ne se lasse pas d’admirer ces chefs-d’œuvre d’avant l’ère chrétienne.

     Artémis (musée d'Antalya)

    Dernières demeures de marbre de hauts personnages de l’époque, des sarcophages superbement ouvragés en retracent la vie. Les trésors de Side et de Pergué, sous forme de dizaines de pièces d’argent retrouvées dans les décombres des villes antiques, y sont également exposés. Poteries, vaisselles, bijoux, matériels agricoles, armes, nous n’avons pas assez de temps pour tout voir ; déjà il faut se diriger vers la sortie.

     Sarcophage (musée d'Antalya)

    Après avoir embrassé Gilles et Maryse, nous reprenons la direction du camping. C’est une nuit quasiment sans sommeil que nous passons tant les trombes d’eau sont importantes. Jamais encore notre camion n’a été soumis à tel régime. Au matin, nous décidons de retourner à Side, retrouver « Istanbul Camping », ses poules et sa machine à laver. Nous ne serons pas plus éloignés de Gilles et Maryse et cela nous rapproche un peu de la Syrie car pour y aller nous devrons refaire à l’envers tout le chemin parcourru durant les cinq semaines passées dans la région

    Mais à Side, comme à Antalya, les orages se succèdent sans répit. Là encore la nuit est terrible, malgré sa robustesse, Totor est baloté par les rafales de vent, on entend le tonnerre qui roule.

    5 décembre 2009

    Aujourd’hui samedi, nous avons rendez-vous avec Gilles et Maryse. Vu le temps, l’excursion prévue en bâteau sur la mer est annulée et leurs compagnons de voyage restent à l’hôtel. Nous avons loué une voiture et effectué les 60 kms qui nous séparent de l’hôtel Club « Villa Mare » à Bogazkent. Tout est inondé, l’eau déborde des fossés dans les champs, sur la route les plaques d’égouts sont soulevées et refoulent l’eau à gros bouillons. Le ciel est bas, les nuages noirs se bousculent dans le ciel zébré d’éclairs.

    Quand nous arrivons à l’hôtel, c’est une mare immense qui entoure les constructions. Nous sommes heureux de retrouver nos touristes d’Andelnans, nous avions prévu une visite de la vieille ville d’Antalya mais par un temps pareil, nous annulons également cette excursion. Tant qu’à être trempés, autant que ce soit à l’abri ; aussi décidons-nous d’aller passer un peu de bon temps dans un hammam que nous avions repéré Jo et moi lors de nos périgrinations dans le quartier de Kaleiçi.

    Avec un peu de difficultés, nous rejoignons le centre ville d’Antalya et il nous faut un peu de temps pour trouver un parking. Nous découvrons enfin notre bonheur dans un parc souterrain accessible seulement par de petites venelles très étroites. Nous devons abandonner le volant à des spécialistes turcs qui, après moultes manœuvres, reviennent clés en main et sourire aux lèvres des entrailles de la terre où il ont garé notre véhicule.

    Après avoir acheté des parapluies dans un bazar, nous nous dirigeons vers le hammam deux fois centenaires. Accueillis par le tenancier, nous consultons la carte des prestations comme au restaurant. Nous optons pour la totale sans le massage aux huiles. Nous sommes dirigés vers des vestiaires, les filles avec les filles et Gillou avec  moi.

    Drapés dans des serviettes multicolores, nous sommes dirigés dans un couloir exigu qui débouche dans la salle des eaux ; au centre de celle-ci trône une table en marbre sur laquelle nous sommes priés de nous allonger. La pierre est chaude et nous y passerons une vingtaine de minutes à transpirer. De temps à autre, un turc en short, bedonnant, la moustache humide, nous balance des gamelles d’eau sur le corps.

    Quelques personnes de tous sexes déambulent dans les lieux où des fontaines d’eau froide et chaude sont à disposition des clients pour le rinçage après sudation. Nous sommes invités Gilles et moi à suivre notre turc bedonnant dans la petite salle de massage attenante. Allongés chacun sur un marbre, nous sommes pris en mains par nos malaxeurs qui nous aspergent d’eau régulièrement et commencent un étrillage énergique au gant de crin. Après dix minutes d’un tel traitement, j’ai l’impression d’avoir été lustré à la toile émeri. Quelques gamelles d’eau plus tard, nous disparaissons sous une épaisse couche de mousse savonneuse. Rincés abondamment à coups de gamelles, nous  passons au plat de résistance, le massage à la turque. Les claques pleuvent, les articulations couinent, la viande roule sous la pression savamment dosée des doigts puissants de nos masseurs ; nous soufflons de douleur et de bien être.

    Un fois traités recto-verso, je lis la satisfaction du devoir accompli dans les yeux du bedonnant et la béatitude bienfaitrice dans ceux de Gillou. Nous regagnons la salle chaude pour une dernière séance de sudation, mollement répandus sur nos couches de marbre. Les filles nous rejoignent et sont absolument ravies des instants visiblement trop courts passés entre les mains des taras-boulbas en short. Nous rejoignons la réception soigneusement drapés et enturbannés de serviettes sèches. Une petite collation à base de fruits et de thé nous est servie. Puis nous regagnons les vestiaires et les rues étroites de Kaleiçi.

     Au hammam à Antalya

    Interpelés par un restaurateur en chasse, nous passons un bon moment autour d’un feu de charbon de bois à déguster siss-kebab, brochettes, salades, sauce yaourth, le tout arrosé de Raky en apéritif et d’une bouteille de vin rouge dont j’ai oublié la marque.Le patron sympa nous parlera  longuement de la vie et de la politique en anglais et turc savamment dosés. Gilles et moi avons tout compris. Chaleureusement remerciés, la main sur le cœur, notre hôte et maintenant frère nous raccompagne jusqu’à la sortie ; le raki a des vertus insoupçonnées pour le rapprochement des hommes et la paix des races.

    Convaincu du bienfait de cette boisson divine, Gillou fera une halte au market du coin pour en acquerir quelques bouteilles en prévision des fêtes de Noël à venir. Nous déposons Gilles et Maryse à leur hôtel, un peu tristes de nous quitter ainsi, chacun reprenant sa route, eux vers la France et nous vers la Syrie. Nous avons vécu une belle journée ensemble, une de plus qui ne sera plus à prendre.

     Le restaurant à Kaleiçy Antalya

    6 – 7 décembre 2009

    Nous restons deux jours supplémentaires à Side pour  y sécher notre car et nos vêtements et pour effectuer quelques courses. Avec les trombes d’eau qui se sont abattues sur notre camion, nous avons eu la désagréable surprise de découvrir deux entrées d’eau, une au niveau d’une baie latérale et une au niveau du tableau de bord. Heureusement, le temps s’est remis au beau et les fuites repérées ont pu être étanchées.

    8 – 9 – 10 décembre 2009

    Nous avons repris la route N400 qui longe la mer par un temps agréable. Nous reconnaissons les paysages magnifiques qui nous avions découverts lors du voyage aller. A Anamur, nous passons la nuit du 8 dans le camping « le Dragon » juste sur la plage, sous les pins. Deux dames gèrent l’établissement qui doit être très agréable en été.

    A Adana, le lendemain, nous n’avons pas trouvé le camping que nous cherchions et avons passé la nuit sur un parking à camions assez bruyant et nous n’avons pas bien dormi. 

    Par Ceyan, Erzin, Yabacik, Iskenderum, Antakya et Reyanli nous arrivons à la frontière turco-syrienne jeudi 10 décembre vers midi.

    RETOUR EN TURQUIE

    28 janvier ….22 mars 2010 

     Le camping de Tasucu

    Cela fait maintenant un mois et demi que nous sommes à Tasucu sur le camping Akçakil. Nous passons de vraies vacances au bord de la mer ; je n’avais jamais de ma vie pensé être capable de rester ainsi, à ne rien faire ou presque. Profiter du temps qui passe, du soleil quand il est  présent et ici, je dois dire, que c’est plutôt le cas ; faire de longues marches dans la montagne  toute proche, de l’escalade dans les rochers, lire, dessiner pour moi, tricoter pour Jo.

     

     
     Le printemps a Tasucu

    Le paysage est magnifique, le printemps s’est installé gentiment, les jours ont rallongé sérieusement ; il faisait nuit à 16 h 30 quand nous sommes arrivés début février et maintenant, à 18 h 30, le jour résiste encore.

     Nenesse le clairon de Tasucu

    Nous sommes seuls la plupart du temps même si pour deux ou trois jours un camping – car, le plus souvent allemand, vient nous tenir compagnie. J’ai sympathisé avec la basse-cour du camping et noué des relations amicales avec « Nénesse », le coq multicolore qui règne majestueusement sur sa cour constituée de 4 poulettes noires.  Il faut dire que je le tiens par le bec, celui-ci appréciant particulièrement les morceaux de pain que je distribue chaque jour et qu’il dispute à ses ouailles, aux moineaux effrontés et aux tourterelles peureuses qui habitent les oliviers environnants.

     

     
    Les mimosas

    Les mimosas , les genêts sont en fleurs, la nature a sorti ses couleurs de printemps qu’elle dispense généreusement dans la montagne et dans le camping de Tasucu. Il n’en a pas toujours été ainsi depuis que nous sommes installés face à la mer verte, translucide et calme qui dépose dans un clapoti reposant des galets blancs sur la plage devant notre camion.  Par deux fois, bien que le vent fut quasiment nul, de gros rouleaux semblant venir du tréfond de la Méditerrannée, ont déménagé les tonnes de galets qui recouvraient habituellement la plage laissant apparaître le sable 1.50 m plus bas.

    Etrange phénomène que cette confiscation des cailloux par la mer d’autant que celle-ci s’accompagne d’un bruit assourdissant  du brassage des galets par les grosses vagues. Au matin, comme si de rien n’était, tout est rentré dans l’ordre, les flots se sont assagi, les galets recouvrent la plage ; je pense avoir rêvé.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Cependant,  la seconde fois, les vagues sont largement passées par-dessus le muret du camping dont elles ont détruit une bonne partie, nous obligeant à reculer sensiblement notre camion, elles ont déposée une couche de galets au sol au grand dam du personnel du site.

    Je dois aussi en parler, du personnel qui jouit également de vacances agréables en l’absence du couple patronal, lui-même en vacances à Istanbul.  C’est la morte saison pour le camping ; le relâchement est très palpable, les installations ne sont pas entretenues. Le frère du patron joue le rôle de son frère, le cuisinier Efdal, plutôt maigrichon pour la profession et Doa, le jeune serveur passent leur temps serrés autour du poêle à bois au centre de la salle à manger.

     

     
    Au restau du camping Akçakil

    Bouche bée, complètement captivés par le feuilleton nunuche diffusé chaque jour à la TV, ils attendent d’hypothétiques clients. Jo et moi allons régulièrement déguster poulet et poisson frits préparés par Efdal ; la carte n’est pas très variée mais les plats sont de bonne qualité.

     Nous allons souvent à Tasucu par une petite route côtière désaffectée très agréable ; nous faisons nos courses au marché du dimanche qui ressemble plus aux marchés de France qu’aux souks du Maroc. Les fruits et légumes y sont superbes, nous en faisons grande consommation.

     

     
    Tasucu la ville

    La petite ville de Tasucu n’a pas de cachet particulier mais son petit port et les commerces qui le bordent, attirent la population locale et la vie y palpite agréablement.

     

     
    Bonjour les Chazel

    Nous avons eu la joie de faire la connaissance de Patricia et André Chazel qui en terminent avec leur tour du monde. Célèbres dans le monde du camping-car, ils ont depuis quatre années fait rêver bon nombre d’amateurs de voyages au long cours dont nous, au travers de leur site Internet www.chazel.com.

     

     
    Jo et Patricia

    Nous avons passé une dizaine de jours ensemble à Akçakil camping et échangé beaucoup autour du voyage mais pas que ; leur compagnie fut un vrai bonheur, le dynamisme et la gaité de Patricia ont un peu compensé quelques absences d’André dues à une laryngite tenace.  Ils ont repris la route de France, de leur maison de Saint Rom de Dolan où ils vont pouvoir prendre un peu de recul par rapport au voyage et mettre à profit cette période de sédentarisation pour écrire leur aventure.

    Au début du mois de mars, Yilmaz et Suzy, les propriétaires ont réintégré les lieux ; Suzy, à peine descendue de voiture, en tenue de ville, est allée lancer ses lignes de pêche à la mer ; c’est une fanatique, elle passe des heures assise sur son tabouret à pêcher je ne sais quel poisson car je ne l’ai jamais vue en sortir un seul.

    Yilmaz, lui, est fanatique supporter de l’équipe de foot Galatasaray d’Istanbul. Depuis qu’ils sont rentrés, la vie a drastiquement changé du côté du personnel ; une intense activité règne sur le campement dès huit heures du matin. Yilmaz donne de la gueule et ne lâche pas ses troupes ; petit à petit  le camping change d’aspect d’autant qu’une colonne de 17 camping-cars allemands est attendue.

    Bref ! la vie est belle ! encore quelques jours et nous reprendrons la route vers la Cappadoce puis Istanbul et nous retrouverons les routes de l’Europe et de la France.

     

    22 mars 2010

     

    Nous avons dit « adieu » à Akçakil camping, à Yilmaz et à son équipe. J’ai un peu de mal à laisser derrière moi ce petit coin de Turquie où je me sens si bien, mais le temps est magnifique et il faut bien se résigner ; la Turquie est immense et il y a tant de choses à voir.

    A Silifke, nous quittons la célèbre N400 pour monter vers le nord. Notre ambition, atteindre « Sultanhani » et son camping « Kervan Pansyion » qui était fermé lors de notre premier séjour en octobre 2009. Nous longeons la rivière « Gökcu Nehri » qui descend du « Taurus » pour aller se jeter dans la Méditerranée vers Silifke. Quels beaux paysages que ces contreforts du Taurus composés de moyennes montagnes découpées et arides, parsemées de forêts de pins.

     Görku Nehri

    La rivière serpente, tumultueuse dans un immense jardin d’arbres fruitiers en fleurs.  Les eaux vertes roulent sur les rochers où les vagues s’éclatent en flocons blancs avant de reprendre leur course vers la mer.  Après 90 km, nous atteignons « Mut » qui compte 43 000 habitants comme l’indique le panneau à l’entrée de la ville.

    Sevcihan et Michel

    Nous sommes à l’arrêt au feu rouge quand nous sommes interpelés par un automobiliste. « Bonjour, je suis français, j’habite ici, je suis heureux de vous rencontrer et si vous avez 5 minutes à perdre, je vous invite à prendre le thé ! » C’est ainsi que nous faisons connaissance de Michel, de sa famille et de ses amis ; car les nouvelles vont vite par ici et nous sommes invités à boire, manger et dormir à plusieurs endroits différents, mais en même temps.

    Pas facile à gérer cette affaire mais l’accueil est extraordinaire de gentillesse, de spontanéité et de simplicité ! Michel, en fait, est né à Mut, il a 47 ans ; il a quitté la région à l’âge de 6 ans pour rejoindre la France avec Papa et Maman. Il possède la double nationalité, aime la France par-dessus tout ; il y vit, y travaille et revient au pays régulièrement où il possède sa maison et de très grands vergers dont il a confié l’exloitation à un ami.

     Sa jolie épouse Sevcihan exploite au  rez-de-chaussée de la maison son salon de coiffure ; elle prend Jo en main et ne la libèrera qu’une fois relookée (coiffure, teinture, maquillage) pour la plus grande joie de ma compagne.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Fête de l'école à Mut 

     Le frère de Sevcihan est professeur au lycée technique de la ville ; il vient en moto nous inviter  à la fête du printemps qui s’y déroule actuellement. C’est ainsi que nous nous retrouvons aux premières loges d’un spectacle folklorique, accueillis par le directeur et les professeurs de l’école. Un gros beignet et un verre de Ayran, breuvage à base de yaourth, nous sont gentiment offerts.

     

     Fête à l'école de MUT

     Rapidement, nous sommes embarqués sur la piste pour danser sur les accords de musique d’un orchestre traditionnel turc. Expérience extraordinaire que nous vivons ici, nous sommes débordés par tant de solicitude et de gentillesse ; les gens viennent nous saluer, nous souhaiter la bienvenue.

    Une jeune et jolie fille vient embrasser ma Jo car celle-ci lui rappelle sa grand-mère, les larmes sont au bord des yeux. Ibrahim, vieux monsieur à l’allure noble s’approche pour nous parler de sa vie de professeur de français et de sa famille. Aujourd’hui à la retraite, il coule des jours heureux à Mut.

     

    Le verger de Michel 

     

    Michel nous convie à visiter ses vergers au cœur de la montagne ; c’est un  paradis de silence où les abricotiers, manguiers, grenadiers, figuiers, en pleine floraison, distillent un parfum de printemps sous un ciel azur embrasé de soleil. Nous prenons le thé sur la terrasse de la maison, quel moment de bonheur !

     
     
     
     
     
     

     

     Priorité à la tortue

    Sur la route de montagne qui descend vers la ville, nous cédons le passage à une grosse tortue ; une halte plus loin, un café turc nous est servi par des parents de Michel ; beaucoup ont travaillé en France, dans le bûcheronnage et leur joie est grande de prononcer quelques mots en français pour nous être agréables.

       La famille de Michel  

      Le soir venu, impossible de s’échapper ; nous partageons la table de Michel et Sevcihan ; le téléphone sonne régulièrement, les parents de Sevcihan souhaitent faire notre connnaissance.

    Le sonnette résonne à la porte d’entrée ; c’est Sandra, une voisine des parents de Sevcihan, rencontrée à la fête ; elle nous avait invités à souper, ne nous voyant pas arriver et pour cause, elle apporte le repas qu’elle a préparé en notre honneur. Elle parle parfaitement français ayant travaillé dans l’hôtellerie à Lyon il y a une vingtaines d’années mais a préféré revenir dans son pays où elle se sent si bien. Nous ne pouvons pas échapper au traditionnel thé qu’elle nous invite à partager dans sa maison. C’est ainsi que se termine cette folle journée !

     Nous rejoignons notre camion pour une courte nuit, café et thé consommés immodérément nous assurent une insomnie totale que les muezzins des deux mosquées de la ville ne parviendront pas à atténuer malgré l’ardeur de leurs vocalises matinales.

    23 mars 2010

     

     

    Sevcihan et sa perruche

    Nous prenons le petit déjeuner en compagnie de Sevcihan et de sa perruche bleue qui agrémente la maison. Pas farouche, celle-ci picore tout ce qui est à sa portée et vient se percher tour à tour sur chacun de nous.

     

     

     

    Parler français fait plaisir à ces papys

    Michel nous fait visiter sa ville où nous rencontrons de vieux messieurs qui nous parlent, les larmes  aux yeux, du bon temps passé en France quand ils y bûcheronnaient en forêt de Sologne ou en Picardie. Quelques uns vivaient en caravane, pour se déplacer  et vivre plus facilement au gré de leurs chantiers ; ils en parlent avec nostalgie. Ainsi, nous avons découvert que toute une communauté turque a vécu en France grâce à sa maîtrise du travail du bois. Recherchés par les entreprises spécialisées, ils ont été recrutés ici, ont quitté leurs montagnes boisées qu’ils ont retrouvées une fois l’heure de la retraite venue.

     Michel a vécu cette époque dans les années 70 en suivant son père, bûcheron qui, aujourd’hui, repose dans le cimetière de la ville sous les pins, là-haut, dans la montagne ; nous apercevons sa tombe depuis la route.

     

     

     

    Les mongolfières à Ortahisar

     Nous continuons la route vers le nord dans des paysages de printemps ; en fait, nous avons bien calculé notre coup en restant au soleil de Tasucu, en attendant les beaux jours en Anatolie centrale. Nous découvrons ce pays dans les meilleures conditions possibles. Nous oublions notre camping de Sultanhani pour rejoindre Kaya camping à Ortahisar près de Göreme. Nous y restons trois nuits, positionnés près du muret qui donne sur les vignobles et le canyon de Pigeon Valley d’où s’envolent, chaque matin, une vingtaine de mongolfières de toutes les couleurs.

     Nous sommes seuls sur le camping très sympa, aux douches extra ,où il ne manque qu’Internet pour être parfait. Aux aurores, ce sont les ventilateurs  et les brûleurs à gaz des mongolfières qui nous réveillent ; lorsque  l’air est le plus froid, c’est le meilleur moment pour le ballon, gonflé d’air chaud, pour s’élever dans le jour naissant, avec sa charge de touristes.  Les bus, affrêtés par les tour-opérators de la région, déposent leurs clients à côté du camping, site d’envol des ballons.

     Chargés à raison de 15 à 20 personnes en fonction de la taille des nacelles, les ballons décollent en douceur et  chacun peut assister au lever du soleil sur les cheminées des fées de Pigeon Valley et de Rose Valley. Sûr, le spectacle doit être magnifique d’autant que les pilotes, très habiles, manoeuvrent leur bulle d’air  afin de descendre au plus bas dans la vallée pour offrir un point de vue optimale à leurs clients.

     

     

     

      Le posé sur la remorque  

    Le vol dure environ une heure pour ceux qui déboursent 120 €, une heure 30 minutes pour ceux qui paient 160 € et ils peuvent s’élever plus haut dans le ciel de la Cappadoce. Puis c'est la ruée des 4 x4 et des remorques qui rejoignent les points d’atterrissage ; nous assistons au posé d’un gros ballon rouge « Honda » directement sur sa remorque. Sous les « vivas » de la vingtaine de japonais embarqués dans la nacelle, l’équipage rejoint, cahin-caha, une zone de pliage à environ 300 mètres plus loin.

     

     

     

    Les cheminées des fées dans Pigeon Valley

    Quant à nous, c’est à pieds que nous découvrons ce paysage magique composé de milliers de rochers oblongs que la nature a « usinés » durant des milliers d’années.  En effet, loin dans la nuit des temps, des volcans ont explosé ici recouvrant les roches de tuf d’une épaisse couche de basalte noir. Avec les années, ce basalte s’est craquelé permettant à l’eau et au vent ce long travail d’érosion qui a donné ces étranges cônes de tuf tendre coiffés de leur casquette de basalte.

     Puis les hommes ont creusé à l’intérieur des cônes, des portes, des fenêtres, des chambres et en ont fait leurs maisons, leurs églises. C’est vers le Xème siècle que les chrétiens sont venus s’installer ici fuyant l’Anatolie envahie par les Seldjoukides arabes. Ils ont vécu dans cet endroit à l’abri des montagnes roses dans les vallées en cultivant la vigne.   
     
      
     

     Maison dans le rocher 

     Aujourd’hui encore, ces parcelles sont travaillées ; c’est un vrai bonheur que de se promener ainsi dans ce sanctuaire où poussent des noyers, des oliviers, des pommiers. De temps à autre, nous découvrons un puit dans la roche alimenté par l’eau de la montagne. La roche change de couleur au fur et à mesure de nos promenades, du jaune ocre au blanc de neige, du rose au rouge, du gris au noir de basalte ; le soleil fait du charme à la nature qui s’est revêtue de ses plus belles fleurs pour la circonstance.

     

              

     

    La maison des Schtroumpfs

    Par endroit, nous nous croyons au pays des « Schtroumpfs » ; les maisons ressemblent à des champignons. Nous grimpons haut dans les rochers pour découvrir une petite église creusée dans le tuf. C’est Emin, un petit commerçant qui a installé son débit de boissons dans une grotte à proximité des lieux qui nous en ouvre la porte.  Il faut grimper une volée de marches puis une échelle de fer pour atteindre l’endroit.  

     

      Fresque dans l'église troglodyte

    Sur les murs, une fresque en couleur de style naïf du Xème siècle représente la Pâque. Assis autour du Christ, les apôtres dont les visages ont été dégradés par les musulmans. Au plafond, une croix byzantine taillée dans la roche ; au sol un baptistère et tout autour, des sièges sculptés pouvant recevoir une cinquantaine de personnes.  Une seule ouverture creusée vers l’extérieur permet à la lumière du jour de pénétrer.

      Beaucoup de ces habitations troglodytiques servent aujourd’hui de chambres de conservation de fruits et légumes du fait de leur fraîcheur naturelle.

     Nous sommes également allés à Göreme, ville nichée au cœur de la vallée rouge. Ses milliers de maisons troglodytes dans la falaise ont été désertées depuis peu afin d’être mises en valeur pour le tourisme. Ainsi un musée en plein air a été réalisé ; il regroupe une trentaine d’églises et de monastères dont la taille varie en fonction du rocher dans lequel ils ont été creusés. Ils datent du Xème et XIème siècle.

     

        27 mars 2010   

     

     

     

        Couloir dans la ville souterraine de Derinkuyu    

    Nous reprenons notre périple vers 11 heures et nous nous dirigeons vers le sud, vers Derinkuyu pour y visiter une ville souterraine. Véritables attractions de la Cappadoce, ces villes souterraines dont plus de 200 ont été recensées, datent de 4000 ans environ. Elles ont été créées par les habitants pour se protéger des envahisseurs.

     

         

     Appartement au centre de la terre    

     Jo est restée au premier niveau ; en compagnie de quelques japonais, je suis allé jusqu’au bout du boyau à – 85 mètres. Je suis oppressé ; il faut attendre les derniers visiteurs pour entamer la longue montée. Je récupère ma compagne au passage et nous retrouvons l’air et la lumière de l’extérieur avec soulagement.

     Nous avons eu Michel au téléphone ; Sevcihan va un peu mieux. Nous souhaitons revoir nos amis et décidons donc de continuer  vers le sud pour revenir à Mut. Le soir venu, nous sommes à Bor et notre pneu avant, victime d’un trou sans doute, rend l’âme. Heureusement, nous sommes devant une station d’essence et avec l’aide de Hocyne, employé de "Ottolastic" juste à côté, nous montons la roue de secours.

     Nous poussons jusqu’à Eregli afin de changer notre pneu mais malgré l’aide de deux vendeurs, nous ne trouvons pas notre bonheur ; ils nous conseillent d’aller à Konya pour nous faire dépanner.  Nous passons la nuit sur le parking d’un restaurant et profitons de la table de celui-ci où nous dégustons d’excellentes côtes d’agneau.

     

     28 mars 2010

     

    Nous retrouvons Michel et Sevcihan avec joie ; nous ne les avions pas avertis de notre retour ; leur surprise est immense. Avec Michel, je résouds mon problème de pneu à Mut et pendant que le mécano s’occupe de Totor, Michel m’accompagne chez un coiffeur de ses amis. Après une coupe de cheveux « flambée à la turque », celui-ci me dispensera une séance de massage  extraordinaire dont je sors absolument détendu.

     Nous passons avec toute la famille une dernière soirée que Michel et Sevcihan souhaitent prolonger encore et encore mais, malgré leur insistance et leur gentillesse, nous souhaitons continuer notre voyage. Nous saluons une dernière fois nos amis qui sont à l’image de leur pays, chauds et accueillants. Nous reviendrons, nous ne les oublierons pas !

     

     29 – 30 – 31 mars 2010

      

     

    Le lac salé de Tüz Gölü

        Le soleil est toujours avec nous dans la montée vers Karaman que Totor commence à connaître ; il trouve les rampes un peu raides mais, à son rythme, il avance jusqu’à Konya.  Sur ces longues lignes droites du plateau anatolien, il se lache et roule à  bonne vitesse. Les grandes plaines cultivées laissent la place à la steppe balayée par le vent. C’est dommage mais le paysage est pollué de milions de sacs en plastique balotés par les rafales.

     Vers le milieu de l’après midi, nous arrivons à Cihanbeyli et par une petite route nous allons jusqu’au bord du lac de Tüz Gölü dans l’espoir de passer la nuit dans une cadre bucolique. Une barrière et un garde en arme nous en interdisent l’accès. Je sollicite l’autorisation de celui-ci pour passer la nuit ici. Après avoir téléphoné, le garde nous demande de déposer notre passeport et ouvre la barrière.

     Nous sommes sur un site d’exploitation de sel car cet immense lac de l’Anatolie Centrale est en fait un lac salé. Nous installons notre camion à l’écart  avec vue imprenable sur l’immensité lacustre  dans le soleil couchant. Comme dans la Mer Morte, les pierres sont enveloppées dans une gangue de cristaux blancs. Sami, un employé du site vient à nous avec son tracteur et nous fait comprendre qu’il va nous faire visiter les lieux qui, dit-il, sont superbes.

     

    Sami notre guide à Tüz Gölü

    Nous l’embarquons à bord de notre camion et nous faisons le tour du propriétaire avec force commentaires enflammés de Sami. Le lac a été divisé en bassins d’où l’eau est pompée de l’un pour être rejetée dans un autre afin de libérer la croûte de sel qui est grattée par une machine. Transbordé, affiné et chargé dans les camions, le sel est transporté dans des usines de purification et de conditionnement.

     
     

     

    Le sel du lac de Tüz Gölü

     En fin de parcours, Sami nous invite dans le local qui tient lieu de bureau, cuisine et dortoir pour partager le thé avec ses collègues de travail. Nous n’avons pas le temps de le déguster car la directrice du centre fait irruption dans  le local et nous invite gentiment à regagner la sortie. Rien n’a été prévu pour accueillir les visiteurs durant la nuit.

        Adieu Sami!     

     

     Nous saluons toute l’équipe désolée de nous abandonner ainsi et nous allons passer la nuit sur un parking d’une station service sur la route d’Ankara.

     

    1er – 2 – 3 – 4 avril 2010

     

     

     Elle est petite Jo!

        

    Après les pleins et le lavage du camion, nous reprenons la route vers Ankara que nous atteignons vers 17 h 00. Pour arriver au « Motel camping Omür », il faut contourner la moitié de la capitale par l’autoroute qui la ceinture. Nous sortons au nord-ouest par la N450 qui devient « Istanbul Yolü ». Nous voyons la ville de haut car elle est entourée de collines qui pointent entre 900 et 1200 m de hauteur, non compris les immenses mâts d’antennes dont elles sont hérissées.

    Partout, partout, partout…, des milliers de blocs de béton, des villes entières sont terminées ou en cours de construction sur ces collines. La Turquie est un immense chantier où l’immobilier est en plein essor. On y sent une véritable volonté politique d’urbanisation. Afin d’éviter que l’exode des populations rurales vers les banlieues des grandes villes ne transforme celles-ci en bidonvilles, le gouvernement privilégie l’efficacité en prenant les devants au détriment d’une certaine qualité architecturale. C’est dommage car la capitale administrative de la Turquie n’est pas mise en valeur ; je ne pense pas que Mustafa Kemal aimerait sa ville aujourd’hui.

    Notre hôtel- camping est au bord du grand boulevard d’Istanbul, juste en face d’une base militaire d’hélicoptères ; le bruit est incessant. L’avantage , c’est que nous n’avons que leboulevard à traverser pour prendre le bus et aller en ville. Ici, les transports en commun et surtout les bus sont hyper-développés. Nous n’attendons jamais plus d’une minute pour qu’un bus, grand ou petit, s’arrête. Le prix est dérisoire ; par deux fois, les chauffeurs n’ont pas voulu que nous payons notre place ; ils nous l’offrent avec le sourire.

     

     

    Anitkabir le mausolé d'Ataturk

    Nous allons, durant une semaine, déambuler dans Ankara. En premier lieu, nous visitons le grand mausolée de Mustafa Kemal « Atatürk », père fondateur de la Turquie moderne. Positionné sur une colline de la ville, l’Anitkabir est le site de toutes les manifestations officielles. Tous les dirigeants du monde, en visite en Turquie, viennent se recueillir devant le cénotaphe et y déposer une gerbe. L’immense place centrale est réservée aux défilés militaires. Un grand musée contigu au mausolée est consacré à la vie du grand homme et ses objets personnels y sont exposés. Des champs de bataille reconstitués mettent en scène les faits d’armes de celui qui deviendra le premier président de la République Turque.

     

     

    La citadelle d'Ankara

    Nous allons également au cœur de la vieille cité perchée tout en haut d’une colline, enfermée dans ses murailles ; c’est « Kalle ». Pas besoin de se poser des questions sur la présence romaine ; ici, dans les murs de la citadelle, des morceaux de colonnes, de frontons, de statues, de dalles ont servi de matière première pour sa construction. Il faut grimper longtemps de grands escaliers pour parvenir au pied de la citadelle. Les petits commerçants locaux y sont nombreux à proposer leur verroterie.

     

     

    Ruelle dans Kalle à Ankara

    Une fois passé une des portes, nous sommes dans un village du moyen âge avec de vieilles maisons en bois de style ottoman dont certaines ont été rénovées. Nous sommes dans « Angora », nom d’origine de la ville très célèbre pour sa laine ; des peaux de moutons blanches et noires sont étalées sur les murs.

     

     

    La laine Angora à Ankara

    Depuis les remparts, nous avons une vue panoramique sur la ville nouvelle et sur les flancs de la colline ; sous les murs, vue imprenable sur les bidonvilles.

     

     

    Ankara vue de la citadelle

    Les hélicoptères tournent au-dessus de la ville quasiment sans interruption. Nous aimons également nous promener dans les quartiers commerciaux où règne une ambiance chaude et colorée :

     

     

    Marché à Ankara

    le marché aux fruits et légumes, celui des tissus et de l’habillement où se cotoient robes de mariage kitch et costumes 4 pièces « Pierre Cardin » à 150 YTL (75 €) ;

     

     

    Le marché au vêtements à Ankara

    le marché de la bijouterie aux ors jaunes et massifs particulièrement prisés par la clientèle féminine turque ; le marché de la télévision, de la wifi et de l’électronique où, dans une échope, Yilmaz, commerçant charmant a, en une demi-heure, réparé notre chargeur de batterie tombé en panne.

    Il avait en stock la pièce nécessaire et a fait l’intervention tout en nous racontant sa vie d’ancien technicien de l’armée turque. Très heureux de nous avoir dépanné, il a fallu insister fortement pour qu’il accepte le paiement de sa prestation. En France, on ne fait plus dépanner son chargeur de batterie, on le jette.

    Bien entendu, les petits restaurants que l’on trouve partout proposent tous la même cuisine à base de salades, de sis kebap, poulet grillé, çorbasi, délicieuses soupes de haricots et de tomates. Nous y sommes accueillis avec tant de gentillesse et de sourires que nous nous sentons honteux lors de l’addition ; le prix est ridicule, l’entrée et le thé sont offerts par la maison et au cours du repas, on vient offrir une assiette de quelques spécialités, juste pour donner l’envie de revenir.


    5 – 6 avril 2010


    Nous voici sur la route du nord, en direction de la Mer Noire « Kara Deniz » pour les Turcs. Nous avons en vue un camping au nord de Kizilcahaman, un peu en retrait dans la montagne de Camlidere Gerçidi, vers les 1840 m d’altitude. Le temps est magnifique, les paysages splendides ; nous avons le temps de les admirer. Totor prend son temps pour grimper. Une fois sur place, nous constatons que le parc où se situe le camping est fermé et les gardes nous conseillent d’aller dormir dans le village voisin. Nous arrivons devant la barrière d’un site protégé et le gardien nous trouve un emplacement juste devant sa loge.

     

    Devant Yalaköy

     

    Une fois les présentations faites, Gengis nous invite à boire le thé mais finalement, c’est à bord du camion que nous dégustons ensemble une bière ; mais bien vite la conversation s’arrête par manque de vocabulaire. Gengis appelle au secours un résident parlant anglais ; c’est un couple sympathique qui nous rejoint. Lui « Murat », elle « Swal » ; bien entendu l’hospitalité turque étant de rigueur, nous sommes invités dans leur maison pour boire le « tchai » traditionnel.

     

     

    Murat à Yalaköy

    Nous faisons connaissance et apprécions particulièrement leur gentillesse et leur culture. Murat était directeur de la TRT, chaîne nationale de la télévision turque ; Swal était contrôleur de l’imigration à l’aéroport international d’Ankara. Retraités, ils ont ici leur maison de vacances où ils passent l’essentiel de leur vie dans un cadre montagnard admirable. Murat nous raccompagne à notre camion où nous passons une nuit bien calme à Aylaköy, à 1300 m d’altitude où la couche de neige a atteint 1 métre de hauteur et où la température est descendue à – 20 °.

     

     

    Sur la route verte qui mène à Eregli

    Nous continuons notre route vers le nord, par Gerede et Devrek : nous atteignons une petite route verte d’après notre carte ; les paysages sont magnifiques mais la route calamiteuse. Nous mettons 2 heures pour faire les 60 kms qui séparent Devrek d’Eregli. Par la route n° 10 nous longeons les chantiers navals d’Eregli où de nombreux tankers sont au radoube pour réparations. Le temps est gris et froid quand nous atteignons Akçakoca dont les deux campings sont fermés et tellement moches que nous décidons de camper « en sauvage » au bord de la Mer Noire.

    Le chemin de terre qui nous y conduit n’inspire pas confiance mais nous nous installons et dinons face aux flots. Très rapidement, le temps change, la pluie se met à tomber et nous replions tout afin de quitter les lieux pour ne pas rester embourbés. Nous nous réfugions devant un hôtel à Kocaali ; il pleut toute la nuit sur le parking d’ « Aqua Ôtel » .


    7 – 8 – 9 – 10 – 11 avril 2010


    Au réveil, le temps est vilain, le ciel, noir comme la mer du même nom, ne nous engage pas à nous éterniser ici. Aussi Jo et moi décidons d’oublier le Mer Noire pour cette année et nous reprenons l’autoroute E80 qui conduit à Istanbul. Il n’y a pas de camping à Istanbul et nous n’avons pas envie d’affronter avec notre camping-car la circulation de cette immense ville de 12 millions d’habitants.

     

     

    Totor et ses potes à Yenibosna

    Nos amis Chazel nous ont communiqué une adresse sur la «Corne d’Or », mais cet autopark, sans commodités, ne nous convient pas pour un séjour d’une semaine. Nous trouvons un autopark dans un quartier près de l’aéroport Atatürk, à « Yenibosna ». C’est un parc à camions en terre battue, nous y installons Totor entre deux collègues à citerne, juste à côté d’une petite mosquée passée inaperçue jusqu’au moment de l’Ezane. A l’heure de la prière, nous tressautons chaque fois tant la puissance de ses quatre haut-parleurs est extrême.

    Les avions qui décollent ou atterrissent d’Atatürk Havalimani passent au-dessus de notre camping-car. Le vent qui balaie la cour lève une poussière blanche qui se dépose partout ; nous sommes à 45 mn, par les transports en commun, de « Eminonü », le quartier attractif d’Istanbul. Voici pour les inconvénients.

     

     

    Umit et son équipe à Yenibosna

    Nous disposons de l’électricité et de l’eau, l’équipe du parc dont Umit, est très serviable et sympathique comme l’est la majorité des Turcs. On trouve tout ce dont on a besoin à Yenibosna. Nous ne sommes dans notre camion que la nuit alors qu’un calme relatif s’est installé sur le quartier. L’emplacement est gratuit ; voilà pour les avantages.

    Chaque jour, nous prenons le bus qui conduit à Aksaray, tête de ligne du tramway d’Istanbul. Celui-ci nous dépose à Eminonü, point de départ de nos visites. Pour les déplacements interquartiers, nous utilisons, outre le tramway, le métro ; tous les transports en commun sont au tarif unique de 1.5 YTL par personne (0.75 €).

     

    Le Bosphore a Istanbul

    Istanbul est la seule ville au monde à cheval sur deux continents ; l’Europe et l’Asie qui sont séparées par le détroit du Bosphore qui relie la Mer Noire à la Mer de Marmara et qu’enjambent deux grands ponts : le « pont du Bosphore » et le pont « Sultant Mehmet le conquérant ». Côté européen, une « virgule » de la Mer de Marmara s’incruste dans les terres ; c’est la Corne d’Or autour de laquelle bât le cœur historique d’Istanbul.

    Byzance puis Constantinople sont toujours dan s l’imaginaire humain le symbole de la puissance et de la richesse. Les quartiers d’Eminonü et de Fathy, au sud de la Corde d’Or, retranchés derrière la grande muraillede Théodose abritent les édifices les plus remarquables d’Istanbul : Topkapi, Gülhane parki, Ayasofia (basilique Sainte Sophie), Sultanhamet (la mosquée bleue), Süleymaniye Camii (la mosquée de Soliman le magnifique) , Kapaliçarsi (le grand bazar), l’aqueduc de Valens, la tour de Beyazit, Yerebatan Sarayi (citerne-basilique), les tombeaux des sultans ottomans et l’essentiel des grands musées.

    Chaque jour, une fois débarqués à Eminonü, notre première démarche : acheter nos « simit » petits pains en couronne, parsemés de grains de sésame que nous dégustons tout en marchant pendant nos visites.

    Notre première journée a été consacrée à la découverte d’Eminonü et à la visite de Sainte Sophie et de la Mosquée Bleue ; ce quartier d’Istanbul est un des plus animés, les touristes du monde entier et les stambouliotes s’y côtoient dans un joyeux bourdonnement, les commerçants, du pas de leur porte, haranguent la foule dans toutes les langues mais sans agressivité ; c’est très agréable.

     

    Ayasophia Istanbul

    Nous traversons plusieurs fois le grand parc Gülhane pour y admirer les magnifiques tulipes qui le fleurissent. C’est ici que les hollandais ont découvert cette fleur qu’ils ont emmenée dans leur pays et en devenir le premier producteur mondial. Comme tous les parcs du monde, on vient y flâner car il règne ici une douce ambiance de calme et de paix que les hérons et les perruches qui s’y disputent les branches des grands arbres, ne peuvent troubler.

     

    Le parc Gulhane Istanbul

    Sainte Sophie, basilique byzantine du VIème siècle commandée par Justinien, devait représenter le siège du pouvoir de Dieu sur la terre. Aucune dépense ne fut épargnée pour sa splendeur car elle devait être le symbole de la puissance byzantine. La plupart des sites antiques d’Asie Mineure furent pillés pour fournir les matériaux de base à l’édifice. Les mosaïques sont admirables ; Sainte Sophie restera plus de 1000 ans sans égale au monde. Quand les Turcs prirent Constantinople vers 1450, ils construisirent la Mosquée Bleue pour détrôner Sainte Sophie.

    La deuxième partie de la journée est consacrée à la visite de la Mosquée Bleue rendue célèbre par ses mosaïques d’Isnik qui ornent ses murs intérieurs. Construite vers 1610 sous Ahmet 1er on y accède depuis Sainte Sophie par la place de la mosquée puis les jardins et les jets d’eau mettent en valeur cette immense composition de coupoles et de minarets. La cour intérieure est plus petite et moins jolie à mes yeux que la mosquée des Omeyyades de Damas mais son immense salle des prières est admirable. Ses murs de marbre et sa gigantesque coupole soutenue par quatre énormes piliers évasés vers le sol en « patte d’éléphant » lui donnent plus d’ampleur. Une douce lumière diffusée par d’innombrables fenêtres éclaire un magnifique tapis de prières rouge et beige.

     

    La mosque Bleue de Sultanhamet Istanbul

    Partout des carreaux de faïence bleue ornées de fleurs où se reflètent les milliers de lumignons suspendus aux lustres gigantesques qui descendent des dômes . A l’heure de l’ezane, c’est la déception : le chant du muezzin n’a rien à voir avec les « chœurs islamiques » de Omeyyades de Damas, cela manque de grandeur.

    Le deuxième jour, nous retraversons Gülhane que les chinois ont investi. Le soleil est présent mais le vent venant de la mer est froid ; nous regrettons la douce chaleur de Tasucu mais on ne peut pas toujours tout avoir. Les dignes représentants de l’Empire Céleste bien en rang, abrités sous leurs châpeaux, casquettes ou ombrelles, suivent, masque sur le nez, bien disciplinés, leur grand timonier du jour, le guide du tour-opérator, stick en main levée pour se faire bien voir.

    Nous nous dirigeons directement vers Topkapi, le palais des sultans ottomans. Que dire de plus de cet endroit qui n’a déjà été dit ? Construit au 15ème siècle, Topkapi était le siège législatif et la résidence des puissants sultans. C’est aujourd’hui un musée que l’on aborde par la deuxième cour après un contrôle de sécurité assez poussé.

     

    La cour du harem Topkapi Istanbul

    Nous passons les beaux jardins d’ornement et laissons les écuries à notre gauche et les cuisines à notre droite pour atteindre la salle du « Divan » où se tenaient les réunions politiques. Le Grand Vizir, 1er ministre du système, était assis sur un divan d’où le nom de la salle et le sultan observait la scène abrité derrière une fenêtre grillagée.

    Depuis cette cour, nous accédons également au harem, palais des dames dans le palais. Il compte environ 300 pièces ; c’était le domaine des concubines, des servantes, des enfants des sultans. Nous admirons le salon du Sultan et la « chambre des fruits » de Murat III où de splendides faïences représentent des fleurs et des fruits aux belles couleurs.

    Par la troisième cour, nous accédons à la salle du trésor où sont exposées les plus extraordinaires collections de bijoux et d’objets précieux de l’empire ottoman. On y découvre notament trois trônes en or massif, le célèbre diamant Pigot de 86 carats, le poignard au manche incrusté de trois énormes émeraudes, objet de la tentative de vol dans le fim « Topkapi ».

    L’or, l’argent, le rubis, le diamant, l’émeraude, le jade, le saphir brillent de mille feux ; la fortune exposée ici est colossale, j’en suis ébloui mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Dans la deuxième salle, sont exposées les vaisselles, armes et décorations d’apparat, il y a ici de quoi payer l’alimentation de la moitié de la planète aujourd’hui affamée et ce, durant plusieurs années.

    Nous accédons également à la salle du Manteau où sont exposées les reliques ramenées d’Egypte par Sélim 1er en 1517 dont l’empreinte du pied du phophète laissée dans le sable au moment de son ascension au ciel ainsi qu’un coffret contenant quelques poils de sa barbe. Il faut environ 6 heures pour visiter correctement ce haut lieu de l’histoire turque ; nous en sortons impressionnés et fourbus.

    Le troisième jour est nuageux et frais ; nous nous rendons à la citerne-basilique, curiosité à ne pas manquer. Il s’agit d’une citerne souterraine construite en 530 par Justinien pour alimenter la ville en eau. Un aqueduc dit de Valens acheminait l’eau de la forêt de Belgrade près de la Mer Noire ; longue de 140 m et large de 70 m, ses coupoles sont supportées par 336 colonnes de marbre dont deux reposent sur des « têtes de Méduse » pillées sur d’autres sites. Un éclairage un peu glauque donne une impression de mystère ; dans l’eau stagnante s’ébattent de belles carpes que l’on aperçoit dans les halos de lumière. Cette citerne alimentait le palais de Topkapi à l’époque ottomane.

     

    La basilique citerne Istanbul

    L’après-midi, nous le passons sur un bâteau pour une petite sortie de deux heures sur le Bosphore. Bien que le soleil soit chaud, l’air frais de la mer est vivifiant au point que les passagers que nous sommes nous rapprochons discrètement de nos voisins pour leur « pomper » un peu de chaleur. Après quelques miles de navigation, c’est une masse compacte et grelottante qui assiste, recroquevillée sur les bancs de bois du navire, au défilé des riches demeures des rives du Bosphore.

     

    Les bateaux du Bosphore Istanbul

    Ainsi du Pont de Galata à la sortie de la Corne d’Or, nous passons sous le Pont du Bosphore en admirant au passage le Palais de Dalmabahaçé, marbre blanc à l’extérieur, feuilles d’or à l’intérieur, habité par Atatürk à une certaine époque et jusqu’à sa mort survenue le 10 novembre 1938.

    Nous voyons défiler un nombre incalculable de mosquées de toutes tailles dont une particulièrement étrange puisque positionnée sur un ilôt au milieu du bras de mer. Puis c’est l’ancien Palais de Ciyagan, aujourd’hui hôtel de luxe, de jolis « Yali », maisons de style ottoman dont certaines ont été restaurées par de riches stambouliotes.

    Nous atteignons le Pont Sultan Mehmet le conquérant bord à bord avec un gros méthanier qui rejoint un port sur la Mer Noire. Après un dernier tour, nous repassons sous le pont qui relie l’Europe à l’Asie et admirons la rive asiatique du Bosphore qui n’est pas aussi riche en palais mais qui compte tout de même de belles maisons et la tour de Léandre sur son petit ilot.

    Transis, nous accostons à l’embarcadère du Bosphore et remontons jusqu’au souterrain qui permet de traverser le grand boulevard Kennedy afin d’atteindre la place Sirkecy pour y prendre un taxi. C’est samedi, il y a une foule incroyable, les taxis se suivent à la queu leu leu. Nous interpelons le premier de la file et lui donnons l’adresse de notre bivouac. Le chauffeur nous explique que, vu le trafic , la course nous coûtera environ 75 YTL (37 €). La veille nous avons fait le voyage inverse pour 40 YTL. Nous refusons . Aussitôt, d’autres chauffeurs de taxis viennent à nous et le marchandage bat son plein ; nous assistons à unebelle engueulade entre chauffeurs !!

    A 45 YTL, tout le monde semble d’accord et on nous dirige vers un véhicule qui n’est pas un taxi jaune mais une voiture particulière. Je demande au chauffeur s’il est bien « taxi » ; pas de problème ! dit-il. Nous sommes donc embarqués et au bout de 45 mn, nous arrivons à destination. J’avais préparé les 45 YTL dont un billet de 20 YTL qui, au cours de l’échange entre le chauffeur et moi, va tomber au sol et se transformer en billet de 5 YTL. Le chauffeur me montre la liasse de billets et me fait comprendre que le compte n’y est pas. Surpris et un peu penaud, je vérifie les billets, puis mes poches, mais pas de trace du billet de 20 YTL. Jo vient à mon secours et fait l’appoint.

    Une fois hors du véhicule et le taxi hors de vue, je comprends que je me suis fait avoir de 15 YTL par un professionnel de l’embrouille qui travaille « au noir » de connivence avec les taxis classiques. Eux, lors des journées de grande affluence, préfèrent multiplier les petites courses plus rémunératrices que les longs parcours qu’ils cèdent à des collègues, amis ou cousins non déclarés, un peu prestidigitateurs et beaucoup arnaqueurs ! Moralité : en Turquie comme ailleurs, il ne faut utiliser que les taxis officiels (jaunes, en principe).

    Enfin, nous consacrons la quatrième journée au grand bazar de renommée mondiale, lieu d’échanges de produits en provenance du monde entier. Les touristes y circulent par milliers, l’argent, par milions. L’or, l’argent et les pierreries brillent de tous leurs feux. Les épices, herbes et onguents embaument ; les cuirs et tapis s’y amoncellent. Cet immense labyrinthe compte plus de 3500 échopes et plus de 20 entrées. Le grand bazar d’Istanbul a plus de 650 ans d’expérience de commerce ; inutile de préciser que les techniques de vente utilisées ici ont longuement été éprouvées et que la meilleure affaire sera toujours réalisée par le commerçant.

    Le spectacle est partout, il faut garder des repères pour ne pas se perdre. Nous revenons le lendemain pour acheter, un peu et dépenser, beaucoup, mais comment venir à Istanbjul sans se laisser prendre au jeu du grand bazar. Ici, c’est la Turquie qu’il ne faut pas manquer lors d’un voyage, même si cela coûte un peu.


    12 avril 2010


    Nous quittons notre parc à camions de Yenibosna après avoir pris congé de Umit et de son équipe sympa. Un petit lavage pour Totor et nous reprenons l’autoroute E80 laissant derrière nous Istanbul, la ville d’Ylmaz de Tasucu dont les yeux brillent quand il prononce son nom.

     

    Le camping de Selimpasa

    Nous ne roulons pas longtemps pour atteindre Poyraz Ciftligi à Selimpasa, petit camping tout de verdure qui possède une machine à laver dont rêvait depuis longtemps ma Jo. A peine descendue du camion, elle investit la laverie ; parfois je me demande si elle n’a pas un peu de sang portugais dans les veines.

    14 avril 2010

     

    On lève le camp vers midi ; Ismet, qui ne connaît pas deux mots d’anglais, nous sert l’addition après l’avoir recomptée trois fois, ponctuée de OK ! et de YES ! Le temps est frais et gris et par la D100 nous nous dirigeons vers Edirne, distante de 160 km où il y a un camping « Fifi Touristik Camping » qui est notre dernière étape en Turquie. Nous reprenons grosso-modo le même itinéraire que pour le voyage aller et nous en profitons pour visiter les villes que nous avions négligées.  

    Nous expérimentons une nouvelle technique pour faire du sport. Jo me dépose sur la route et m’attend 10 kms plus loin, puis à mon tour de l’attendre 10 kms plus loin. En marchant d’un bon pas, l’exercice est efficace et agréable.

    Arrivés à Edirne, il n’y a pas de Fifi touristik camping, mais un autre Omur Camping à l’entrée de la ville ; il fera très bien l’affaire. Mathilde m’a téléphoné pour m’annoncer un petit incident, elle a cabossé sa voiture, elle pense que je vais ne plus l’aimer pour ça ; moi, je pense que c’est la compagnie d’assurances qui ne va plus l’aimer mais ça, on s’en fout !

    15 avril 2010

     

    Départ du camping d’Edirne vers 11 h 00 ; ce camping pourait être pas mal si les installations étaient entretenues. L’eau des douches est froide. Il y a une piscine de 25 m vide à cette époque de l’année pais la résidence de la propriétaire est plutôt pas mal et en cours de finition. Sûr, tout ne peut être fait en même temps. Nous étions trois camping-cars dont un  couple de hollandais en route pour la Jordanie.  

    Nous quittons la Turquie au poste frontière de Svilengrad où tout se passe sans problème.

     

    Conclusion :

     

    La Turquie est un pays magnifique du moins ce que nous en avons visité. Son climat est doux et chaud au bord de la Méditerranée et ses paysages admirables. La vie est deux fois moins chère qu’en France sauf pour le gasoil qui est au même prix. Les Turcs sont gais, serviables naturellement, n’attendent rien en retour de leur gentillesse. Ce sont les rois de la débrouille, il n’y a « jamais de problème » pour eux .

    La  Turquie est un pays jeun e qui bouge beaucoup, le commerce et les services, exemplaires ; l’Europe aurait beaucoup à apprendre  à leur contact. L’Islam y est très présent mais pas « dominateur » comme au Maghreb. Si le gouvernement turc est très demandeur pour son accession à la CEE, pas le peuple, qui est conscient du prix à payer pour le passage à l’euro. Ici l’argent passe d’une poche dans un autre au nez et à la barbe du fisc, le chèque et  lacarte bancaire, très peu usités sauf dans les villes touristiques.

    La circulation est anarchique mais ici, pas de problème d’alcool, donc les accidents n’y sont pas très graves pour ce qu’on en a vu. Le coût des carburants dissuade bon nombre de turcs à utiliser les voitures ce qui contribue également à limiter les accidents de la route. Les transports en commun sont beaucoup plus dév eloppés qu’en France et pas chers.

    La Turquie n’est peut être pas un paradis idyllique mais c’est une grande nation qui n’a rien à envier à bien des pays européens et qui mérite qu’on lui rende visite surtout en camping-car même si c’est loin de la France. Elle vaut le détour et sait recevoir.


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