• ARRIVEE AU MAROC

     
     
    ceuta - la douane marocaine
    La douane marocaine

    ARRIVEE AU MAROC

     6 janvier 2009 :

    Nous sommes réveillés de bonne heure car nous devons être au port à sept heures afin d'embarquer à huit. Nous faisons le trajet Palmones Algésiras le port en quinze minutes et nous sommes en fin de file d'attente dans la travée d'embarquement. Nous déposons nos billets et nos passeports à la gare et recevons nos fiches d'embarquement. L'équipage du bâteau nous guide dans les manoeuvres d'approche et Totor est positionné et bloqué par des taquets dans la soute du "Millénium Dos". Nous suivons les voyageurs dans les escaliers et nous nous installons dans les sièges confortables, derrière les vitres et face à la mer. A huit heures les moteur tournent au ralenti et nous quittons le port au jour naissant. Trente cinq minutes plus tard nous entrons au port de Ceuta, enclave ibérique sur le continent africain.

    Le débarquement se fait en quelques minutes et nous passons la douane espagnole sans même ralentir l'allure. Nous arrivons à la douane mrocaine et sommes bloqués dans la file d'attente des campings car. Jo, ayant bien appris la leçon des démarches administratives d'entrée en territoire marocain, se lance dans les bungalows douaniers et policiers munie de ses fiches vertes en trois exemplaires, blanches en double, pièces d'identité, etc... Elle revient radieuse  avec ses pièces tamponnées en moins d'une demi-heure en expliquant que nous sommes en règle et pouvons partir. Sauf que nous sommes au Maroc et en queue du peloton des campings car et il faut attendre que ceux qui sont devant aient réglé leur problème et libèrent le passage. Nous attendrons ainsi une bonne heure avant de nous faufiler jusqu'à la barrière déplacée au gré des exigences des douaniers marocains. Nous passerons en louvoyant dans le flot des véhicules de toute nature et enfin nous sommes en terre d'Afrique. Nous nous dirigeons vers la côte est, côté méditerranée, pour atteindre Martil où nous passerons notre première nuit sur le camping "Al Boustane".

    Ici, l'eau des intempéries des jours précédents coule partout, surtout sur la route en absence de réseau d'évacuation. Des hommes avec pelle et pioche tentent de créer des fossés afin d'y diriger le flot boueux mais ces moyens dérisoires n'ont aucun effet d'autant que la circulation est intense, interdisant pratiquement ce travail, de toute manière inutile.

    Première constatations, les marocains roulent à fond sans aucun regard sur la signalisation et sans égard pour les policiers impuissants à réguler le flot des camions surchargés et des véhicules pourris qui entrent et sortent de la zone franche pour le commerce des produits détaxés. Sans surprise d'ailleurs, un accident de la route impliquant plusieurs véhicules, provoque un bouchon conséquent. Policiers et badeaux palabrent autour des ferrailles fumantes, pour le bouchon "Inch Allah".

    Ce qui frappe également, c'est le nombre important de taxis verts et jaunes, exclusivement "Mercedes" des années quatre vingts plus décatis les uns que les autres, roulant en trombe, surchargés, dans les rues. Beaucoup sont également en panne sur le bord de la route attendant, capot levé, une intervention divine. Les transports en commun pratiquement inexistants sont remplacés par les taxis, on y monte jusqu'à sept personnes avec le chauffeur, diminuant ainsi le prix de la course.

    Le Maroc est le royaume de "Mercedes" pour la voiture et l'utilitaire, aussi sommes nous bien intégrés dans le paysage local avec notre camion.

    Le camping "Al Boustane" est à l'image du Maroc. Les douches par exemple : un chauffe-eau rouillé pendouille de travers au mur, une bouteille de gaz sans âge alimente celui-ci par un tuyau en caoutchouc, deux robinets dont un sans volant sont supportés par les tuyaux tordus, un autre tuyau recourbé fait office de douchette. L'eau tiède n'y est disponible qu'épisodiquement, chaque fois que le chauffe-eau encrassé voudra bien s'allumer.

    Les toilettes : à la turque, pas de chasse d'eau, mais un robinet positionné au mur à l'avant et un petit seau en plastique à la disposition de l'utilisateur. Notre logique européenne aurait voulu que le robinet soit positionné au mur arrière rendant l'usage du seau inutile.

    Après notre installation, nous sommes allés diner au restaurant du camping. L'accueil y est chaleureux, le "tajine au poisson" une merveille, Jo a beaucoup aimé.

    Le chant des "Muezzins" appelant à la prière retentit, porté par les haut-parleurs du sommet des minarets des mosquées vers les quartiers de la ville. J'ai encore dans la tête cette mélopée qui, lorsque j'étais petit garçon, à Souk-El-Arba, m'effayait un peu le matin à l'aube et le soir à la tombée du jour.

     

    MARTIL

    7, 8 janvier 2009 :

    C'est le muezzin local qui nous réveille ce matin. La douche froide à "Al Boustane" est vite expédiée, Jo préfère celle du camion, je la comprends. Après le petit déjeuner, nous nous rendons chez un médecin en ville car Jo a un petit problème de pied. Un policier très avenant nous indique le chemin qui  mène chez le Docteur Mohamed Laroussi. Un petit passage en salle d'attente et Jo est prise en charge par le médecin qui lui rédige une ordonnance. Un détour par la pharmacie locale, il y en a à tous les coins de rue, et nous entamons la visite de Martil.

    Nous sommes régulièrement interpelés et salués par les gens qui toujours nous souhaitent la bienvenue au Maroc, les enfants traversent la rue pour nous dire : "Bonjour Monsieur, Bonjour Madame !" chacun veut savoir d'où l'on vient. Un homme en voiture s'arrête à notre hauteur et nous souhaite la bienvenue. Quelle chaleur et quelle gentillesse, nous sommes touchés par cet accueil.  Nous faisons sensation avec notre appareil photo, des filles voilées nous invitent à les photographier ce que nous faisons avec bonheur.

    Le bord de mer est destiné aux touristes et les trottoirs en réparation seront, je le suppose, terminés pour la période estivale. Mais derrière cette façade, c'est un autre monde, celui de tous les jours pour les marocains, chemins de terre boueuse, détritus, pauvres "gourbis". Nous arrivons dans le souk et pataugeons dans un infâme cloaque, un invraisemblable va-et-vient y règne mais toujours dans la bonne humeur malgré les conditions dues aux intempéries. Chacun essaie de se frayer un passage parmi ce méli-mélo de charrettes à bras croulant sous la charge, de vélos délabrés, de chars à roues voilées chargés jusqu'au ciel tirés par une mule ou un "bourricot" efflanqué, de mobylettes pétaradantes lancées dans un gymkhana au milieu des burnous et djellabas en déroute.

    A droite et à gauche, des étals de fruits et légumes, de poissons triturés, soupesés, malaxés par une multitude de mains. De pâtisseries rebondies, avachies et dégoulinantes de miel. De la vaisselle ébréchée sans style et sans âge, des ustensiles de récupération, des chaussettes et chaussures d'occasion, des gamelles, des bassines, des bidons, des poules et des coqs aux pattes liées, des collines d'épices odorantes et colorées, des fruits séchés, des pièces détachées de bicyclettes, des pneus usagés, des vêtements aux vies et style multiple. Des cigarettes et des mouchoirs en papier vendus à l'unité. Chaque ruelle nous emmène vers un autre univers de petits commerces et d'artisanat mille fois décrits, mille fois peints, par des poêtes et artistes inspirés mais ce qui n'est pas descriptible, c'est le mélange d'odeurs les plus douces et les plus suaves mais aussi les plus aigres et les plus insupportables. Et ce brouhaha, ces cris, ces chants, ces musiques, ces pétarades qui vous mettent la tête à l'envers. Le souk c'est la cour des miracles, c'est la vie fourmillante, c'est le Maghreb dans sa beauté et sa grandeur.

    En revenant par la plage, nous assistons à un mode de pêche particulier. Un petit canot gonflable, chargé de filets et de cordages est emporté au loin par un rameur qui se battra longtemps contre les vagues qui, inlassablement, cherchent à le pousser à la côte. Un second équipier, assis à califourchon sur le tas de filets attend le moment propice pour passer les mailles par dessus- bord. Sur la plage, deux équipes de trois personnes espacées d'une centaine de mètres, tiennent l'extrémité d'un cordage relié aux extrémités du filet sur la barcasse. A bonne distance de la côte, le rameur prend une course parallèle à celle-ci et son équipier déroule le filet. Celui-ci déployé, le canot revient sur la plage et les équipes commencent à tirer sur les cordages et progressivemet ramènent le filet. Aujourd'hui, pas de pêche miraleuse, beaucoup de détritus dans les mailles et quelques minuscules poissons. Travail ingrat dont vivote une dizaine de personnes par équipe. Nous rentrons au camping dans la fraîcheur du soir.

    Il pleut sur Martil comme il pleut dans mon coeur et les sanglots longs des muezzins  nous tirent du lit. Il pleut également dans notre camion. Après étude rapide du problème, il s'avère que la climatisation est en cause. Résultat probable du "coup de fil" reçu à Dax au mois de novembre. Je ne peux rien faire que démonter le capot inférieur et constater que l'eau entre au niveau du joint d'étanchéité. Nous consultons notre documentation et apprenons qu'il n'y a que deux réparateurs de camping-cars au Maroc, un à Marrakech et l'autre à Agadir. Nous prenons contact avec André Lechat à Marrakech qui nous encourage à venir le voir, il a plusieurs solutions et des places disponibles sur son site "Manzil La Tortue" pour nous recevoir. C'est ce que nous ferons et décidons donc de partir dès demain. En attendant, nous irons à Martil pour trouver un cyber-café et consulter notre messagerie, nous reviendrons au camp vers 16 heures et dinerons au restaurant d'"Al Boustane". Un nouveau convoi de camping-cars est arrivé de Ceuta par le bâteau de 8 heures et occupe une grande partie des lieux, ce sont des anglais en "voyage organisé". L'installation électrique du camping  ne supporte pas la charge et s'effondre lamentablement. Jo est scandalisée par l'attitude peu ortodoxe d'un camping-cariste indigne de ce nom, british de surcroît, qui laisse sa vanne d'eaux grises ouverte sur l'emplacement voisin.

     

    SOUK-EL-ARBA-DU-RHARB

    9 janvier 2009 :

    Comme prévu, nous quittons Martil pour Marrakech sous un beau soleil. L'itinéraire choisi nous fera passer près de Souk-el-Arba-du-Rharb, village que la famille a habité pendant deux ans en 1955 et 1956. J'y avais prévu une visite spéciale, pas forcément maintenant mais puisque l'occasion se présente, pas d'hésitation. J'ai des souvenirs très précis de cette période très heureuse de ma jeunesse et des images intactes dans ma tête. Mon père, gendarme, ma mère, belle dans sa trentaine, le bâtiment et ses six logements avec les cheminées sur lesquelles nichaient les cigognes, la cour, le puits où nous nous réfugions ma petite voisine Monique dont j'étais amoureux et moi-même, les jardins, les orangers, la chaleur, la petite école que nous fréquentions ma soeur, mes frères et moi, la poste à côté puis la grande place du souk, le petit hôpital où travaillait notre tante "Poupe" si gentille. Ce retour sur le passé me fait un peu peur après cinquante ans.

    Par Tetouan, Larache, Ksar-el-Kébir, nous traversons les rizières inondées et plusieurs fois l'oued Loukos ; près d'Arbaoua nous passons près de la réserve de chasse et sur un pont quasiment en ruines. Des chiens se repaissent comme des chacals d'une carcasse de vache crevée sur le côté de la route. Les carioles tirées par des petits chevaux arabes très nerveux circulent dans tous les sens. Cette partie du Rharb est très marécageuse du fait des débordements fréquents du Sebou, le plus grand fleuve marocain. Celui-ci prenant sa source dans le Rif se jette dans l'océan à Kenitra. Cette région a fait, du temps du protectorat français, l'objet d'énormes travaux de drainage et est aujourd'hui le grenier à riz du Maroc. Des oiseaux de toutes sortes, dont les cigognes, y trouvent le gîte et le couvert. Nous arrivons à Souk-El en fin d'après midi dans une cohue indescriptible. Je sais que nous habitions sur la route de Meknès mais il me faut l'aide de la police urbaine pour me diriger. Le policier très sympa à qui j'explique mon but me dit que la gendarmerie, dont une partie est ancienne, est toujours existante à côté de la poste et m'indique le chemin. Le coeur battant je reviens vers Jo qui, malgré les arcanes de la route, m'emmène à destination. Le bâtiment est là, sous mes yeux, comme en 1956 mais dans un état de décrépitude avancé. Une rangée de pins a poussé entre le bâtiment et la route, un mur d'enceinte a été construit à la place de la barrière d'origine. Les cheminées sont toujours là mais les fenêtres battent au vent et les pigeons ont remplacé les cigognes. Deux gendarmes royaux montent la garde au portail d'entrée, un petit bâtiment a été construit à la droite de celui-ci. Je me présente à la garde, explique mon histoire et demande l'autorisation de visiter les lieux. Très gentils, les gendarmes me demandent de patienter et l'un d'eux disparaît.

    Pendant ce temps, je regarde par l'ouverture du portail l'intérieur de la cour et j'aperçois une partie du bâtiment du fond qui abritait les bureaux de la gendarmerie et la prison. J'explique au gendarme éberlué que j'ai fait dans ces lieux un séjour derrière les barreaux. En effet, après une bêtise quelconque, mon papa, excédé, m'a enfermé une heure durant dans le cellule faisant office de prison. Le jeune gendarme, riant aux éclats, m'a assuré que je n'avais rien d'un délinquant. Il m'a dit que le puits n'existait plus (mortes mes premières amours) que les jardins et l'enclos arrière existaient toujours. Une sonnerie retentit, mon interlocuteur répond au téléphone et m'annonce en s'excusant que le responsable n'étant pas là, ils ne peuvent me donner l'autorisation de visite souhaitée. Déçu, je demande l'autorisation de prendre le bâtiment en photo. Ils sont d'accord mais demandent de ne pas figurer sur la photo. Je m'engage à leur montrer celle-ci dès que terminée mais m'assurent me faire confiance.

    Nous rejoignons le restaurant juste en face, commandons un repas et de cet emplacement je fais la prise de vue. Puis je repère les fenêtres de notre ancien appartement, très ému, j'appelle ma maman en France et lui demande si elle a une idée de l'endroit où je me trouve. Après cette partie de devinette, je le lui explique. Je la sens émue elle aussi, elle n'est jamais revenue ici et nous échangeons quelques souvenirs avant de raccrocher. Maman a 88 ans.

    Nous sommes en train de diner quand un gendarme et un civil se présentent très poliment à notre table. C'est le lieutenant responsable de la caserne. Il me demande si j'ai pris des photos du bâtiment en face. Je lui réponds par l'affirmative et celui-ci me demande de détruire les photos car il est interdit de filmer un établissement militaire sous peine de confisquation de l'appareil. La mort dans l'âme je m'exécute et il vérifie par lui-même mon action.

    Nous irons ensuite à la poste, puis à l'école qui maintenant est un lycée de 2000 élèves. Nous sommes assaillis par une trentaine de jeunes qui nous souhaitent la bienvenue au Maroc, nous posent des questions, nous demandent notre avis sur la guerre  israelo-palestinienne, sujet sensible que nous évitons. Ils veulent nos numéros de téléphone, nos adresses mail. Nous expliquons que nous recherchons l'hôpital, deux garçons nous entraînent à travers les rues pour nous conduire. Mohamed et Yacine sont deux braves gosses qui nous disent aimer la France et rêvent de s'y rendre ou en Espagne après leur bac. Devant l'hôpital, je ne reconnais rien et pour cause ce n'est pas le bon. Une dame sortant des lieux nous demande la raison de notre présence ici, elle est infirmière et après explications nous dit qu'une ancienne dépendance de cet hôpital, mais quelques rues plus loin, serait bien le bâtiment recherché. Nos jeunes amis se font un plaisir de nous guider et nous trouvons les lieux. Bien qu'en piteux état, je reconnais immédiatement ce petit établissement où travaillait ma tante. C'est aujourd'hui un squat en fin de vie.

    Nous retournons à notre camion pour rechercher un endroit sécurisé afin d'y passer la nuit. Un passage par la gendarmerie et on nous recommande de nous mettre en relation avec la protection civile juste à côté. Nous rencontrons trois pompiers qui très gentiment nous indiquent le parking en face et nous mettent sous la protection d'un gardien. Il se nomme Daoudi, moyennant quelques dirhams il passera la nuit sur place et veillera personnellement à notre sécurité. Nou sympatisons et prendrons la photo de famille qui fait tant plaisir aux marocains. Nous nous engageons à leur faire parvenir un exemplaire et nous nous saluons chaleureusement avant d'aller dormir.

     

    MARRAKECH

    10, 11, 12 janvier 2009 :

    Au petit matin, Daoudi nous réveille, je remercie notre gardien qui a six enfants et nous reprenons la route en traversant Souk-El qui à l'époque nous y habitions devait compter 2000 habitants environ. Aujourd'hui c'est une ville de 20 ou 30 000 personnes. Nous repasserons par ici en revenant. Je tenterai une nouvelle fois ma chance et, qui sait ?

    Salam Souk el !

    Nous roulons sous un beau soleil en direction de Kenitra par la route nationale, nous traversons des rizières où des paysans, sur des charrettes boueuses et des chevaux crottés, s'activent autour de leur lopin de marigot. Des bergers accroupis gardent leur maigre cheptel au bord de la route et nous saluent au passage. Une voiture est arrêtée sur le bas côté, son chauffeur est en prière sur son tapis. Nous sommes souvent dépassés par des camions surchargés roulant à fond au mépris des bandes blanches qui n'ont ici aucune signification. La route nationale nous fait traverser Kenitra. Je comprends vite que c'est une erreur. Dans les fondrières de la ville et une circulation anarchique nous nous frayons un passage laborieux au milieu des charrettes, vélos, triporteurs, camions, bus, voitures, moutons, piétons, motos, ânes dans un concert d'avertisseurs.

    La police a renoncé depuis longtemps devant cet enchevêtrement inextricable et se contente de regarder le spectacle. Bien entendu la signalisation est absente et nous sommes vite perdus. Une voiture Mercedes noire immatriculée à Paris essaie depuis un moment d'attirer notre attention et nous oblige à nous arrêter. Le monsieur se présente Mohamed Ben..... Il est de la gendarmerie royale et fait partie du groupe d'intervention rapide. Il voit que nous sommes perdus et nous propose son aide. Il nous dit avoir fait partie de la protection rapprochée de Jacques Chirac et de Omar Bongo, surtout de sa femme et effectue régulièrement des déplacements à l'étranger pour le compte de son employeur dont il assure la sécurité et nous montre au passage une paire de menottes. Pour nous prouver sa bonne foi, il nous montre ses cartes professionnelles aux couleurs du Maroc et de la France ainsi qu'un document d'accréditation du ministère de l'intérieur français. Il souhaite nous inviter à passer quelques jours de vacances dans sa maison de Kenitra dont il  nous remettra les clés et mettra sa seconde voiture, la même que celle-ci à notre disposition.

    Il a quatre enfants et son garçon de 19 ans nous guidera dans nos visites de la région. Il habite une résidence dans un quartier sécurisé qu'il nous montrera au passage. Il nous communique trois numéros de téléphone pour le joindre et déclare faire cette démarche pour faire du bien autour de lui, Dieu lui ayant fait du bien dans sa vie, il se sent redevable envers lui. Nous lui expliquons que nous avons un rendez-vous à Marrakech pour une réparation sur notre véhicule et que nous somme attendus. Jo et moi le sentons sincère mais les français que nous sommes, ne sont pas habitués à ce type de comportement. Au retour nous repasserons par Kenitra et l'appellerons pour le revoir. Il nous indique la route et nous nous quittons à regret.

    Nous retrouvons notre chemin et par l'autoroute cette fois, passerons Rabat puis Casablanca avant de piquer au sud vers Marrakech. Les palmeraies nous annoncent la ville et les pics enneigés du haut Atlas se profilent à l'horizon dont le Toubkal qui culmine à plus de 4000 mètres. Le terre-plein central des autoroutes du Maroc est occupé par des femmes qui y cueillent de l'herbe pour leurs moutons. Des troupeaux de moutons ou de vaches entravées paissent sur le bas-côté et les bergers assurent la  garde depuis la bande d'arrêt d'urgence. La police circule en moto à contresens sur la bande d'arrêt d'urgence et régulièrement des gens traversent l'autoroute sans se presser, ici on prend son temps. Nous prenons la route de Ouarzazate où, au kilomètre 12, se trouve l'aire de camping-car de "Manzil la Tortue" but de notre voyage. Nous prenons contact avec notre interlocuteur qui viendra nous réceptionner à une station essence car il faut faire trois kilomètres de piste et traverser deux douars de nuit avant d'arriver à bon port. Une règle d'or au Maroc, ne jamais rouler de nuit car la plupart des deux roues ne sont pas éclairés, les routes non plus. André Lechat, propriétaire des lieux, nous accueille chaleureusement et nous installe pour la nuit.

    Au matin le traditionnel réveil arabe sonne. Le muezzin est à l'heure pour la prière. Il pleut. Nous faisons le tour des lieux et découvrons un site peu banal. En effet, au centre de cet espace d'un hectare trônent deux tentes caïdales berbères qui abritent la famille Lechat, les parents dans l'une et leurs trois enfants adoptifs dans l'autre. Une troisième plus imposante est la salle de réception et de restauration "la tente des Nomades". André et sa femme Pascale nous présentent leur ambitieux projet en cours de réalisation, tourné vers l'accueil des camping-caristes et des 4 x 4 de raid. Une piscine est en cours de finition ainsi qu'un hammam. Ils ont subit des dégâts lors d'inondations récentes et essaient de rattaper le retard engendré. Lui, belge, ancien chef d'entreprise et sa femme franc-comtoise, juge de proximité en exercice, ont décidé de changer de vie et de monter ce projet en commun.

    Nous avons soupé en leur compagnie et fait plus amples connaissances. Nous regarderons notre problème de climatisation demain.

    Au réveil, le temps est ensoleillé, André s'occupe de notre problème d'étanchéité et nous en profitons pour nous rendre à Marrakech et visitons la ville. Nous débarquons dans un embrouillamini de véhicules, de piétons, d'animaux et essayons de nous diriger dans les rues aidés de notre plan. Nous atteignons le jardin "Majorelle" du nom de son créateur nancéien, peintre de son état et ancienne propriété d'Yves Saint-Laurent. Nous nous promenons dans des allées dallées, bordées de cactus, de bambous géants, de cocotiers et de 400 variétés de palmiers. Des bassins et des fontaines où le bleu domine, donnent une sensation de calme, de paix et de fraîcheur, propice au repos et à la méditation.

    Ensuite, nous découvrons la célèbre "Koutobia" mosquée du 12ème siècle au minaret culminant à 70 mètres. Les quatre boules de cuivre couronnant le lanterneau seraient en or pur fabriqués avec les bijoux de l'épouse du sultan Yacoub el Mansour qui les aurait offerts pour se repentir d'avoir transgressé le ramadan en avalant trois grains de raisin. Nous traversons les jardins de la Koutoubia pour atteindre le "cyber parc" offert par Sa Majesté Mohamed VI à la ville de Marrakech. Nous en profiterons pour y consulter notre messagerie.

    Nous débouchons sur la fameuse place "Jemaa-el-Fna", véritable cour des miracles et piège à touristes. Le spectacle y est garanti et à chaque pas nous sommes harcelés par des artistes en tous genres et autres vendeurs à la sauvette ou guides professionnels qui nous entraînent au souk pour visiter gratuitement les échoppes et étals de marchands, tous plus habiles les uns que les autres à vous vider les poches de votre dernier dirham. Nous avons ainsi été entraînés tout au fond de la médina pour une visite gratuite du quartier des tanneurs. Remis entre les mains du technicien spécialiste du traitement des peaux par notre guide, moyennant une petite pièce, celui-ci nous accueille avec un grand sourire. Il nous offre un bouquet de menthe à tenir sous le nez pour masquer l'odeur pestilentielle qui flotte dans l'air, c'est le masque à gaz berbère.

    Nous expliquant les divers traitements des diverses peaux et de bacs de chaux en bacs de teinture, nous entraîne à l'atelier de finition moyennant une somme modique. Remis aux mains du spécialiste de la fabrication qui nous offre un verre de thé à la menthe de bienvenue, nous écoutons attentivement le mode opératoire pour la fabrication des poufs en peau de mouton, des vêtements en peau de vache et des sacs en peau de dromadaire. Nous franchissons la petite porte qui conduit à la fabrication des tapis, on nous fait asseoir confortablement et le spécialiste des tapis étale sous notre nez des tapis berbères, puis des marocains en poils de chèvres, de moutons ou de chameaux faits à la main par les femmes des montagnes. Moyennant la modique somme de 1500 dirhams que vous pouvez régler avec votre carte bleue (mais les espèces c'est mieux et plus avantageux car vous ne paierez pas de commission de change) vous repartez avec un tapis du quartier des tanneurs.

    Ces expériences sont salutaires car une fois compris le mode opératoire, vous ne vous ferez plus jamais prendre....jusqu'à la prochaine fois au quartier des tailleurs. Mais le plus difficile reste à faire, sortir de ce labyrinthe et retrouver la place Jemaa el Fna.

    Mes pensées vont, aujourd'hui à mes adorables neveux et nièces:

    Fabrice,Angélique, Lylou

    Aurélie,Vianney, et leur futur bébé

    Bastien

    Olivier,Lydie,Sarah,Rodolphe

    David,Anne Laure,Mathias

    Carole,Théo

    Emilie,Konrad

    Guillaume

    Cécile

    Mélanie,David,Eliah

    Caroline

    Jordan

    Anne Gaëlle

    Amandine

    Damien

    Julien

    Marion

    Pierre

    Margaux

    Valentin

    Antoine

    Jules

     

     


  • Commentaires

    1
    Julien, Amandine et
    Mercredi 21 Janvier 2009 à 12:09
    M? pas une tite pens?pour nous ????????
    2
    riri_de_mroux
    Jeudi 22 Janvier 2009 à 21:36
    Bisous ?ous. Merci pour cette lecture.
    3
    Mathilde, Onur
    Mardi 3 Février 2009 à 10:46
    Et nous alors?? Il y a du favoritisme... Mais bon je t'aime quand m?!
    4
    la marocaine
    Mardi 31 Mars 2009 à 18:27
    ce genre de récit me donne envie de vomir et je me demande ce que vous autres venez faire au maroc.
    La visite d'un pays inclue ses coutumes;Tout ne peut pas être à la française!!
    En tous les cas, je vous voit tous en camping car sur les plages et faire vos courses au moindre coût.Pour l'instant ce n'est pas trop mal pour les retraités français mais ils ne font pas vraiment tourner l'économie marocaine mais leurs économies!!
    5
    libertypat
    Mercredi 1er Avril 2009 à 21:55
    Ch? Marocaine!
    D?l?e te donner la naus?mais je ne fais que transmettre des images ou des morceaux de vie du Maroc que j'ai visit?t que j´aime de tout mon coeur.Si tu n'y trouves pas ton compte ce n'est pas grave, je ne cherche pas a plaire ?ous les marocains. Si je ne fais pas tourner l´?nomie de votre pays, M6 ne semble pas de ton avis puisqu ?veut faire passer de trois ?ept millions d? ?010 le nombre de touristes (dont je fais partie) au Maroc. Cherche un blog qui te caresse dans le sens du poil tu dois trouver. Sans rancune|
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